Ecophyto – Réduire les pesticides : mission impossible en France ?

Rédigé par Emmanuelle Bertrand, le 9 Jan 2015, à 18 h 56 min
Ecophyto – Réduire les pesticides : mission impossible en France ?
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Alors que le plan Eco-Phyto visait à réduire de moitié le recours aux pesticides, ils sont toujours de plus en plus utilisés par les agriculteurs français, mettant en danger notre santé.

Suite à l’annonce du Ministre : « Le Ministre après avoir pris le temps d’un examen approfondi des préconisations du rapporteur proposera les grands axes de la nouvelle version du plan Ecophyto à l’occasion du Comité National d’Orientation et de Suivi le 30 janvier 2015 »(1), cet article sera prochainement mis à jour => C’est ici.

Ecophyto / pesticides – Des objectifs ambitieux, mais pas atteints

Lancé en 2008 par le Grenelle de l’Environnement, le plan Ecophyto visait à réduire de moitié le recours aux pesticides dans l’agriculture française d’ici 2018. Aujourd’hui, dans le pays en Europe qui consomme le plus de pesticides, les résultats à mi-parcours ne sont pas à la hauteur des attentes initiales : les recours aux herbicides et aux fongicides continuent d’augmenter et, selon un communiqué du ministère de l’agriculture, le recours aux produits phytosanitaires a même augmenté en France de 5 % en moyenne entre 2009 et 2013 avec une accélération entre 2012 et 2013. Seul point positif : le recours aux insecticides a diminué.

Si les raisons de cet échec s’expliquent en partie par une météo très pluvieuse en 2013, il est clair aussi que les pratiques peinent à évoluer.

La preuve est dans le pré

Face à cet échec, le gouvernement se voit donc obligé de repousser son objectif de réduction de moitié du recours aux pesticides à l’horizon 2025. Pour y parvenir, il souhaite continuer à mettre en valeur les pratiques économes et performantes constatées au sein d’un réseau pilote de fermes dénommé DEPHY (Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en pHYtosanitaires).

fermes-dephyLancé en 2009, ce réseau comprend aujourd’hui 2 000 fermes pilotes qui expérimentent de nouvelles pratiques montre que l’on peut réduire le recours aux produits phytosanitaires de 12 % tout en conservant de très bons rendements.

Voici quelques-unes des recettes pratiques de ces fermes innovantes :

1. La conversion au bio-contrôle :

il  s’agit pour l’agriculteur d’étudier ses plantes, de les observer pour leur apporter la juste dose de produits phyto-sanitaires, au bon moment, alors que la pratique actuelle des agriculteurs tend vers plus d’automatismes guidés par les recommandations de l’industrie chimique.

2. Du matériel d’épandage plus performant :

faire le choix par exemple de pulvérisateurs mieux réglés pour mieux doser la quantité de produits phyto-sanitaires à utiliser.

chenille-parasite-agriculture-pesticides-013. Plus de rotations à base de variétés résistantes

il faudrait généraliser la technique de l’assolement connue depuis le Moyen-Age qui consiste à éviter de mettre toujours une même culture sur ses terres. Les plantes ne puisant pas les mêmes substances dans la terre, il convient donc d’organiser une rotation des cultures d’autant plus que certaines cultures, comme le pois, apportent un engrais naturel essentiel comme l’azote.

Moins de pesticides rapidement

Voilà des mesures qui devraient permettre d’atteindre rapidement 25 % de pesticides en moins, selon Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle, également agriculteur bio et auteur d’un rapport destiné à relancer le plan Ecophyto.

Ce dernier recommande de trouver des financements supplémentaires – déjà 360 millions d’euros investis en cinq ans – pour former les agriculteurs et les accompagner pour opérer ce changement de pratiques. Les incitations fiscales seraient également bienvenues mais vite : la pollution de l’eau, de l’air et des sols, surtout dans les régions céréalières et viticoles, menace notre santé.

*
réduire les pesticides agriculture france plan ecophyto

Lisez également sur les pesticides :

(1) source : http://agriculture.gouv.fr/Utilisation-pesticides-perspectives-d-avenir

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Institutrice, ex chef de projet et journaliste multimédia, écolo convaincue, Emmanuelle Bertrand est également responsable d’une association de...

18 commentaires Donnez votre avis
  1. Quel monde vivons-nous? On pousse les études , on est donc instruit,
    on a les moyens d’être au courant de presque tout ce qui est nuisible pour l’ homme. On nous conseille pourtant de manger équilibré , manger
    varié, on arrête pas de nous montrer par le biais des médias des recettes d’excellence! des bons produits. Mais qu’attend t-on pour
    se réveiller ! puis qu’il faut tout traiter soi-disant sachant pertinamment que tout ces produits chimiques
    nous tuent!Il faut absolument développer le BIO, pourquoi nos agriculteurs ne savent plus travailler de façon manuelle pour venir à bout des mauvaises herbes, cela ferait du travail pour certains. Bien sûr c’est pénible ! mais les cultivateurs aussi payent
    très cher le système chimique, leur santé en dépend pourtant. Même si nous revenons un peu en arrière cela en vaudrait la peine.faire du travail physique c’est très bon pour la santé n’est-ce pas.
    Pour ROUNDUP , je ne comprends pas les gens, de persister à se servir
    de tout ces produits,où est passé notre intelligence, pour ce laisser
    influencer, ou faire les malins ( il faut bien mourir un jour)Tout est
    ine histoire d’argent il faut vendre autre chose ! des binettes et du paillage et bâche et surtout encourager LE BIO, les aider à démarrer tout ceux qui prennent cette initiative.
    Il faut que ces nouveaux agriculteurs se développent partout.Faisons
    les travailler et cela créera des emplois , comme des associations qui le font déjà. Agissons et -cessons de nous servir de produits – quel qu’il soient puisque nous savons très bien que c’est cancerigène…………………………………………………….

  2. Bonjour
    Comme je reçois la lettre ActuEcophyto, je vous reproduis le témoignage d’un agriculteur « raisonné » de Haute normandie, très intéressant, qui fait partie du réseau Dephy (2000 fermes en France) et tente de réduire ses phytos.
     » (en 2014) l’absence d’hiver a entraîné un salissement précoce des céréales et des colzas. /../J’ai dû appliquer les herbicides dès janvier /../ au printemps j’ai pu une fois de plus vérifier l’intérêt du binage sur maïs pas trop sales avec prairie dans la rotation. A l’inverse le binage n’a pas été envisageable sur de fortes populations de graminées dans mon système « plaine » sans prairie /…/ J’ai terminé avec un indice IFT (nombre de doses / hectare / an) global de 1,3. »
    C’est une belle performance, il aurait été intéressant de distinguer l’IFT des parcelles où il y avait rotation avec prairie et l’indice des parcelles sans prairie. Il y a gros à pa

    • Gros à parier que l’IFT des parcelles avec prairie est très inférieur à celui des parcelles sans prairie.
      Cet agriculteur fait partie d’un groupe très motivé et performant animé par un conseiller compétent et passionné. Il démontre qu’on peut progresser si on s’en donne la motivation et on voit bien que la biodiversité apportée par la prairie est l’une des clés du résultat.

  3. Il est impensable de fléchir et ainsi de repousser la réduction de moitié du recours aux pesticides à l’horizon 2025.

    Devant les problèmes de santé et les nombreuses pollutions, la réduction des pesticides de synthèse est une nécessitée absolue et extrêmement URGENTE!!!

    Dans cette logique, financièrement, nous devons rapidement stopper toutes les aides au niveau de la P A C qui encouragent le recours à l’utilisation de tout pesticides de synthèse.
    Afin d’être sur un plan d’égalité, nous devons taxer sévèrement comme tout pollueurs les fabricants et utilisateurs de ces pesticides de synthèse.

    Payer des impôts pour aider au travers des aides P A C à polluer toujours d’avantage est inconcevable et ne peux plus durer !

  4. La bataille contre les pesticides ne sera gagnée qu’avec des arguments économiques ou de santé publique : les antibiotiques qui étaient ajoutés systématiquement en tant que « facteurs de croissance » aux aliments pour volailles et porcs ont été interdits, même s’il reste qq exceptions, quand on a enfin reconnu que les antibiorésistances des bactéries augmentaient régulièrement.
    Le jour où on pourra chiffrer sérieusement les impacts négatifs des pesticides sur l’environnement, on commencera à avancer.
    Par exemple on chiffre de mieux en mieux les pertes occasionnées par la disparition progressive des abeilles, qui pollinisent nombre d’espèces végétales cultivées.
    On connaît très bien les solutions agronomiques qui permettraient de se passer des pesticides, le problème c’est qu’aujourd’hui encore 1 euro investi dans un pesticide ou un engrais azoté rapporte 3 ou 4 euros à l’agriculteur, c’est la solution de facilité.
    La baisse des cours du pétrole ne fait que diminuer le coût des engrais et n’encourage pas à chercher autre chose (qui dit fortes doses d’engrais dit fort besoin de pesticides)

    • Les antibiotiques ont été interdits ; pourtant les labo pharmaceutiques qui les produisent annoncent un chiffre d’affaire annuel stable ou croissant pour ce type de produits depuis l’interdiction! La « complaisance », voir l’intérêt, des prescripteurs permettent de contourner l’interdiction.

  5. Quelques hommes sur cette planète connaissent les biens fait de l’ortie sur les cultures potagères et les plantes des jardins .
    Pourquoi ne pas essayer sur les cultures céréalières , cela n’est pas impossible .
    Moi même je travaille le purin d’ortie et j’ai de bon résultat , les plantes restes en bonnes santé jusqu’à l’automne .
    Vous aller dire que pour un agriculteur avec 100 hectares de terre sa va être un peu difficile . Je vous réponds due sa va être moins difficile que faire du foin .
    Car l’ortie peut -être récolté sous la pluie et puis misent en macération dans des cuves en plastiques .
    Puis récolté se jus concentré filtré .
    On peut le faire avec d’autres plantes ( prèle ,consoude de Russie … )
    Il faut que juste le paysan veuille le faire .
    Mais en France on ne veut pas sa bouge tout est au point mort , les cultures saines, et tous les innovations écologistes est au fret de l’innovateur .
    Ou faut t-il se poser la question :
    Mieux produire moins mais plus sain pour la santé humaine .
    OU
    Produire plus pour crevé plus vite .

    • exact on se demande ce que l’on attend pour agir ,
      c’est si compliqué que cela , vouloir c’est pouvoir.
      Certaines choses peut etre moins importantes aboutissent bien!

  6. La 1ère chose à faire est de résister aux lobbies agro-industriels représentés par la FNSEA.

    • Résister aux lobbies et à la FNSEA pourrait se faire, si les politiques en avaient le courage à l’échelle de l’Europe, en diminuant le plafond des aides de la PAC à 100 000 € et non à 300 000 comme il a été voté en 2014 malgré les propositions des Verts et qq autres.
      Cela changerait tout car les grandes exploitations (qui accaparent 80% des aides) n’étant plus aussi rentables on stopperait la course aux surfaces et on permettrait à des jeunes de s’installer sur des surfaces moyennes, avec l’argent économisé on aiderait la polyculture.
      Mais le courage politique n’est pas fréquent, en agriculture probablement moins qu’ailleurs si on en juge par les actions de notre ministre Le Foll, qui pratique le double langage avec un art consommé en parlant d’agroécologie alors qu’il est inféodé au lobbies en particulier bretons et beaucerons

  7. Bonjour
    Réduire de 25% est possible rapidement mais pour aller au delà il faut un changement complet d’agronomie.
    Il est probablement plus difficile de passer de 25% à 40% de réduction que de 40 à 90% .
    Réduire voire annuler les pesticides est possible mais à une condition sine qua non qui est d’augmenter la biodiversité : aujourd’hui une ferme céréalière cultive au plus 5 ou 6 espèces végétales (blé orge betterave colza lin ou tournesol ) alors qu’il en faudrait au moins 15 ou 20 et introduire la prairie dans l’assolement. Pour ça il faudrait diminuer la taille des parcelles et faire de la polyculture élevage partout au lieu de spécialiser les régions.
    ça voudrait dire aussi favoriser les circuits courts seuls à même de commercialiser des produits de qualité à un prix correct pour le producteur et le consommateur. On en est très très loin.
    Il n’y a pas de bons pesticides car leur action sur le long terme est toujours néfaste à l’environnement quand ce n’est pas aux agriculteurs eux mêmes. Même la lutte intégrée, si elle se généralisait, risquerait de mettre dans la nature des espèces de prédateurs (guêpes ou coccinelles) en quantités incompatibles avec les équilibres écosystémiques.
    Il faut venir enfin à une vraie agronomie, celle qui utilise des méthodes et non des produits, ou seulement de façon exceptionnelle. On est en moyenne, tous produits et cultures confondus, à 3-4 doses par hectare et par an, il faudrait descendre à moins d’1 demi dose.
    Les 2 milliards d’euros injectés par M le ministre Le Foll dans la méthanisation des lisiers pour justifier l’élevage industriel seraient autrement plus utiles à former les agriculteurs, qui bien souvent ne savent faire qu’appliquer les ordonnances prescrites par les techniciens agricoles et les firmes de produits. Beaucoup d’agriculteurs sont demandeurs de telles formations mais on manque cruellement de finances pour avoir des gens compétents.

    • J’habite en Beauce, autant dire que je vois toujours la même chose dans les champs: blé, maïs, betteraves, pois, tournesol et soja.
      La terre est jaune et pue la mort.
      Je n’ai jamais essayé d’y mettre un coup de bêche, mais il ne doit pas y avoir beaucoup de vers.
      Etant enfant, je vivais en Saône et Loire.
      La terre y était marron foncé, grasse, elle sentait bon.
      Les gens viennent de plus en plus à consommer local.
      Il faut s’habituer à ne pas manger de tomates, concombres, … en plein hiver.
      J’avais entendu un jour que des pommes de terre produites en Bretagne partaient en Italie pour y être épluchées puis aux Pays-Bas pour y être transformées en frites.
      On marche sur la tête.
      Il y a du boulot.
      Et il faudrait que les petits producteurs ne soient pas soumis aux mêmes normes que l’agro-business.
      Ma marchande d’œufs et volailles bio repart du marché à vide.
      Elle n’a pas les problèmes de conservation que les grandes surfaces.
      Idem pour mon marchand de fromages.

      Certes je ne suis plus dans les pesticides, mais l’esprit est le même.

    • Pour financer des conneries, on trouve toujours de l’argent.
      C’est curieux non ?
      C’est le résultat de l’enseignement de l’ENA ???

  8. @THEISSEN Gilbert

    Merci pour l’information, je n’étais pas au courant.
    Mais ça n’a pas l’air d’être très dissuasif !!!

  9. Une chose aussi que je voudrais ajouter.
    Certains politiques nous disent que produire des pesticides, ça crée de l’emploi (comme fabriquer des armes, …)
    Ils ont quoi dans la tête ces gens là pour sortir pareilles conneries ???

  10. La FNSEA est contre l’agriculture bio et même raisonnée.
    Et beaucoup d’agriculteurs sont prêts à empoisonner la planète et eux avec pour gagner quelques points de rendement.

    Si on veut réduire l’usage des pesticides, il n’y a que 2 voies:
    – taxer ceux qui les utilisent et ne plus leur donner de subvention. Appliquer le principe « pollueur – payeur » (idem pour les OGM qui contaminent la nature)
    – subventionner le bio et encourager les consommateurs à aller dans cette voie

    • La taxe a été mise en oeuvre via le rectificatif à la loi de finance 2014 :
      « Art. L. 253-8-2. – créé par la loi 2014-1655 de finances rectificative pour 2014, art. 104 du 29 décembre 2014
      I. – Il est perçu une taxe sur les produits phytopharmaceutiques bénéficiant, en application du règlement (CE) n° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil, du 21 octobre 2009, concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques et abrogeant les directives 79/117/CEE et 91/414/CEE du Conseil, et de l’article L. 253-1, d’une autorisation de mise sur le marché ou d’un permis de commerce parallèle.
      « II. – Cette taxe est due chaque année par le titulaire de l’autorisation ou du permis de commerce parallèle valides au 1er janvier de l’année d’imposition.
      « III. – Elle est assise, pour chaque produit phytopharmaceutique mentionné au I, sur le montant total, hors taxe sur la valeur ajoutée, des ventes réalisées au cours de l’année civile précédente, à l’exclusion des ventes des produits qui sont expédiés vers un autre Etat membre de l’Union européenne ou exportés hors de l’Union européenne.
      « IV. – Le taux de la taxe, plafonné à 0,3 % du chiffre d’affaires mentionné au III, est fixé par arrêté. Le cas échéant, le montant de la taxe est arrondi à l’euro inférieur. Le seuil minimal de recouvrement est de 100 €.
      « V. – Une déclaration par autorisation de mise sur le marché ou par permis de commerce parallèle, conforme au modèle établi par l’administration, retrace les informations relatives aux ventes réalisées au cours de l’année civile précédente pour les produits donnant lieu au paiement de la taxe. La taxe est acquittée lors du dépôt de la déclaration, et au plus tard le 31 mai de chaque année.
      « VI. – Le produit de la taxe est affecté à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, dans la limite du plafond fixé au I de l’article 46 de la loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012, pour financer la mise en place du dispositif de phytopharmacovigilance défini à l’article L. 253-8-1 du présent code.
      « VII. – Le recouvrement de la taxe est assuré par l’agent comptable de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, selon les procédures, sûretés, garanties et sanctions applicables aux taxes sur le chiffre d’affaires. »

  11. Les pesticides, les herbicides, les fongicides, les insecticides, sont des suicides de la nature. A quand des «  »Tyrannicides » » ?

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