Extensions de cils : quand la beauté menace les yeux
Les techniques d’extension consistent à fixer des cils synthétiques à la base des cils naturels à l’aide de colles contenant des agents chimiques.

Le regard magnifié à coup d’extensions longue tenue est devenu un standard de la beauté contemporaine. Mais cette quête de sophistication esthétique pourrait bien faire vaciller la frontière entre allure et alerte médicale. Que cachent réellement ces cils parfaits ?
L’alerte sanitaire autour des cils s’intensifie : quand la beauté touche à la santé
Des ophtalmologues ont tiré la sonnette d’alarme sur BFMTV(1) à propos pratique jugée de plus en plus problématique par les professionnels de santé : les extensions de cils. Dans cet univers où le regard doit captiver, la réalité ophtalmologique est tout sauf glamour. Rougeurs persistantes, démangeaisons, paupières gonflées : les cabinets médicaux voient défiler des patientes de plus en plus nombreuses, victimes d’une pose mal encadrée, souvent pratiquée à domicile ou dans des instituts peu regardants sur l’hygiène. « Ce qui pourrait avoir l’air d’être juste un maquillage présente le risque de vraies complications à chaque étape », avertit la professeure Dominique Brémond-Gignac, ophtalmologue pédiatrique à l’Hôpital Necker.
Mais ces témoignages médicaux ne sont pas isolés. De nombreuses sources confirment une montée en puissance des problèmes liés à cette mode. Le site AlloDocteurs rapportait déjà, en avril 2024, une augmentation significative des pathologies oculaires associées à ces pratiques : infections, réactions allergiques, troubles de la pousse des cils, voire lésions cornéennes.
Des cils en beauté, des yeux en danger : les effets secondaires souvent sous-estimés
Les techniques d’extension consistent à fixer des cils synthétiques à la base des cils naturels à l’aide de colles contenant des agents chimiques, dont certains sont hautement irritants. Le formaldéhyde, notamment, est un composant régulier de ces adhésifs.
Le Dr Alain Boutboul, ophtalmologue à Paris, explique dans les colonnes de Femme Actuelle : « La colle utilisée contient souvent du formaldéhyde, un composant irritant et potentiellement allergène. » Ce produit peut induire une kératite ou une conjonctivite sévère. En cas de contact prolongé ou répété, les yeux peuvent développer une hypersensibilité, même chez des patientes qui ne présentaient jusque-là aucune allergie.
Les risques ne s’arrêtent pas là. Selon le Dr Romain Nicolau, cité par ELLE dans son article du 10 mai 2025 : « Les conjonctivites ne sont pas rares. Le plus alertant ces derniers mois reste l’utilisation de lampe UV dans le but de consolider les extensions. » Ce procédé, venu des États-Unis, expose l’oeil à une lumière artificielle proche des UVA, augmentant les risques de dégénérescence maculaire ou de cataracte prématurée.
Extension de cils : dérives, absence de cadre légal et vide sanitaire
Derrière l’esthétique lisse d’un cil allongé se cache un secteur encore largement sous-régulé. Aucun diplôme reconnu n’est requis pour exercer en France dans la pose d’extensions de cils. Résultat : les praticiens s’improvisent techniciens de la beauté sans encadrement sanitaire. Certains instituts opèrent même sans déclaration officielle, et les poses à domicile pullulent sur les plateformes de mise en relation.
Les colles elles-mêmes échappent en partie au contrôle strict des autorités sanitaires. En avril 2024, AlloDocteurs évoquait l’usage de substances « à l’efficacité cosmétique douteuse, mais à la dangerosité bien réelle ». Des sérums de croissance y sont également critiqués, car contenant des vasodilatateurs non testés cliniquement pour l’usage oculaire. À cela s’ajoute une pratique émergente : la suppression des cils inférieurs dans les poses dites « fox eyes ».
Le récit de Claire, recueilli par BFMTV, est emblématique. Elle choisit un institut de quartier pour s’offrir des extensions « comme tout le monde ». Résultat : brûlure, oeil rouge, paupière gonflée, et prescription d’antibiotiques ophtalmiques. En l’absence de stérilisation des pinces et d’un test d’allergie préalable, les risques s’étaient accumulés sans qu’elle le sache.
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