Manger local : cette loi pourrait changer la donne

Le 14 janvier, à l’Assemblée Nationale, a été votée à l’unanimité une proposition de loi de Brigitte Allain, députée de la Dordogne, visant à favoriser l’ancrage territorial de l’alimentation.

Rédigé par Pauline Petit, le 14 Jan 2016, à 13 h 11 min
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Plusieurs autres propositions de lois écologistes ont été discutées et votées par les députés dans la journée. On trouve notamment une loi sur les mesures à prendre en cas de pic de pollution, ou une mesure visant à interdire les produits chimiques préoccupants au sein des entreprises. La plus novatrice est celle proposée par Brigitte Allain sur le manger local, approuvée à l’unanimité par les députés.

Manger local : le rapport

La proposition de loi fait suite à un rapport remis aux députés, intitulé Et si on mangeait local ?. Il souligne le développement important de la consommation de produits locaux. A travers les AMAP, les Ruches qui dit Oui, ou les sites de vente directe, les initiatives visant à développer les circuits courts se multiplient. Pour les producteurs, il ne s’agit plus d’une niche puisque 20 % d’entre eux utilisent ce mode de commercialisation.

Au-delà de la simple consommation alimentaire, les circuits courts ont de nombreuses retombées positives sur les territoires : ils créent de l’emploi, favorisent le lien social, et permettent de produire sans détruire l’environnement, ni la santé des producteurs et des citoyens.

Les initiatives en faveur des circuits courts alimentaires se sont multipliées sans un réel cadre législatif national, preuve de l’engouement des citoyens pour le sujet. Il est temps de les reconnaître et de les favoriser : c’est ce que vise la proposition de loi présentée aujourd’hui à l’Assemblée.

La députée Brigitte Allain souhaite aller plus loin, en inscrivant l’alimentation dans l’ensemble des projets politiques. « Je propose de changer la PAC (Politique Agricole Commune) pour une PAAC (Politique Agricole et Alimentaire Commune) », dit-elle à La Ruche qui dit Oui. Pour elle en effet, l’ensemble des régions devraient remettre l’alimentation au coeur de leurs politiques publiques à travers des « Projets Alimentaires Territoriaux » impliquant les producteurs, les collectivités, et les consommateurs.

Objectif : 40 % de produits locaux, 20 % de bio dans les cantines en 2020

L’une des propositions inscrites dans la loi est de proposer 40 % de produits locaux issus de l’agriculture durable, dont 20 % de produits bio, d’ici 2020. Le bio ne représente aujourd’hui que 3 % des achats de la restauration collective, alors que le Grenelle de l’Environnement avait fixé un objectif de 20 % de produits bio en… 2012.

Il s’agit pourtant d’un très bon levier pour les collectivités pour favoriser l’agriculture bio et locale. L’ensemble des lycées d’Ile-de-France représente par exemple 270.000 repas par jour. C’est donc une bonne source de débouchés pour les producteurs locaux.

De plus, il s’agit d’une mesure plébiscitée par les citoyens : l’appel lancé par l’ONG Agir pour l’Environnement en faveur d’une alimentation bio et locale dans les cantines a recueilli plus de 100.000 signatures en quelques jours.

Il est donc temps que les collectivités déploient des mesures ambitieuses pour leurs restaurants collectifs, et cette proposition de loi a le mérite de remettre le sujet au coeur du débat. Toutefois, aucune mesure restrictive n’est prévue dans la loi pour les collectivités qui ne respecteraient pas l’objectif.

Une certaine dose de courage politique est donc nécessaire pour mettre en place 20 % de produits bio locaux dans les cantines, récompensée toutefois par une meilleure santé des enfants, la création d’emplois locaux et le respect de l’environnement.

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4 commentaires Donnez votre avis
  1. En Ile De France des initiatives comme Manger Local en IDF encouragent les personnes à consommer local. Des solutions comme La Ruche Qui Dit Oui, le Drive des Champs, les AMAP etc… ne peuvent qu’aider à informer les consommateurs. J’ai l’impression que malgré tout il reste un réel travail pédagogique à faire, ré-apprendre à cuisiner car je m’aperçois autour de moi que peu de personnes cuisinent, prises par le manque de temps en région parisienne et dans les grandes métropoles. Pourtant, parfois, il n’y a pas besoin de passer des heures en cuisine…

  2. loin d’être Français je suis favorable pour une telle loi
    Nous on est bombardé de produits Marocains issus de l’agriculture industrielle
    et même les producteurs légumes sont restés silencieux.
    l’Agriculture souffre de la pression des forces étatiques avec des données qui ne reflètent pas la réalité sur le terrain au Sénégal.
    Bravo à vos députés.

  3. Il y aura bientôt assez de lois pour réglementer n’importe quoi, nos députés n’ont rien d’autre à faire de plus intéressant?, c’est vraiment prendre les gens pour des imbéciles et des irresponsables, de plus plus les produits Français bios locaux oui, mais des produits bois qui viennent d’Espagne du Maroc, d’Italie ou autres pays NON, car malheureusement on en voit de plus en plus dans les magasins, et en plus il faut les transporter d’où le cout CO² catastrophique.

  4. franchement ils n’ont rien d’autre à faire – on nous prend pour des imbéciles – venez sur le marché de mon quartier le jeudi – ou le dimanche et vous verrez les marchands de légumes, de champignons du coin – ils vendent tout ce qu’ils apportent, et depuis des années – peut être depuis le moyen âge

    évidemment, il faudrait adapter un peu les heures de marchés – pour les gens qui travaillent – il y avait eu une initiative, deux marchands s’installaient sur le quai de la gare, à l’heure du retour du travail – et puis il y a de petites places de quartier où les petits producteurs pourraient venir

    vive les légumes, les pommes, les poires de chez nous

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