Le goût des autres – Pourquoi ils aiment les insectes ?

Rédigé par Emma, le 18 Oct 2012, à 15 h 13 min
Le goût des autres – Pourquoi ils aiment les insectes ?
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Le chiffre est sidérant pour les Occidentaux : 2,5 milliards d’individus dans le monde mangent des insectes ! On a vu qu’un aliment est accepté et ingéré s’il procure des sensations de plaisir. Donc la consommation d’insectes (l’entomophagie) doit forcément être un plaisir gustatif pour les 2,5 milliards de personnes concernées. Mais comment est-ce possible ?  Le goût et le dégoût  ne sont pas universels !

Mais comment peuvent-ils manger des insectes ? !

Extrait de fourmi noire (Chine), pour "traiter le rhumatisme articulaire, le lumbago/douleur dorsale, les forces d'augmentation, douleur de muscle de diminution après exercice, et augmente le pouvoir sexuel"

En Afrique du Sud, les chenilles de 10 cm de long qui se nourrissent de feuilles du mopane dans la steppe sont des mets recherchés. En Colombie, c’est du caviar de fourmis Hormiga culona qui est un must dans les assiettes. En Chine, les insectes sont des sources de médicaments, comme la fourmi Polybrachis vicina roger qui serait  très efficace pour lutter contre les rhumatismes et les problèmes du système immunitaire.

En Afrique, ce sont les reines termites qui sont considérés comme booster de fertilité pour les hommes et les femmes qui les mangent. L’image de ces insectes est donc positive et même thérapeutique, pour toutes ces populations : elles peuvent donc les consommer.

La « pensée magique »

C’est l’anthropologue britannique Burnett Tylor qui a expliqué ce phénomène en 1871, par la formule de la « pensée magique ». Cette pensée magique est fondée sur 3 principes :

  1. Le principe d’incorporation : c’est l’idée que physiquement et symboliquement, on est ce que l’on mange.
  2. La loi de la similitude : elle signifie que l’image équivaut à l’objet. Qu’il soit stérilisé ou en plastique, l’insecte reste l’animal nuisible ou bon qu’il était en étant vivant, selon l’idée que l’on se fait de lui.
  3. La loi de la contagion : elle se traduit par « une fois en contact, toujours en contact ». Un aliment ayant été vu avec un insecte ne pourra pas être consommé car il sera considéré comme étant contaminé, même si l’insecte a été enlevé.

Du dégoût au plaisir

Appliqué aux Occidentaux à propos des insectes, la pensée magique implique donc que celui qui mangerait ces petites bêtes considérées comme repoussantes se métamorphoserait en être repoussant, nuisible et dégoûtant ! Tout le contraire du Chinois avec les termites, sources de fertilité !

Pas facile de détruire cette représentation occidentale très négative de l’insecte, d’autant plus qu’elle se double de la réticence naturelle des omnivores pour la nouveauté. Surmonter le dégoût des insectes va donc prendre du temps. Mais un élément peut faire accélérer les choses : « Les insectes ne sont pas associés à des tabous religieux, comme le porc pour les Musulmans et les Juifs, ou la vache pour les Indous », remarque Dominique Valentin, du Centre européen des sciences du goût, de l’université de Bourgogne.

<  salade CriCri, insectescomestibles.fr

Les voyages, les mouvements de population de plus en plus importants, font bouger les choses. On peut effectivement noter le boom des suhis et du poisson cru, celui des goûts aigre-doux venus d’Asie en Occident. Ils n’étaient pas appréciés autant il y a quelques décennies. Il n’est donc plus rédhibitoire d’oser affirmer que les insectes seront un jour dans nos assiettes, sous des formes d’abord méconnaissables (en poudre par exemple). Leurs vertus nutritionnelles sont nombreuses et bien reconnues. Le goût s’éduque et peut changer : c’est une bonne nouvelle !

Vous reprendrez bien un peu de caviar de fourmi  ? C’est divin avec un fruit…

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3 commentaires Donnez votre avis
  1. Je confirme que les termites sont des insectes qui se mangent et en plus c’est excellent, comme goût déjà, pour le reste je n’en ai pas mangé assez, sans doute !!!!! Je voulais en faire un élevage, mais les fonds me manquent et la FAO ne dispense pas de formation, elle garde jalousement ces secrets pour le Laos entre autre. Mais je ne désespère pas qu’un jour, je puisse réaliser se rêve de nourrir des populations qui crèvent de faim, je voulais en effet me former à ce type d’élevage, mais on m’a fermé la porte.
    G.A

  2. Bel article !
    Bon, nous les « occidentaux » on n’est pas prêts, psychologiquement…
    Mais vu que les insectes sont l’espèce la + prolixe de la planète, qu’ils n’utilisent que peu de ressources, que le coût de leur « élevage » est donc infime, qu’ils ne sont pas « caloriques », donc intéressants pour les régimes, etc… va falloir s’y mettre !
    En ce qui me concerne, j’éprouve effectivement un peu moins de compassion quand je plonge mon regard dans les yeux d’un ver de terre que dans les yeux d’un veau ou d’un agneau…
    Tiens, alors que cette idée m’aurait révulsée… la petite graine de doute commence à pousser…

  3. Vous n’avez pas parlé des escargots qui dit-on sont bien meilleurs s’ils sont ramassés dans un cimetière.
    Compliments à ConsoGlobe. merci!!

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