Les villes autosuffisantes en alimentation, où en est-on ?

Comment nourrir les villes ? Comment relocaliser la production ? C’est la question que se posent les villes qui se dirigent vers une autosuffisance alimentaire, à l’instar d’Albi ou Rennes en France.

Rédigé par Camille Peschet, le 4 Sep 2016, à 9 h 00 min
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On note une envie croissante de pouvoir consommer local et une volonté de développer des villes autosuffisantes en alimentation. Mais aujourd’hui, où en est-on ? ConsoGlobe.com a étudié différents projets qui aujourd’hui émergent pour y répondre et comprendre les limites actuelles de cette possible autonomie.

En France, les villes de Rennes et d’Albi vers l’autosuffisance alimentaire

La ville d’Albi (51.000 habitants) s’est fixé comme but de devenir autosuffisante en alimentation à l’horizon 2020 avec trois objectifs : réduire l’impact carbone lié aux transports de marchandise, sécuriser les approvisionnements en cas de crise alimentaire et s’assurer une meilleure qualité des produits consommés.

albi

Vers l’autosuffisance alimentaire d’Albi

La ville de Rennes (200.000 habitants) a quant à elle affirmé vouloir s’engager en faveur de « l’autonomie alimentaire » et met en place différentes actions pour cela, dont la mise en place de potagers et vergers urbains ainsi que des bacs publics pour cultiver des légumes. Elle facilite également la mise en place de circuits courts.

Rennes s’inscrit dans le mouvement des Villes en Transition qui lutte pour une plus grande résilience locale. Les deux villes soutiennent le mouvement des Incroyables Comestibles, un mouvement mondial, qui encourage la culture de fruits et légumes dans l’espace public et la cueillette de ces derniers accessibles à tous.

Des projets en faveur d’une agriculture urbaine

Au-delà de l’impulsion donnée par les villes elles-mêmes, différentes universités, écoles et bureaux d’études se sont penchés sur cet enjeu de production agricole urbaine. Côté école, c’est le cas d’AgroCampus Ouest qui en 2010 a étudié le potentiel nourricier des villes de Rennes et Paris, côté bureaux d’études c’est le cas de l’agence d’architecte SOA qui en 2005 a lancé le concept de « tour vivante » mêlant agriculture, logements et bureaux.

Une production centrée sur le maraîchage qui reste à étendre

Cependant des questions se posent. Tout d’abord les solutions pour une production locale consistent essentiellement en culture maraîchère, du fait de l’espace restreint et de l’attrait grandissant que la population porte au jardinage. Mais les légumes seuls ne peuvent constituer l’ensemble de notre alimentation.

Les céréales sont la base de celle-ci, et les cultiver en zone urbaine représente beaucoup plus de difficultés, du fait de la place et des engins nécessaires à leurs récoltes.

céréales maraîchage

Ne faut-il pas alors penser l’autosuffisance à l’échelle plus large : agglomération, communauté de communes ou encore département ? D’autant que des incohérences existent dans les décisions politiques prises pour protéger les zones agricoles entre des décisions locales et des décisions  territoriales. C’est le cas de Rennes où la ville de Bruz, qui appartient à la métropole, a lancé un projet d’agrandissement d’une zone commerciale mettant en danger des terres fertiles, dont des terres en agriculture biologique.

À l’inverse, ce paradoxe a été mieux pris en compte dans le cas de la ville d’Albi qui a déjà préempté 73 hectares de friche proche du centre-ville qu’elle mettra à disposition des nouveaux maraîchers. Ces terrains seront mis en location pour la somme de 70 euros par an et par hectare. En échange, leurs exploitants devront s’engager à produire en agriculture biologique et à réserver leur production au marché local.

Un retour de l’élevage en Île-de-France

Si la question se pose pour les céréales, elle se pose également pour l’élevage. Ainsi selon Gilles Billen, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), la « re-localisation de l’approvisionnement » impliquerait pour Paris le retour de l’élevage en Ile-de-France en 2030, afin de retrouver une complémentarité entre culture et élevage, avec la production locale de fourrage et la généralisation de l’agriculture biologique. Sans qu’il ne soit possible de faire l’impasse d’une « modification du régime alimentaire : les protéines végétales doivent se substituer pour moitié aux protéines animales », souligne le chercheur.

Lire page suivante : l’autosuffisance alimentaire, une source d’emplois ?

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Portée par un cadre familial m'ayant sensibilisée à une consommation responsable et en faveur d'une production énergétique renouvelable, je me suis...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Article intéressant et inspirant.
    Un petit bémol sur la phrase : « La question se pose alors de l’intérêt social de ces fermes très peu génératrices d’emploi ». Si une installation est à la fois écologique et efficace pour nourrir une partie de la population, que demander de plus ? l’idée n’est pas de travailler à l’ancienne en maximisant la pénibilité physique pour la répartir sur plus de personnes, bien au contraire… l’idée est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire par la voie de l’écologie… par des moyens complémentaires et les moins pénibles possibles, tant qu’à faire… le lien social peut être créé de diverses manières, se courber sur la même parcelle en est une mais il y en a 1000 autres…
    Ce bémol mis à part, bravo et merci 🙂

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