Une campagne inédite pour réduire le gaspillage alimentaire en Chine

Le tri et la réutilisation des déchets sont un véritable défi, que de nombreuses villes chinoises, au travers de politiques volontaristes et innovantes, tentent de relever.

Rédigé par Émilia Capitaine, le 9 Sep 2017, à 14 h 04 min
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Chaque année, la Chine génère 17 à 18 millions de tonnes de déchets alimentaires. Mais de nouvelles politiques urbaines, récemment impulsées dans 46 villes, pourraient changer la donne.

Le gaspillage alimentaire : un défi en Chine

Lancée à Pékin en 2013, la campagne « Vide ton assiette » encourage les consommateurs chinois à lutter contre le gaspillage alimentaire lors de leurs repas. À partir de posts de blog sur Weibo (l’équivalent chinois de Twitter), cette campagne a rapidement touché l’ensemble du pays et attiré le soutien du gouvernement central, qui a ensuite mis en oeuvre un ensemble de mesures encourageant les restaurants à réduire leurs portions. Néanmoins, le volume du gaspillage alimentaire en Chine reste énorme.

gaspillage alimentaire chine

Les portions en Chine sont souvent très copieuses ©Salvador Aznar

De 2013 à 2015, la Chine a généré 17 à 18 millions de tonnes de déchets alimentaires chaque année, ce qui aurait pu nourrir 30 à 50 millions de personnes. Non seulement des ressources naturelles sont gaspillées (eau potable, terres arables, énergie), mais l’environnement urbain est dégradé. Quand ils sont indûment jetés, les déchets alimentaires peuvent polluer l’eau, abîmer les sols et augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Mais quand ils sont correctement triés et valorisés, les déchets alimentaires peuvent servir à produire des biocarburants, des produits chimiques, de la nourriture pour animaux et du compost.

Le tri : une solution pour la valorisation des déchets alimentaires

Comme dans beaucoup d’autres pays, la valorisation des déchets alimentaires est une pratique encore peu répandue en Chine. Les restes alimentaires dont se débarrassent les restaurants sont mélangés à d’autres types d’ordures, compressés dans des usines de traitement, puis transportés dans des décharges ou des incinérateurs. Les restes alimentaires représentent 50 à 70 % des déchets solides municipaux. Certaines grandes villes de Chine, telles que Changsha et Zhenjiang, ont construit des digesteurs anaérobies dans les stations locales de traitement des eaux usées pour produire du biocarburant et de l’engrais à partir des déchets. Néanmoins, ces usines produisent à perte si les restes alimentaires ne sont pas collectés séparément à la source. Plus les déchets alimentaires sont séparés tôt des autres déchets, plus il est facile de produire du biocarburant via des digesteurs anaérobies.

Cela fait 20 ans que le gouvernement chinois encourage le tri des déchets dans les villes, sans grand succès, en ciblant d’abord huit villes pilote puis en déployant une politique nationale visant à rationaliser la chaîne des déchets, en encourageant les particuliers et les institutions publiques à trier les déchets avant de les jeter à la poubelle.

Pourquoi le tri des déchets est-il si compliqué en Chine ?

Dans les villes de la côte Est chinoise, les systèmes de tri et de valorisation des déchets sont plus développés que dans les zones continentales, en raison de politiques volontaristes et de plans d’investissement, à la fois dans les infrastructures et dans l’éducation du public. À cela s’ajoute une supervision exercée par les communautés et les organisations non gouvernementales.

Dans les villes peu développées, les règlements non obligatoires existants se sont montrés peu efficaces pour instaurer une évolution des comportements et une plus grande participation au tri des déchets. Ainsi, à Shenzhen, 90 % des résidents locaux sont bien informés du système de classification des déchets et pourtant, seuls 20 % trient leurs déchets ménagers en utilisant le solide système de distribution des déchets dispersé de la ville.

Faut-il rendre le tri obligatoire ?

En 2017, le tri est devenu obligatoire dans 46 villes chinoises, avec l’objectif d’atteindre un taux minimum de recyclage de 35 % d’ici 2020. Selon les standards de classification, toutes les ordures « humides » (les déchets alimentaires) doivent êtes séparées des ordures « sèches » (les autres types de déchets), afin que le seuil fixé soit atteint. Les institutions publiques, les supermarchés, les hôtels, les restaurants et les immeubles de bureaux doivent respecter cette règle s’ils ne veulent pas s’exposer à des sanctions. Par ailleurs, les municipalités chinoises ont augmenté leurs investissements dans l’éducation et donné un coup d’accélérateur aux partenariats public-privé pour la construction d’infrastructures de traitement des déchets. Par exemple, la ville de Pékin a construit cinq nouveaux centres de traitement des déchets et emploie 20.000 agents pour améliorer les pratiques de tri des déchets.

L’obligation de tri des déchets a forcé les gouvernements municipaux des 46 villes pilotes à introduire des politiques innovantes et à prendre des initiatives pour résoudre leur problème de déchets urbains. Si ces nouvelles réglementations permettent de changer les habitudes des habitants, introduisent des technologies propres et conduisent à une valorisation durable des déchets alimentaires, alors d’autres villes et villages chinois pourraient s’engager sur cette même voie.

Illustration bannière : des restes de nourriture chinoise ©touch of eyes
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