Obésité : la sédentarité moins responsable que la malbouffe
Et si nous avions eu tout faux ? Pendant que les campagnes de santé martèlent « bougez plus », la science, elle, murmure une vérité bien plus inquiétante : l’obésité s’installe dans nos assiettes bien plus que dans nos canapés.

Depuis des décennies, les discours officiels s’accordent sur un duo accusé d’engendrer l’obésité : sédentarité et malbouffe. Mais une étude publiée le 21 juillet 2025 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) remet les pendules à l’heure – et la fourchette au centre du débat.
La malbouffe, principale cause de l’obésité dans les pays développés
Dirigée par le laboratoire Pontzer de l’université Duke (États-Unis), cette enquête colossale balaie les certitudes en comparant 4.213 adultes répartis sur 34 populations de tous niveaux économiques. Le résultat ? Brutal. Les chercheurs constatent que, ajustées à la taille corporelle, les dépenses énergétiques quotidiennes ne diminuent pas significativement dans les sociétés développées. Pourtant, l’obésité explose. La faute à l’activité physique ? Non, tranche le Pr Herman Pontzer : « Il est clair que les changements de régime alimentaire, et non la réduction de l’activité physique, sont la principale cause de l’obésité aux États-Unis et dans d’autres pays développés ».
L’étude montre que l’indice de masse corporelle (IMC) a bel et bien grimpé dans les pays riches, mais qu’il masque une réalité plus sournoise : une augmentation disproportionnée de la masse grasse par rapport à la masse maigre. Amanda McGrosky, biologiste à l’université Elon (États-Unis), souligne que « les différences de dépense énergétique ne peuvent expliquer qu’une fraction de l’augmentation de la masse grasse », pointant une transformation profonde du régime alimentaire.
Bougez certes, mais n’oubliez pas de manger sainement
Les aliments ultra-transformés sont au coeur du problème. Ces produits industriels, omniprésents dans nos supermarchés, sont faciles à digérer, très caloriques, peu rassasiants et conçus pour en appeler toujours plus. L’étude révèle que dans les 25 populations pour lesquelles les données alimentaires étaient disponibles, une plus forte consommation de ces produits était directement liée à une augmentation de la masse grasse. Et ce n’est pas une corrélation anodine. Ces dernières décennies, l’augmentation de l’apport énergétique a été environ dix fois plus importante que la diminution de la dépense énergétique totale. Le paradoxe est cruel : plus une société se développe, plus son accès à la nourriture se facilite — et plus elle grossit. Mais cette abondance n’est pas synonyme de mieux-être.
Certes, il ne s’agit pas de décréter l’inutilité de l’activité physique. Les chercheurs l’écrivent dans leur étude : « L’activité physique quotidienne présente un large éventail d’avantages pour la santé bien documentés, allant de la réduction de la mortalité toutes causes confondues et cardiovasculaire à l’amélioration de la santé mentale ». Mais sur le plan pondéral, les chiffres sont têtus. L’impact de l’inactivité sur le surpoids pèse dix fois moins que celui d’une alimentation excessive et déséquilibrée. Ainsi, la fameuse injonction « bougez plus » sonne comme une diversion. Dans une société où les produits hypercaloriques et ultra-transformés sont omniprésents, courir 30 minutes par jour n’équilibre pas une journée de malbouffe.
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