Vente d’alcool aux mineurs : une pratique illégale généralisée

Il y a les principes, la loi, et puis la réalité : malgré l’interdiction, les mineurs n’ont aucun mal à acheter de l’alcool en France, où que ce soit.

Rédigé par , le 4 Jul 2025, à 10 h 10 min
Vente d’alcool aux mineurs : une pratique illégale généralisée
Précédent
Suivant

Comme le révèle l’association Addictions France, des géants de la grande distribution aux bars de quartiers, tous sont hors-la-loi en matière de vente d’alcool aux mineurs.

La première substance psychoactive expérimentée

En principe, avant de vendre de l’alcool, tout commerçant devrait exiger une preuve de la majorité du client. Une obligation légale, et pourtant largement ignorée. L’article L.3342-1 précise que la personne qui délivre la boisson exige du client qu’il établisse la preuve de sa majorité. Cela suppose en principe « un acte systématique et non conditionné par le simple doute sur l’apparence physique du client ». C’est pourtant le cas, et encore quand contrôle il y a… Comme le souligne le rapport « L’alcool en libre accès pour les mineurs : quels leviers pour agir ? » d’Addictions France, En réalité, 86 % des établissements vendent de l’alcool aux mineurs. Et cela va de la petite épicerie de quartier aux bars et aux restaurants, en passants par les enseignes de la grande distribution. « Les mineurs peuvent acheter de l’alcool n’importe où, sans aucune difficulté », constate l’association, qui a fait le test avec des mineurs accompagnés d’huissiers.

« L’alcool est aujourd’hui la première substance psychoactive expérimentée par les adolescents avec des premières consommations qui interviennent souvent dès le collège (43,4 % des collégiens en 2022), en général vers 13-14 ans, rappelle l’association. Un tiers des adolescents de 17 ans a eu un épisode de binge drinking (épisode d’alcoolisation ponctuelle importante) ; cela concerne aussi près de 15 % des élèves de 4e et 3e. Or, une consommation précoce peut altérer durablement certaines zones cérébrales, affecter les capacités d’apprentissage et accroître les risques de dépendance à l’âge adulte ».

Systématiser les contrôles aléatoires

« C’est une pratique illégale généralisée à l’ensemble des enseignes et des débits de boissons, à emporter ou sur place, au vu des vagues d’achats tests menées en 2021, 2023 et 2025 par Addictions France dans le cadre d’un projet expérimental dans trois villes de l’ouest, Nantes, Angers et Rennes. » Plus grave encore : les trois quarts des enseignes faisant l’objet de poursuites judiciaires pour cette infraction ont récidivé.

Face à cette dérive généralisée, Addictions France propose des mesures afin de renforcer l’interdit, et qu’il soit réellement appliqué. Elle appelle à « des mesures dissuasives concrètes pour concilier protection des mineurs et viabilité du secteur, qui ne doit pas prospérer au détriment de la santé publique ». Au-delà d’un suivi national des contrôles et des sanctions, elle prône le développement des sanctions administratives, l’instauration d’un régime de sanction graduées en proportion du chiffre d’affaires, mais aussi la systématisation de contrôles aléatoires.

Lire aussi
Qui sont les plus gros consommateurs d’alcool au monde ?

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !



Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis