Quelques années et du piment à votre vie

Rédigé par Alan Van Brackel, le 9 Jul 2014, à 11 h 14 min
Quelques années et du piment à votre vie
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Si on vous conseille parfois de pimenter votre vie, cette idée pourrait trouver une réalité très concrète. Une étude montre que le piment pourrait augmenter votre espérance de vie.

Comment allonger l’espérance de vie ?

Que les personnes en état de douleur chronique aient une espérance de vie plus courte est un fait connu depuis plusieurs années, sans qu’on en connaisse exactement les mécanismes. Des chercheurs ont donc cherché à comprendre un peu mieux comment la perception de la douleur pourrait toucher au vieillissement. Le résultat de leur étude a été publié dans la revue Cell1.

Dans un premier temps, il est intéressant de noter que l’espérance de vie est indépendante des maladies, même associées à la douleur.

Comprenez que si la douleur chronique est bloquée, l’espérance de vie augmente. C’est précisément ce mécanisme qui a intrigué le biologiste américain Andrew Dillin, de l’Université de Californie aux États-Unis.

Douleur et longue vie

Son équipe et lui ont créé des souris dépourvues de récepteur à la douleur (appelé TRPV1). Or, ces souris vivaient systématiquement plus longtemps (14 % en moyenne). La capacité à ressentir la douleur et l’espérance de vie étaient ainsi scientifiquement liées.

Résultat : les souris dépourvues du récepteur TRPV1 ont présenté une longévité supérieure de 14 % en moyenne (soit 4 mois) à celle de souris « normales ». Ce qui veut dire que des souris dotées d’une moindre capacité à ressentir la douleur vivent en moyenne plus longtemps.

piment-rouge-sac-alimentation-sante-01Au-delà même de la longévité, le métabolisme des souris présentait des caractéristiques de souris plus jeunes :

  • le taux de sucre était aussi efficace que dans la jeunesse des souris (alors que la régulation devient plus difficile avec l’âge)
  • le nombre de calories brûlées était plus important durant un exercice physique

Le métabolisme juvénile serait donc lié à la manière dont le récepteur TRPV1.

Piment, douleur, insuline et jeunesse

La régulation du taux de sucre a donné une idée aux auteurs de l’étude. Le récepteur à la douleur TRPV1 a un rôle dans la régulation de l’insuline au niveau du pancréas :

Le récepteur TRPV1 a une action dans le pancréas (© Cell)

Le récepteur TRPV1 a une action dans le pancréas (© Cell)

Rappelons que l’insuline est une hormone : elle permet aux cellules d’utiliser le sucre contenu dans le sang, phénomène qui pose problème dans le cas du diabète, qui se traduit concrètement par une accumulation de sucre dans le sang.

Or une substance appelée CGRP empêche à ce mécanisme de se faire correctement. La CGRP est libérée par les récepteurs TRPV1. Chez les souris dépourvues de récepteurs à la douleur TRPV1, le taux de CGRP libéré est beaucoup plus faible, et l’insuline pénètre donc plus facilement dans le sang. D’où une action bénéfique sur la régulation du sucre et sur l’espérance de vie.

piment-rouge-sac-alimentation-sante-02Des applications concrètes

Les auteurs de l’étude soulignent que cette découverte permet de considérer autrement le diabète et les maladies liées à l’âge. Des médicaments pourraient sous-exprimer le récepteur à la douleur.

Ce n’est pas la seule découverte et, si elle est plus modeste, elle trouve des applications concrètes. Le récepteur à la douleur TRPV1 est détruit par des substances comme la capsaïcine, composant actif du piment rouge. Si en très grande quantité c’est un poison, en quantité classique dans l’alimentation, la capsaïcine peut donc se faire une place plus importante.

piment-rouge-sac-alimentation-sante-03Selon les auteurs de l’étude, « l’ingestion chronique de composés qui affectent le TRPV1, comme la capsaïcine, peut aider à prévenir le déclin métabolique lié à l’âge et mener à une longévité accrue chez l’homme« .

 

 

 

(1) Céline E. Riera, Mark O. Huising, Patricia Follett, Mathias Leblanc, Jonathan Halloran, Roger Van Andel, Carlos Daniel de Magalhaes Filho, Carsten Merkwirth, Andrew Dillinemail. TRPV1 Pain Receptors Regulate Longevity and Metabolism by Neuropeptide Signaling. Disponible en ligne sur : http://www.cell.com/cell/abstract/S0092-8674%2814%2900481-4?cc=y?cc=y

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Chercheur dans l'âme, partagé entre l'Europe et les Etats-Unis. Parmi ses passions la musique, la photographie, et les différentes cultures du monde, Alan...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. bonjour a tous et toute,depuis plusieurs année je cultive en serre des piments (Espelette),pour la famille,a la récolte,quand ils sont bien a point je les place au congélateur pour en prendre selon les besoins.Avec mes piment je réalise mon huile d’olive piquante aux herbes aromatiques,qui vient savoureusement parfumé mes plats.attention toutefois de ne pas exagérer .Si une personne est intéressée pour avoir la composition de ma recette (qui me viens des ancêtre)ce seras avec plaisir.

  2. En dehors des variétés les plus courantes (gorria, cayenne, pili-pili, oiseaux…) pas toujours facile de trouver de bons piments en France, et beaucoup de charlatans sur le web qui profitent de la rareté en métropole pour refourguer leurs cochonneries à des prix prohibitifs.

    • Visitez (comme je l’ai fait) « l’atelier du piment » , soit en allant à Espelette (visite du champ de culture avec un quizz sur le sujet et visite de la boutique où vous pourrez acheter et gouter certains produits) ou sur le site internet pour la vente directe.

  3. Vos rubriques sont très intéressantes, mais, il serait instructif de connaitre les dosages des aliments « bienfaiteurs » pour bien les utiliser et les sources d’approvisionnement. En attendant, je continue de vous lire avec curiosité. Merci.

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