Steaks hachés frauduleux : un rapport dénonce la ‘négligence’ de l’État

Selon un rapport sénatorial, le fabricant polonais Biernacki, qui gagnait systématiquement les appels d’offres de l’État français tout en fournissant des steaks hachés non conformes aux normes françaises, n’avait pas été contrôlé pendant cinq années consécutives.

Rédigé par Anton Kunin, le 25 Jul 2019, à 10 h 10 min
Steaks hachés frauduleux : un rapport dénonce la ‘négligence’ de l’État
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Alors que dans un steak haché la réglementation française n’autorise que du muscle, les steaks, que fournissait Biernacki sur appels d’offres du ministère français de l’Agriculture, contenaient également de l’estomac, des amygdales, du cartilage, du coeur de boeuf, du soja, de l’amidon et des morceaux de viande déjà transformés ! Un scandale qui aurait donc dû être évité sans de grosses défaillances dans les procédures de contrôle…

Même après un problème de salmonelle, Biernacki n’a jamais été contrôlé

Moins de deux mois après les premières révélations sur la livraison à des associations caritatives françaises de steaks hachés surgelés non conformes, un rapport sénatorial vient d’apporter plus de clarté sur ce qui s’est passé… Même si les réponses à bon nombre de questions se font toujours attendre.

Les associations caritatives ont reçu plus de 1400 tonnes de viande de piètre qualité et non conforme © Salov Evgeniy

À compter de juillet 2018, la Croix Rouge, les Restos du Coeur, le Secours Populaire Français et la Fédération française des banques alimentaires ont reçu en tout 1.436 tonnes de steaks hachés de piètre qualité et ne répondant pas au cahier des charges(2).

Ces steaks avaient été achetés sur appels d’offres de FranceAgriMer (une agence du ministère de l’Agriculture) dans le cadre d’une dotation du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), avant d’être confiés aux associations caritatives chargées de leur distribution. Le sénateur Fabien Gay, auteur d’un rapport sur ce dossier, dénonce aujourd’hui la « négligence » de l’État, qui a rendu cette fraude possible.

Selon le rapport sénatorial, le fabricant polonais Biernacki, mis en cause dans ce scandale, n’avait pas été contrôlé ni en 2017, ni en 2016, ni en 2015, ni en 2014, ni en 2013. Cela, alors même que ce fournisseur a déjà eu un problème sanitaire grave (contamination à la salmonelle) en 2015. « Donc, ce fabriquant, qui a déjà connu des problèmes, peut concourir chaque année aux marchés publics et les remporter, sans jamais être contrôlé ! », tempête le sénateur sur sa page Facebook.

Lire aussi : Nouveau scandale sanitaire dans un abattoir en Pologne et Scandale sanitaire : de la viande avariée polonaise vendue en France !

Fabien Gay rappelle par ailleurs que 60 % des fabricants de denrées alimentaires sont contrôlés chaque année… alors même que les contrôleurs n’ont pas inquiété Biernacki pendant cinq années consécutives.

Faux steaks hachés : Biernacki garde le silence sur la traçabilité de la viande utilisée

Autre problème soulevé dans le rapport : Biernacki ne communique pas sur l’origine géographique de la viande qui sert à la fabrication de ses steaks. « Alors que l’on demande à nos agriculteurs une traçabilité sur chaque morceau de viande, que l’on vote des traités de libre-échange en nous promettant la traçabilité sur tous les produits, nous ne sommes pas capables de l’obtenir sur un marché intra-européen ! », fait remarquer Fabien Gay.

D’après le rapport, le fournisseur polonais ne communiquerait pas sur la provenance de la viande © Milanchikov Sergey

Le rapport nous apprend, par ailleurs, que les volumes des livraisons de steaks hachés non conformes ont été bien supérieurs à ce qu’on croyait précédemment. Les associations françaises ont reçu en tout 1.436 tonnes de ces produits… et non pas 780 tonnes, chiffre qui était évoqué au moment où le scandale a éclaté. Montant encaissé par Biernacki : 5,2 millions d’euros !

Le premier coupable de ce scandale, selon Fabien Gay, est l’État français. Le sénateur dénonce « un manque évident de moyens financiers et humains pour mener son action », premier levier à actionner pour qu’une telle situation ne se reproduise pas à l’avenir.

Illustration bannière : Photo de steaks hachés -© Sebastiana
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. Voici un complément de ce qui nous attend avec les accords commerciaux avec le CETA puisque suivent l’accord avec le MERCOSUR (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) et bien d’autres : nous devons dire non à tous ces accords de commerce qui donnent plus de pouvoirs aux multinationales au détriment des citoyens, de la santé, des agriculteurs et de la planète !

  2. ……..et si on veut manger des steacks hachés de qualité, il suffirait, tout simplement, d’acheter de la bonne viande, un bon moulin pour hacher et la hacher soi-même JUSTE AVANT DE LE CUIRE car, comme tout le monde sait, UNE VIANDE HACHÉE DEPUIS PLUS DE 30 MINUTES PEUT DÉJÀ CONTENIR DES BACTÉRIES TOXIQUES………

  3. Il n’y a pas que dans les steacks hachés que le GOUVT est négligeant, quand on voit les étalages, surtout des grandes surfaces, il faudrait ÉLIMINER LA MOITIÉ SES PRODUITS pour enfin vivre mieux, plus économiquement et en santé !

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