Bonne nouvelle ! La Commission européenne vient de proposer de durcir les autorisations de pêche en eaux profondes et elle veut progressivement supprimer les navires spécialisés dans cette forme de pêche désastreuse et peu rentable.
La réglementation de la pêche profonde
En fait ce sont les flottes spécialisées en pêche profonde qui ont du souci à se faire car elles « n’auront un avenir que si leur activité est gérée de manière à être durable », souligne le la Commission. Mme Damanaki , la Commissaire européenne en charge de la pêche, explique que « les autres pêcheries commerciales utilisant les chaluts de fond ne seront pas touchées, les mesures proposées ne concernant que les pêcheries qui ciblent les poissons d’eau profonde ».
Autrement dit, si des navires pêchent des espèces profondes car ils en trouvent dans leurs filets dans le carde d’une pêche classique, ces prises accessoires seront autorisées. C’est donc la pêche spécifiquement profonde qui sera interdite … mais dans 2 ans seulement.
Car entre-temps, la proposition doit devra être discutée et adoptée par les Etats membres et le Parlement européen. Gageons que les batailles politiques d’arrière-garde ne sont pas finies.
Les officiels Français mécontents
En France, la pêche en eaux profondes représente environ 220 emplois et une vingtaine de navires qui alimentent environ 200 pêcheries
Pourtant, on sait que l’enjeu n’est pas si grand du point de vue économique.
L’élimination progressive des chaluts de fond et filets maillant de fond par les pêcheries européennes d’espèces profondes ne concerne que 1 % du total de la pêche du la zone visée, l’Atlantique du Nord-Est. (1)
L’insuffisance évaluation des espèces profondes
Ce qui pose problème c’est plutôt la difficulté à disposer d’informations fiables sur l’état des stocks de poissons. Malgré le projet d’évaluation scientifique européen en cours, Deepfishman, on ne dispose toujours pas d’évaluation exhaustive et sûre des principales espèces d’eau profonde.
Une mesure pour rien ?
D’un côté M. Le Visage, le représentant de la Scapêche, la flotte d’Intermarché, s’insurge et affirme que les stocks de poissons profonds « n’ont même jamais été aussi bons » en s’appuyant sur le dernier avis du CIEM (3) qui fait état en juin 2012 « de niveaux de reconstitution qui sont bons« . Les professionnels de la pêche expliquent que depuis 20 ans la situation s’est grandement améliorée dans une interview à France 3 : « Les navires n’exploitent ainsi que 10 % des zones de grands fonds, hors des zones de récifs coralliens, rappellent les professionnels. La commissaire affirme vouloir protéger les grands fonds situés à 4.000 m de profondeur, mais les chalutiers ne vont pas au-delà des 1.500 mètres« , détaille le Comité national des pêches maritimes. Ce que confirme la M. Le Visage de la Scapêche : « L’essentiel de nos pêches (grenadier, sabre et lingue bleue) se situe entre 600 et 1.000 mètres« .
Ainsi donc, les ONG, comme Greenpeace, Bloom, et tant d’autres, la Commission Européenne et les scientifiques nous inquiéteraient pour rien ?
En attendant, consoGlobe vous propose de ne plus acheter de poissons d’eaux profondes et de signer la pétition.
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(1) Selon les données du Centre de Recherche Européen (JRC), 34.334 tonnes d’espèces d’eau profonde ont été péchées en 2008, soit 1 % de la pêche effectuée en Atlantique Nord-Est.
(2) La scapêche, très contestée par les écologistes, est la flotte du groupe Intermarché : 150 salariés au total (30 à terre, 120 navigants) pour 17 navires basés à Lorient, dont 3 unités récentes qui pêchent de manière très importante les poissons d’eaux profondes et 4 navires anciens qu ne ciblent que partiellement les espèces profondes
(3) Le CIEM est leConseil international pour l’exploration de la mer, qui formule des recommandations pour la définition des taux de capture et des quotas autorisés.