Être une femme productrice de cacao en Côte d’Ivoire : témoignage de Fanny Doumbia

À l’occasion de la quinzaine du Commerce Équitable, nous avons pu poser quelques questions à Fanny Doumbia, productrice de cacao certifié Fairtrade/Max Havelaar en Côte d’Ivoire.

Rédigé par Marie Mourot, le 25 May 2018, à 14 h 35 min
Être une femme productrice de cacao en Côte d’Ivoire : témoignage de Fanny Doumbia
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ConsoGlobe.com – Qu’est ce que cela a amélioré dans le vie de votre communauté ?

Fanny Doumbia : Le commerce équitable a changé beaucoup de choses en 3 ans déjà. La première chose c’est le fait que les femmes peuvent désormais se regrouper en association. On discute entre nous, on partage nos expériences.

Dans la communauté, la prime de développement versée par nos partenaires nous permet de construire des écoles et d’améliorer l’accès à l’eau potable dans notre pays. Les formations sur la productivité nous ont également permis d’améliorer notre production ainsi que sa qualité.

ConsoGlobe.com – En tant que femme, quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Fanny Doumbia : Je me suis retrouvée la seule femme présidente. J’avais en face de moi uniquement des hommes, souvent plus âgés, et cela n’a pas été simple d’oser m’exprimer et prendre la parole face à eux.

Fanny Doumbia

Fanny Doumbia © via Max Havelaar

J’ai souvent entendu des remarques déplacées. Beaucoup considèrent encore que producteur de cacao est un travail d’homme et que les femmes n’ont pas leur place dans ce secteur, qu’elles doivent rester à la maison et s’occuper de leur mari.

Heureusement, cela est en train de changer et l’ECAM a largement participé à cet effort. Plus les femmes seront impliquées, plus la production sera durable.

ConsoGlobe.com – Quels conseils donneriez aux femmes productrices du monde entier ?

Fanny Doumbia : J’aimerais leur dire que c’est un combat mais qu’il faut le mener. Il faut que nous, les femmes, nous soyons enfin reconnues.

Le travail que nous faisons doit aussi être rémunéré à sa juste valeur, au même titre que celui des hommes. Beaucoup de femmes donnent encore l’argent de leur salaire à leur mari. Car ce sont toujours les hommes qui donnent de l’argent à leur femme pour aller acheter à manger. Cela n’est plus possible, une femme doit pouvoir être libre de dépenser son salaire comme elle le souhaite.

Il faut croire en nos combats, avancer, tout en continuant à respecter nos coutumes et nos traditions. Les femmes doivent s’émanciper et nous sommes sur la bonne voie. Quelque chose est en train de changer.

ConsoGlobe.com – Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux consommateurs de chocolat en France ?

Fanny Doumbia : Il faut que les consommateurs choisissent un chocolat de qualité. Dans notre coopérative, nous produisons une bonne qualité de cacao, avec de moins en moins de produits chimiques.

Il faut acheter du chocolat équitable car il y a de l’humain derrière, nos droits sont respectés. De plus, nous sommes mieux rémunérés et pouvons ainsi améliorer l’accessibilité à l’eau potable, lutter contre le travail des enfants ou encore améliorer les infrastructures de la région. Cela nous permet de continuer à produire du cacao.

Rappelez-vous : en Afrique, nous ne mangeons pas de chocolat car cela est bien trop cher. Il faut donc nous encourager à continuer dans cette démarche, et nous soutenir autant que vous le pouvez.

Illustration bannière : Fanny Doumbia – via Max Havelaar
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Rédactrice web freelance et maman de trois enfants, je me suis toujours sentie très concernée par l'écologie et le développement durable. Constamment en...

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