Une Europe agroécologique pour 2050 ?

Les indices nous prouvant que notre système agricole et alimentaire doit être repensé sont presque aussi nombreux que les incidents qui ont lieu sur le sujet à travers toute l’Europe. Une Europe agroécologique pourrait être une solution; devrait être la solution ?

Rédigé par Julien Hoffmann, le 14 Nov 2018, à 8 h 00 min
Une Europe agroécologique pour 2050 ?
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L’agroécologie favorise les techniques intégrant la nature à la production agricole. La production de fruits et légumes ou encore de céréales en agroécologie est de fait plus complexe qu’une production agricole à coups d’engrais et autres produits chimiques de synthèse. Alors, une Europe agroécologique pour 2050 serait-elle possible ?

Un Europe agroécologique, c’est possible ?

Oui. C’est la réponse donnée par « Ten Years For Agroecology in Europe » (TYFA) conjointement avec l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et le bureau d’études AScA, en collaboration avec un conseil scientifique composé de chercheurs de premier plan. En effet toutes ces instances et ces grands noms se sont associés pour modéliser un scénario agroécologique dans le cadre européen, et c’est possible(1) !

Cultures en agroécologie © Elena Dijour

Il faudra cependant encore chercher des solutions à bien des problèmes engendrés par les techniques agroécologiques et notamment celui de la baisse des rendements. L’agriculture basée sur les produits de synthèses a tiré tout ce qu’elle pouvait des sols en s’affranchissant de toutes les réalités d’une nature pourtant partie prenante.

Revenir désormais en arrière pour produire à nouveau naturellement mais en plus grande quantité est un enjeu de société autant que de santé publique qui mérite que nos rendements diminuent (ce scénario anticipe une baisse de 35 % des rendements).

Des changements à réaliser à plusieurs niveaux

Il ne s’agira donc pas uniquement de produire en agroécologie, il faudra de prendre la problématique de l’alimentation et de la production agricole à tous les échelons pour pallier à la baisse de rendement.

Diminuer la part des produits animaux dans notre alimentation sera alors un des premiers points à mettre en oeuvre. Encore une fois cela est envisageable à la fois d’un point de vue technique en favorisant fruits, légumes et fibres ; mais aussi d’un point de vue sanitaire car ce serait là une alimentation plus saine pour les européens.

L’objectif visé de l’année 2050 n’est pas anodin, il prend également en compte l’avancée des recherches en matière agroécologique. Ainsi le choix des variétés plantées en fonction des différents types de sols, l’élaboration de nouvelles techniques de production adaptées aux environnements géographiques ou encore les réflexions sur les filières de production dans leur globalité sont des points essentiels à travailler dès à présent.

Enfin, d’un point de vue du développement durable en général, il a également été pris en compte l’abandon de l’importation des protéines végétales qui ont un coût carbone particulièrement élevé. À ceci aussi, l’agroécologie de 2050 devra pouvoir répondre.

Pour une production cohérente

Une alimentation durable est un enjeu de société et donc un enjeu politique majeur que ce scénario prend en compte en démontrant qu’il sera possible de :

  • Conduire à une réduction des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) du secteur agricole de 40 %
  • Nourrir sainement 530 millions d’européens tout en conservant une capacité d’exportation
  • Réduire l’empreinte alimentaire mondiale de l’Europe
  • Permettre de reconquérir la biodiversité et de conserver les ressources naturelles

Si ces implications sont de l’ordre de la santé publique et du développement durable, ils sont également politiques dans la mesure où les citoyens européens sont de plus en plus exigeants en la matière. Hors, démontrer que le secteur agricole pourrait y trouver son compte à un tel changement est le meilleur moyen de travailler tous ensemble à un changement de modèle.

Un objectif naturel

Préserver la biodiversité, limiter l’utilisation des ressources naturelles et lutter contre le changement climatique sont devenues des points essentiels au développement et au maintien de nos sociétés.

Élaborer un modèle agroécologique original et capable de satisfaire tout le monde d’ici à 2050 est aussi une façon de préserver notre environnement de manière pérenne. Les modes de production sont à réfléchir aussi sûrement que l’utilisation que nous faisons actuellement de nos terres agricoles (la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages en est un exemple encourageant).

Paysage agroécologique © Daniel J. Rao

Avec pour horizon un modèle agroécologique, c’est inévitablement les arbres champêtres, les haies, les talus ou tourbières, les ouvrages en pierre sèche et une multitude d’autres habitats pour autant de biodiversité qui apparaîtront à travers toute l’Europe… Ce qui n’est pas pour nous déplaire !

Illustration bannière : Cultures en agroécologie © Konstanttin
Références :
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