La chute du régime : peut-on désirer une perte ?

Rédigé par Catherine Grangeard, le 27 Dec 2012, à 12 h 47 min
La chute du régime : peut-on désirer une perte ?
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Le corps est aussi psychique

Notre relation à lui dépend de bien d’autres choses, dans tous les domaines médicaux nous le savons. Prenons la douleur, par exemple… Nous avons mille fois la preuve qu’elle est variable d’un individu à un autre et pour une même personne d’une circonstance à une autre, d’un moment à un autre. Quelle femme supporterait les douleurs de l’accouchement dans d’autres circonstances ? La « douleur de la molaire » a été un exemple donné par Freud pour signifier que lorsque nous avons très mal quelque part, nous nous moquons bien du reste.

Décentrons le propos

Je veux décentrer le propos pour mieux y revenir. Tout comme avec une personne qui consulte pour ses problèmes de poids, ne nous en préoccupons pas uniquement, exclusivement. Le pas de côté permet en soi déjà de relativiser, donc de quitter le tout ou rien… L’origine inconsciente d’une certaine relation à la nourriture, au corps, au manque influe sur le comportement, c’est en permanence révélé lors d’un travail analytique. Et pour quitter le remplissage, en passer par le régime est un moyen de passer à autre chose.  L’insécurité intérieure mène à rechercher des forces de l’ordre extérieures…

La Boétie dans les années 1600, montre à quel point la liberté est difficile, il s’attaque à « La servitude volontaire ». L’être humain nait dépendant, il doit sa survie, obligatoirement, à d’autres humains qui l’ont pris en charge, et sans doute est-ce l’origine pour expliquer qu’à peine délivré d’un tyran, l’humanité  s’empresse de se soumettre au suivant.

Le Dieu régime et ses Saints, le Roi-régime et ses ministres, le Bon Objet, tout ce qui règne sur des sujets relève de ce processus.

La dépendance est-elle inéluctable ?

Graves questions, essentielles…

En conclusion, ce qui fait l’attrait du Régime, c’est qu’il se fait sexy… C’est plus excitant, de suivre un régime draconien, mais ponctuel, que d’admettre d’avoir à être raisonnable, définitivement. La réalité est-elle inéluctablement à fuir ? Probablement cette question essentielle voire existentielle est à envisager. Se soumettre aux limites que la réalité impose, et la plus inadmissible étant notre mort programmée dans notre nature humaine, c’est de quoi il est au fond question…

La soif d’illusions peut-elle s’abreuver de sagesse ?

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Catherine est psychologue et psychanalyste, membre de réseaux de prise en charge de personnes obèses, enfants adolescents et par ailleurs est attachée à...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Ou comment porter un poids qui ne nous appartient pas.

  2. Les sources du problème de l’odésité ne s’expliquent pas que par le rapport à soi, la culpabilité et la notion de perte. Elle remonte plus en amont dans lévolution de notre société de consommation, la distention du lien entre les aliments bruts et le plat dans l’assiette, la culture familliale de la mal bouffe qui n’est pas jugée comme telle mais comme normalité alimentaire, la déconnection entre ce que nous fournit la terre en fonction des saisons et ce que l’on trouve dans les supermarchés, la passivité face à des produits contenant des composants non naturels, la perte ou la méconnaisance du goût des choses simples…Selon mon point de vue, un adulte qui a été mal éduqué enfant, pourra rechercher une fois adulte les mêmes sensations alimentaires qu’enfant pour se rassurer… Celui qui aura le souvenir d’une bonne pizza bien grasse achetée toute faite et partagée en famille dans un moment heureux aura plus de mal à s’imaginer un poulet fermiers roti servi avec des haricots vert frais épluchés le matin et cuits à la vapeur avec un peu de sel et de beurre frais. l’obésité est sociétale, culturelle… L’aspect psychlogique est certe bien présent mais les peurs de pertes ont tujours existé, même à l’époque ou l’alimentation disponible rendait les gens moins gros… Il y a donc du boulot pour s’attaquer à la racine du mal !

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