La chute du régime : peut-on désirer une perte ?

Rédigé par Catherine Grangeard, le 27 Dec 2012, à 12 h 47 min
La chute du régime : peut-on désirer une perte ?
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La fin d’une illusion ?

Est-ce possible que le rapport des experts de l’Anses de novembre 2010 décapite le régime ? Oui, même si les résultats ne seront pas là en un jour… Le rapport est une référence incontournable désormais : grâce à lui, tout un chacun peut admettre cette dure réalité : la permanence de l’attitude « faire attention à soi » est la seule certitude. Ce rapport est l’outil pour se souvenir qu’il n’y a pas d’autres solutions.

Les médecins, en premier lieu, car ils sont les premiers consultés par des personnes en surpoids et en obésité,  renvoient à cette « aide-mémoire ». Les médecins peuvent utiliser ce rapport pour refuser l’illusion de l’objet magique et l’opposer aux demandes insistantes des patients.

Mais, attention, l’envie d’illusion est toujours là. Elle peut faire refouler le contenu du rapport si on n’y prend garde.

Il faut se réapproprier son assiette

L’idée même de régime est porteuse de l’échec. Une personne qui accepte, un certain temps, de se restreindre ne change pas.

Or, c’est le changement qui apporte la résolution du problème.

En conclusion, il s’agira de réapprendre à se nourrir, en quantité et en qualité, réhabiliter la faim qui guide l’acte de se nourrir et réintroduire le plaisir sont les bases d’un mode de vie plus satisfaisant.

Pour cela, il faut commencer par ne pas résoudre par la nourriture ses difficultés et se réapproprier son assiette.

Car pour beaucoup, le symptôme a une fonction

"Un régime équilibré, c'est du chocolat dans les deux mains"

Braquer le projecteur sur le poids, responsable de tous les maux, évite de regarder ailleurs. Le symptôme est l’arbre qui cache la forêt. Un « complexe », c’est bien pratique. Se plaindre de ne pas réussir à perdre ces kilos de trop, qui parfois font affreusement souffrir physiquement et psychologiquement, peut avoir une fonction dont se priver n’est pas imaginable.

Et nous arrivons au fond du problème. Voilà l’approche à laquelle mener les patietns.

Nous avons à faire savoir que nous sommes prêts à aider ceux qui souhaitent quitter l’angle strict du comportement. Il ne s’agit pas de cures de psychanalyse lorsque les maux du corps viennent dire ce que les mots ne savent pas exprimer.

Remonter vers les origines aide à quitter le symptôme en ne braquant plus le projecteur dessus. L’écoute analytique concerne la personne globale et non une rééducation d’un des pans de son existence. L’évaluation porte sur le mieux vivre et pas seulement sur une comptabilité d’IMC.

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Catherine est psychologue et psychanalyste, membre de réseaux de prise en charge de personnes obèses, enfants adolescents et par ailleurs est attachée à...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Ou comment porter un poids qui ne nous appartient pas.

  2. Les sources du problème de l’odésité ne s’expliquent pas que par le rapport à soi, la culpabilité et la notion de perte. Elle remonte plus en amont dans lévolution de notre société de consommation, la distention du lien entre les aliments bruts et le plat dans l’assiette, la culture familliale de la mal bouffe qui n’est pas jugée comme telle mais comme normalité alimentaire, la déconnection entre ce que nous fournit la terre en fonction des saisons et ce que l’on trouve dans les supermarchés, la passivité face à des produits contenant des composants non naturels, la perte ou la méconnaisance du goût des choses simples…Selon mon point de vue, un adulte qui a été mal éduqué enfant, pourra rechercher une fois adulte les mêmes sensations alimentaires qu’enfant pour se rassurer… Celui qui aura le souvenir d’une bonne pizza bien grasse achetée toute faite et partagée en famille dans un moment heureux aura plus de mal à s’imaginer un poulet fermiers roti servi avec des haricots vert frais épluchés le matin et cuits à la vapeur avec un peu de sel et de beurre frais. l’obésité est sociétale, culturelle… L’aspect psychlogique est certe bien présent mais les peurs de pertes ont tujours existé, même à l’époque ou l’alimentation disponible rendait les gens moins gros… Il y a donc du boulot pour s’attaquer à la racine du mal !

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