Visite guidée du Manta, la solution ‘Sea Cleaners’ pour nettoyer l’océan

Chaque année entre 8 et 10 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans. D’ici 2050, la quantité de déchets plastiques entrant dans le milieu marin pourrait être multipliée par dix.

Rédigé par Charlie Trisse, le 4 Feb 2017, à 7 h 10 min
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Face à ce triste constat, Yvan Bourgnon, navigateur français ayant réalisé le tour du monde à bord d’un catamaran, a décidé d’agir en créant l’association The Sea Cleaners, dédiée à la lutte contre la pollution océanique. Il se lance alors dans la construction d’un navire révolutionnaire « le Manta », un collecteur de déchets plastiques.

Le Manta pour filtrer les mers contaminées

Aujourd’hui, on compte deux déchets plastiques pour cinq poissons. En 2050, on atteindra l’équivalent d’un déchet pour un poisson. Les zones les plus polluées par les macro-déchets se situent en Asie du Sud, de l’Inde à la Chine, au sud du Nigéria et au Nord de la Libye.

Même l’Atlantique est contaminée par ce fléau. C’était pourtant un endroit épargné il y a quelques années.
déplore le navigateur Yvan Bourgnon

 

« Le catamaran était arrêté plus d’une centaine de fois par jour dans les mers d’Asie du Sud » explique Yvan Bourgnon. Plus de 85 % du plastique présent provient de la terre, et 60 % de ces déchets sont produits par seulement 12 pays. « Même l’Atlantique est contaminée par ce fléau. C’était pourtant un endroit épargné il y a quelques années » déplore le navigateur.

Le danger de ces macro-déchets réside bien évidemment pour les animaux marins qui se trouvent pris au piège dans les plastiques, mais aussi dans la toxicité dégagée le temps de leur désagrégation. Les macro-déchets peuvent dériver en mer pendant sept à huit mois voire avant de se transformer en micro-déchets, puis en nano-déchets. Une simple bouteille en plastique met plus de 45 ans à se dégrader au fond de la mer.

Rappel :

Un macro-déchet est un déchet solide d’origine humaine, visible à l’oeil nu, soit abandonné sur les côtes, flottant en surface ou immergé.

70 % des marcs-déchets se retrouvent au fond de la mer au bout de six mois. Au cours de ce cycle, ils émettent des particules toxiques qui sont alors absorbés par les planctons. S’ils ne sont pas repérables à l’oeil humain, ils causent pourtant des dégâts importants pour l’écosystème aquatique. C’est donc dès l’émission de ces macro-déchets qu’il faut agir, et c’est ce qu’Yvan Bourgnon et Pierre Fabre, fondateur de l’ONG Oceanoplastic, ont décidé de faire à travers le projet « The Sea Cleaners ».

Le Manta : le camion poubelle de la mer

Le Manta est l’aboutissement concret de ce projet fou. Du nom de la raie Manta poisson « filtreur des mers », ce navire sera capable de collecter les déchets plastiques en haute mer et près des côtes, lorsqu’ils sont sous forme de macro-déchets. Agissant comme un camion poubelle sur l’eau, le navire possèdera la mobilité nécessaire aux déplacements rapides vers les bancs de plastiques concentrés par les vents et les courants. Le quadrimaran pourra intervenir en haute mer jusqu’à 500 km des cotes, même où la profondeur océanique rend impossible l’ancrage au fond de la mer.

Une rampe de collecte de 72 m de large permettra de remonter les macro-déchets sans atteinte à la faune aquatique. En effet, un dispositif électronique d’émissions sonores permettra d’éloigner la faune marine à l’approche du navire, afin d’éviter la pêche accidentelle.

À bord, des tapis roulants achemineront les macro-déchets vers les cuves de stockage. Le Manta peut stocker jusqu’à 300m3 de plastiques. Les campagnes de collectes sont estimées de quelques jours à plusieurs semaines.

La matière plastique récupérée sera ensuite proposée à la valorisation ou le recyclage dans le cadre d’une démarche d’accompagnement à l’économie circulaire dans les zones de collecte.

Le succès du financement obtenu via la plateforme de crowdfunding Kisskissbankbank, va permettre de mener des recherches supplémentaires et de construire un premier collecteur test à l’échelle 1/10e. Alors me Manta, projet utopique ou projet réaliste ? Affaire à suivre mais l’essentiel est d’agir, comme l’a dit Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd : « L’océan est menacé, s’il meurt, nous mourrons ».

Illustration bannière : capture d’écran Youtube

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Titulaire d'un master 2 en "Journalisme et communication à l'international" de Sciences Po Aix et disposant d'un bachelor en "Relations Internationales" de...

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