Du textile en feuilles de bananier et autres déchets agricoles ressuscités

Chaque année, les récoltes génèrent des millions de tonnes de déchets végétaux voués à la décomposition ou brûlés. Cette entreprise américaine ambitionne de les transformer en fibres textiles grâce à son système de bioraffinerie Agraloop. Et si l’avenir du textile se cachait derrière les aliments que l’on consomme ?

Rédigé par Étienne Vergne, le 15 Jul 2018, à 8 h 39 min
Du textile en feuilles de bananier et autres déchets agricoles ressuscités
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Des chemises en paille de riz, des pantalons en feuilles de bananier… Non, il ne s’agit pas de la garde-robe improvisée d’un naufragé mais du futur du prêt-à-porter tel que l’imagine l’entreprise américaine Circular Systems. Son système de bioraffinerie Agraloop vient de finir en première place de l’ édition 2018 du Global Change Award de la Fondation H&M.

Repenser l’industrie textile avec une fibre issue de résidus agricoles

En quoi consiste la technologie Agraloop ? Grosso modo, à récupérer les déchets agricoles pour revaloriser leurs fibres. « C’est un système régénératif qui utilise l’énergie et la chimie tirées des plantes pour promouvoir leur fibres tout en enrichissant les communautés locales et en créant un nouveau modèle économique », résume Isaac Nichelson, PDG de l’entreprise dans les colonnes du site Textile World.

Des tonnes de fibres délaissées dans l’agriculture ©mailsonpignata

Cette boucle vertueuse générerait un textile durable et alternatif qui redorerait le blason d’une industrie dont le fonctionnement actuel s’avère désastreux pour l’environnement. Malgré la culture intensive de coton OGM, les vêtements que nous portons se composent en majeure partie de polyester. Plutôt que de miser sur l’essor incertain des fibres naturelles bio, Circular Systems préfère parier sur une nouvelle matière première issue de résidus agricoles.

250 millions de tonnes de fibres gaspillées chaque année

La matière première ne manquera pas, le gaspillage est légion. Après la récolte, les producteurs des cultures destinées à l’alimentation abandonnent 60 % de la plante dans les champs. Ces résidus, très souvent, se décomposent à l’air libre en dégageant du méthane ou finissent brûlés sur place en rejetant du dioxyde de carbone. L’Inde consume à elle seule près de 13 millions d’hectares de paille de riz. Un immense gâchis. Chaque année, c’est donc environ 250 millions de tonnes de tiges de chanvre, de lin, de feuilles d’ananas ou de bananiers qui partent ainsi en fumée. Soit deux fois et demi la demande mondiale de fibres.

À elles seules, les bananeraies rejettent 270 millions de tonnes de CO2 ©pp1

Un nouvelle source de revenus pour les agriculteurs locaux

Un gigantesque gisement à exploiter. Non seulement au bénéfice de Circular Systems mais aussi des agriculteurs locaux qui verraient leur résidus agricoles convertis en une nouvelle source de revenus. Outre un textile innovant, l’entreprise prétend produire en bout de chaîne des fertilisants agricoles.

Cap sur les grandes marques du prêt-à-porter

Circular Systems devrait bientôt déposer un brevet avant d’engager le lancement commercial d’Agraloop, d’abord pour vendre sa fibre durable à l’industrie textile. De par son activité historique l’entreprise cultive déjà des relations avec les grandes marques. Sa plateforme Texloop recycle les déchets textiles et sa technologie Orbital produit quant à elle une laine à partir de fibres recyclées. La technologie Agraloop s’adresse aussi aux fabricants d’emballages et au marché des biomatériaux par exemple pour les producteurs de bio composites, d’alimentation animale ou d’absorbants.

Illustration bannière : © Alex Volot
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