Scandale Nestlé : le Sénat accuse l’État de dissimulation
Un rapport du Sénat accuse l’État d’avoir dissimulé des informations clés sur la sécurité sanitaire de l’eau de source de Nestlé Waters.

C’est un scandale dont les ramifications ont fini par remonter au sommet de l’état au fil des mois : celui des eaux minérales dites naturelles de Nestlé Waters.
Une stratégie de dissimulation délibérée
La protection et l’étonnante bienveillance dont aurait bénéficié fin 2020 Nestlé Waters pose question, alors qu’il avait été constaté que ses eaux dites naturelles étaient en fait filtrées de façon illicite, ce qui ne pouvait qu’altérer les caractéristiques essentielles de ces eaux minérales bien connues : Contrex, Hépar et Perrier. Alors que ces traitements interdits avaient été révélés, l’entreprise a alors sollicité jusqu’au directeur de cabinet de l’Élysée pour trouver un compromis.
Mais le rapport rendu public ce 19 mai 2025 par la commission d’enquête du Sénat est encore plus explicite quant aux interventions gouvernementales et élyséennes décriées dans ce dossier. Après six mois d’enquête et plus de 70 auditions, la chambre haute n’hésite en effet pas à parler d’une véritable stratégie délibérée de dissimulation mise en oeuvre par l’État afin d’éviter que le scandale des traitements illégaux de certaines eaux conditionnées n’éclate au grand jour.
Lire aussi – Les eaux en bouteilles sont-elles dangereuses ?
Une fraude aux consommateurs
En effet, la commission note que cette désinfection, bien qu’assimilable à une fraude envers les consommateurs, n’a étonnamment donné lieu à aucune poursuite judiciaire. Selon les documents examinés par la commission, la présidence elle-même a bien attentivement suivi ce dossier : depuis 2022, elle savait que Nestlé Waters avait recours depuis plusieurs années à ces méthodes de traitements excessif de ses eaux dites minérales et naturelles. L’Élysée savait que « Nestlé trichait depuis des années », souligne la commission. Alexis Kohler, à l’époque secrétaire général de l’Élysée, avait reçu les dirigeants de Nestlé. Pourtant, interrogé par la presse en février 2025, Emmanuel Macron avait démenti être au fait du dossier.
Ainsi, « malgré la fraude aux consommateurs que représente la désinfection de l’eau, les autorités ne donnent pas de suites judiciaires » à ces révélations de 2021. « Outre le manque de transparence de Nestlé Waters, il faut souligner celui de l’État, à la fois vis-à-vis des autorités locales et européennes et vis-à-vis des Français (…) Près de quatre ans après, la transparence n’est toujours pas faite », souligne ce rapport de la commission. À ce jour, il n’y a toujours pas « de vérifications exhaustives de l’absence de traitements interdits sur tous les sites de production d’eau conditionnée », souligne le rapport sénatorial. La commission a par ailleurs émis 28 recommandations, entre un suivi qualitatif des nappes, un contrôle effectif du niveau de prélèvement réalisé par les industriels minéraliers, ainsi qu’un meilleur étiquetage pour les consommateurs.
Lire aussi
Nestlé et l’Élysée : l’affaire explosive de la fraude aux eaux minérales
Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info
A lire absolument




