Et si le réchauffement climatique empoisonnait le riz ?
L’augmentation conjointe de la température et du CO2 pourrait bien rendre toxique l’aliment de base d’une bonne part de la population mondiale.

Si le riz, l’aliment de base d’une bonne moitié de la population mondiale, est empoisonné par le réchauffement climatique, c’est la survie du monde entier qui est en danger.
Le riz directement affecté
Une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet Planetary Health(1) souligne le risque vital couru par la production de riz. En effet, selon les scientifiques de l’université de Columbia, les changements atmosphériques engendrés par le réchauffement climatique augmenteraient la concentration d’arsenic dans ces céréales.
Leur texture poreuse facilité l’absorption de contaminants environnementaux. À cela s’ajoute le fait que le mode de culture, en rizière, expose le riz à l’arsenic, un puissant cancérigène présent dans certains sols et certaines eaux. Selon l’étude menée pendant six ans par une équipe internationale de scientifiques sur différentes variétés de riz, le risque est avéré. « Il existe de plus en plus de preuves que le changement climatique, sous la forme d’une hausse des températures et d’une augmentation des concentrations de CO2, peut affecter directement les rendements du riz et sa qualité nutritionnelle, explique les chercheurs. Outre l’eau potable, le riz est la plus grande source alimentaire d’arsenic inorganique. »
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Les dangers de l’arsenic
Les recherches précédentes sur le riz avaient montré qu’en soi, la hausse de la température pouvait à elle seule augmenter le niveau d’arsenic dans le riz. Mais c’est également le cas avec le dioxyde de carbone. Les conséquences de la combinaison entre les deux est sans commune mesure en termes de hausse de la concentration en arsenic inorganique dans les grains de riz. Ainsi, « la hausse des températures et du CO2 atmosphérique pourrait augmenter l’accumulation d’arsenic inorganique dans les grains de riz, en grande partie en raison d’une dissolution réductrice accrue de l’arsenic et d’une biodisponibilité plus élevée de l’arsenic ».
Or, une exposition prolongée à l’arsenic inorganique provoque tant des maladies cardiaques que des cancers de la peau, de la vessie et des poumons. « Des preuves actuelles suggèrent que l’arsenic inorganique pourrait également être lié au diabète, à des problèmes de grossesse et de développement neurologique, à des effets immunitaires, à d’autres cancers et à d’autres maladies », précisent les chercheurs. Les sept grands pays consommateurs de riz d’Asie seraient les plus exposés à ce risque, selon les projections : Bangladesh, Chine, Inde, Indonésie, Myanmar, Philippines et Vietnam.
Développer de nouvelles variétés
La consommation de riz dans le sud de la Chine et en Asie du Sud-Est et du Sud est déjà reconnue comme un contributeur important à l’exposition alimentaire à l’arsenic inorganique et au risque de cancer. Pour les chercheurs, établir des seuils stricts sur la présence d’arsenic dans l’alimentation s’impose. Mais il faudrait également, faute d’alternatives pour les consommateurs, oeuvrer à développer des variétés de riz moins sensibles à l’absorption d’arsenic.
Alors que le riz est la céréale la plus consommée au monde, que se passera-t-il s’il devenait toxique, alors qu’il constitue l’aliment de base de milliards d’êtres humains ? Si le réchauffement climatique, la hausse de la température et celle du CO2 se poursuivaient, la question posée pourrait tout simplement être celle de la survie de l’humanité.
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