Huîtres : un geste simple pour limiter l’ingestion de microplastiques
À la veille du réveillon de Noël, les huîtres s’invitent sur des millions de tables françaises. Pourtant, derrière leur image de produit brut et naturel, plusieurs études scientifiques alertent sur une contamination invisible par des microplastiques.

Un geste simple, souvent négligé, permet néanmoins de réduire significativement l’exposition, tout en continuant à savourer ce mets emblématique des fêtes.
Huîtres et microplastiques : ce que révèle la science sur la contamination
En France, plus de 100.000 tonnes d’huîtres sont habituellement consommées à la Noël. Toutefois, depuis plusieurs années, la recherche scientifique s’intéresse de près à la contamination des huîtres par des microplastiques présents dans l’eau de mer. Il faut savoir que les huîtres sont des mollusques filtreurs, ce qui signifie qu’elles filtrent quotidiennement plusieurs dizaines de litres d’eau pour se nourrir. Or, cette caractéristique les expose directement aux particules présentes dans leur environnement. Selon une étude scientifique publiée en 2021 dans Environmental Pollution, toutes les huîtres analysées dans deux baies de Baja California, au Mexique, contenaient des microplastiques, sans exception, quelle que soit la saison d’élevage.
Ainsi, même lorsque les zones de production sont relativement éloignées de fortes pressions humaines, la contamination demeure systématique. Les auteurs expliquent que les microplastiques présents dans l’eau sont ingérés passivement par les huîtres au cours du processus de filtration. De plus, cette pollution concerne aussi bien les huîtres consommées crues que celles issues d’élevages contrôlés. Les chercheurs rappellent également que la majorité des particules identifiées ne sont pas des fragments rigides, mais des fibres. En effet, 93,3 % des microplastiques détectés étaient des microfibres, ce qui oriente directement vers une origine textile. Ces fibres proviennent notamment de polyester, mais aussi de matériaux dérivés du coton et de la cellulose, utilisés massivement dans l’industrie vestimentaire. Selon les auteurs, ces fibres se retrouvent dans l’eau de mer principalement à cause du lavage des vêtements et de la dégradation des textiles, qui libèrent des milliers de microfibres à chaque cycle. Une fois rejetées dans l’environnement, ces fibres peuvent parcourir de longues distances avant d’être filtrées par les huîtres, renforçant ainsi la contamination.
Par ailleurs, l’étude montre une forte variation saisonnière. Les concentrations de microplastiques dans les huîtres étaient plus élevées en hiver qu’en été. Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses, notamment une dilution moindre des particules en période hivernale et une modification des courants côtiers. Toutefois, les scientifiques précisent que les concentrations mesurées dans cette étude restaient relativement faibles comparées à d’autres régions du monde. Ils concluent que, sur la base de leurs résultats, la consommation d’huîtres ne constitue pas, à elle seule, une source majeure d’exposition humaine aux microplastiques.
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Vider les huîtres, un geste clé pour manger plus sainement à Noël
Si la contamination des huîtres par des microplastiques est désormais bien documentée, un geste simple permet néanmoins de réduire l’exposition. Une partie importante des microplastiques se concentre dans le liquide intervalvaire, c’est-à-dire l’eau contenue dans la coquille au moment de l’ouverture. Cette eau, souvent perçue comme garante de fraîcheur, est en réalité un vecteur de particules indésirables. Ainsi, vider l’eau de l’huître avant consommation permet de réduire jusqu’à 30 % l’ingestion de microplastiques. Ce geste ne supprime pas totalement la contamination, mais il diminue significativement la quantité de fibres issues du polyester, du coton ou de la cellulose avalées lors du repas.
Cette pratique n’altère pas les qualités nutritionnelles des huîtres. Au contraire, elle permet de conserver les apports essentiels en zinc, en iode et en protéines, tout en limitant l’exposition aux contaminants présents dans l’eau. À la Noël, où la répétition des repas riches est fréquente, ce réflexe simple prend tout son sens.
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