Derrière nos assiettes : exploitation, déforestation et injustice
Des produits importés s’invitent chaque jour dans nos assiettes et nos placards. Mais que cachent réellement ces importations ?

Une étude conjointe de Greenpeace France, Max Havelaar France et l’Institut Veblen, réalisée par le BASIC, met en lumière les conséquences alarmantes des produits importés sur la santé, l’environnement et les droits humains.
Des filières d’importation aux impacts humains et écologiques massifs
C’est une étude choc sur les produtis importés qu’ont publiée en avril 2025 Greenpeace France, Max Havelaar France et l’Institut Veblen. Cette enquête révèle que des denrées courantes telles que le cacao, le café, le riz, la banane, l’huile de palme ou encore la vanille sont associées à des pratiques préjudiciables tant pour les populations locales que pour les écosystèmes des pays producteurs.
L’étude identifie six filières majeures – cacao, vanille, riz, huile de palme, sucre de canne, café – comme concentrant les violations des droits humains, notamment le travail des enfants, le travail forcé et des salaires indécents. Dans ces filières, les travailleurs perçoivent souvent moins de 60 % d’un revenu vital. Par ailleurs, le cacao et le soja sont pointés du doigt pour leurs impacts environnementaux significatifs, incluant des taux élevés de déforestation et de pollution des eaux.
Des cas emblématiques de précarité extrême
Voici les cultures dont la production concentre les pires abus :
– Tomates (Maroc) : Conditions de travail indignes, notamment pour les ouvrières agricoles, avec des cas d’agressions sexuelles. Les revenus sont très faibles (65 % du niveau de revenu décent). La culture sous serre pèse sur les ressources en eau et les écosystèmes locaux, dans un contexte de sécheresse croissante.
– Soja (Brésil) : Accaparement des terres des peuples indigènes, cas de violations du droit du travail et de travail des enfants, discriminations, risques sanitaires. Il est lié à une déforestation massive dans le Cerrado, à des émissions de gaz à effet de serre très élevées et à une consommation d’eau bleue parmi les plus importantes de toutes les cultures importées.
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– Avocat (Pérou, Kenya) : Revenus imprévisibles, violations des droits syndicaux, agressions sexuelles, accaparement des terres. La culture accentue les tensions sur la ressource en eau dans des régions déjà en stress hydrique.
– Vanille (Madagascar) : Les producteurs ne perçoivent que 40 % du niveau de vie décent. La culture est également très polluante pour les ressources en eau.
– Cacao (Côte d’Ivoire, Ghana) : La culture est la plus liée à la déforestation en Afrique de l’Ouest. Le cacao est également une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution des sols. Marqué par la pauvreté structurelle des producteurs, le travail des enfants et un accès très limité aux droits sociaux.
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– Huile de palme (Indonésie, Malaisie) : La culture est responsable de la destruction massive des forêts tropicales, d’émissions de CO₂ importantes et de pertes de biodiversité. Les conditions de travail y sont souvent précaires : bas salaires, exposition à des produits chimiques et conflits fonciers.
Des réglementations européennes à mettre en oeuvre sans tergiverser
Trois textes issus du Pacte vert européen peuvent améliorer durablement les pratiques des entreprises agro-industrielles et la traçabilité des chaînes d’approvisionnement :
– Le RDUE (Règlement contre la déforestation) : Ce règlement interdit l’importation dans l’UE de produits associés à la déforestation. Il couvre des produits tels que le cacao, le café, l’huile de palme, le soja, le bois, le caoutchouc et le bétail. Les entreprises doivent prouver que leurs produits ne proviennent pas de terres déboisées après le 31 décembre 2020.
– La CS3D (Directive sur le devoir de vigilance des entreprises) : Cette directive oblige les entreprises à identifier, prévenir et atténuer les risques pour les droits humains et l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement. Elle s’applique aux entreprises de plus de 1.000 salariés et avec un chiffre d’affaires mondial supérieur à 450 millions d’euros.
– Le règlement sur le travail forcé : Ce règlement interdit l’entrée sur le marché européen des produits issus de l’esclavage moderne. Il sera appliqué à partir de décembre 2027.
Ces textes, s’ils sont bien combinés, couvrent l’ensemble des enjeux identifiés par l’étude. Ils ont un potentiel d’amélioration majeur, à condition que leur mise en oeuvre soit rigoureuse, contrôlée et ambitieuse.
Rejeter l’accord Mercosur : une menace systémique
L’étude pointe également les risques majeurs liés à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. En l’état, il ne garantit ni la protection des droits humains, ni celle de l’environnement. Il accentuerait la pression sur les écosystèmes déjà fragiles et affaiblirait les filières durables.
Les produits importés que nous consommons quotidiennement peuvent donc avoir des conséquences dévastatrices sur la santé, l’environnement et les droits humains. Il est impératif de mettre en place des réglementations strictes et de repenser nos modes de consommation pour garantir un avenir durable et équitable pour tous.
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