Faux miels bio : les apiculteurs crient au scandale

Depuis 2018, la règlementation européenne permet d’étiqueter comme étant bio un miel issu d’une aire de butinage pouvant être composée jusqu’à 49,99% de floraison(s) non issues de l’agriculture biologique, s’insurgent les apiculteurs français qui dénoncent une escroquerie manifeste.

Rédigé par Anton Kunin, le 23 Feb 2022, à 11 h 19 min
Faux miels bio : les apiculteurs crient au scandale
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Les autorités nationales françaises n’envisagent aucune action pour faire évoluer la règlementation, arguant que cela est du ressort de la Commission européenne.

Un miel bio… est-il vraiment bio ? Impossible de le savoir…

Les révélations inquiétantes au sujet du miel vendu en France continuent. Après que le magazine « 60 millions de consommateurs » a révélé, fin novembre 2021, que la vaste majorité des « miels de fleurs » sont en réalité des mélanges de différents miels pouvant provenir de régions du monde très éloignées, aujourd’hui c’est le tour des apiculteurs eux-mêmes d’être en colère au sujet du laxisme de la réglementation encadrant le miel bio.

L’objet de leur courroux : les miels étiquetés comme bio qui, en réalité, ne le sont pas. Le point qui interpelle le Syndicat National d’Apiculture, l’association Terre d’Abeilles et l’Union Nationale de l’Apiculture Française n’est en réalité pas nouveau : il s’agit du point 1.9.6.5 de l’Annexe II du Règlement européen n˚ 2018/848, qui date donc de 2018.
Mais ce n’est qu’en janvier 2022, en rédigeant un guide de lecture pour l’application en France de la réglementation européenne relative à la certification biologique en apiculture, que les trois syndicats professionnels ont enfin découvert la réglementation qui régit leur activité et le miel bio.

Il se trouve qu’il est tout à fait légal de certifier biologiques des produits de la ruche issus d’aires de butinage pouvant être composées jusqu’à 49,99 % de floraison(s) non issues de l’agriculture biologique.
En d’autres mots, la règlementation autorise à certifier biologique un produit de la ruche qui ne diffère pas d’un produit conventionnel.

Les trois syndicats d’apiculteurs dénoncent « un règlement intolérable à l’égard des consommateurs et qui menace l’apiculture », « une tromperie délibérée à l’égard du consommateur » et « une imposture, tant pour les apiculteurs conventionnels que pour les apiculteurs biologiques qui ont à coeur de respecter leur clientèle ».

miel bio

Miel bio – On autorise à certifier bio des produits de la ruche issus d’aires de butinage pouvant être composées jusqu’à 49,99 % de floraison(s) non conformes – © Juice Flair

Lire aussi : 7 astuces pour reconnaître le miel naturel du faux miel

Les apiculteurs inquiets de la défiance que suscitent chez les consommateurs les produits bio

Le 16 février 2022, les présidents des syndicats d’apiculteurs ont tenu une réunion avec les représentants de la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE) et de l’Institut national de l’origine et de la qualité (l’organisme public chargé des signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine, notamment du signe AB (Agriculture biologique)), qui ont fait part de leur surprise face au laxisme du règlement en vigueur, sans pour autant envisager de le faire évoluer, s’en remettant à l’avis à venir de la Commission européenne.

« Les scandales agro-alimentaires suscitent chez les consommateurs une défiance qui les rend plus exigeants et plus vigilants y compris vis-à-vis de la certification biologique. C’est pourquoi, comme les autres produits alimentaires qui bénéficient de cette certification, les produits de la ruche – miel, pollen, gelée royale, propolis – doivent être soumis à des exigences fiables, claires, transparentes et vérifiables, tant pour le producteur que pour le certificateur et le consommateur », font savoir les trois organisations professionnelles.

Illustration bannière : La vente de miel certifié biologique constitué jusqu’à 49,99 % de miel non biologique est autorisée ! – © Liga Cerina
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Encore la Commission Européenne ?? non, je ne peux le croire. Cette grosse machine qui distribue les autorisations « de nous nuire » à tout va en fonction des intérêts des gros lobbies, ou labo. Il faut donner un gros coups de balai dans cette Commission Européenne aussi, où règnent pourris et corrompus. Les procès qui arrivent vont êtres à la hauteur de leurs investissements !maintenant à nous de leur nuire !

  2. Règlementation complètement ridicule
    Sachant le parcourt d’une abeille, 3 à 4 km autour de sa ruche, il est impossible qu’un miel français puisse obtenir cette appellation de « bio » ; d’autant que herbicides et autres pesticides sont soumis à une dispersion incontrôlée par les vents!
    Les seuls miels bio pourraient venir des fins fonds de la Russie, de la Mongolie et autres pays ou notre système de cultures intensives qui empoisonnent la planète ne sont pas encore installés, et, espérons le, ne le seront jamais! !
    Un miel bio en France n’existe pas
    Tout comme de mètre une date limite sur un produit qui peut rester consommable plusieurs siècles est complètement ridicule !

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