Et si la procrastination n’était pas un défaut ?

Attention à ne pas confondre procrastination et paresse… Le fait de reporter certaines tâches moins agréables peut en fait s’expliquer.

Rédigé par Paul Malo, le 17 Mar 2024, à 9 h 00 min
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Avez-vous déjà entendu du « biais de pondération de Valence » ? C’est sans doute plus simple de parler de procrastination, le fait de faire l’équilibre entre tâches agréables ou non en les reportant à plus tard. Mais en fait, il s’agit là d’un concept tout-à-fait explicable, et non pas d’un simple défaut pouvant confiner à la paresse.

L’équilibre entre tendance négative et positive

Des chercheurs de l’Ohio State University(1) ont décidé de se pencher sérieusement sur le sujet. Pour Russell Fazio, auteur principal et professeur de psychologie au sein de cette université, il s’agit là de
« la tendance des individus à s’adapter à de nouvelles circonstances en s’appuyant davantage sur leurs attitudes positives ou négatives, dans le contexte de l’approche d’une tâche désagréable, qu’elle soit négative ou positive. »

Selon lui, « la question est de savoir qui gagnera cette bataille – si, effectivement, il y a des éléments à la fois positifs et négatifs ? » Des études successives ont permis aux chercheurs d’approfondir la question et de définir quel est en fait le processus mental conduisant à reporter une tâche désagréable. Un lien semble apparaître clairement entre une attitude plus négative et la procrastination. Mais il est en fait possible d’inverser la tendance et d’amener des procrastinateurs chroniques à faire les choses en temps et en heure, à revenir en quelque sorte à une certaine neutralité dans leurs arbitrages entre tâches agréables et désagréables.

Un cocktail de raisons

« Il vaut mieux être plus objectivement équilibré que d’être à l’un ou l’autre des extrêmes », explique le professeur de psychologie Russel Fazio. « Mais la situation dans laquelle un biais de pondération de valence particulier est susceptible de poser problème va varier. » Les études successives menées, dont les résultats ont été publiés dans la revue Personality and Individual Differences, ont mobilisé plusieurs centaines de volontaires, au fil des étapes.

Une première expérience a été menée après de 232 participants, appelés à remplir leur déclaration d’impôts. Elle a montré à quel point les individus ayant tendance à se focaliser sur les aspects négatifs d’une situation sont les plus susceptibles d’atermoyer. Une seconde étude, menée auprès de 147 étudiants universitaires, montre que c’est en fait l’association entre maîtrise de soi, faible motivation et préjugés négatifs qui les amenaient à retarder leur participation à un programme de recherche fictif en échange de crédits de cours.

Des effets positifs de la procrastination

« La première étude a établi l’effet fondamental d’un biais de pondération négatif, mais la deuxième étude apporte quelques nuances », a estimé Granados Samayoa, chercheur postdoctoral à l’Université de Pennsylvanie. « Pour les personnes qui n’y pensent pas trop, leurs tendances de pondération guident leur comportement de manière simple. Mais si quelqu’un est plus motivé et capable d’y réfléchir davantage, cela pourrait amener d’autres considérations qui atténuent l’influence du biais de pondération de valence. »

Selon les chercheurs, « un biais de pondération négatif peut également avoir un effet positif sur le comportement. » La dernière étude visait à rechercher une cause de la procrastination dans l’achèvement ou le retard d’une tâche. D’un côté, un biais de pondération négatif peut amener à prendre suffisamment de recul sur les choses. De l’autre, à l’inverse, un biais de pondération positif pourrait amener à se convaincre qu’une personne est prête alors qu’elle ne l’est pas. En agissant sur les préjugés et la motivation, en modifiant le rapport entre signaux positifs ou négatifs, un procrastinateur peut tout-à-fait gagner en confiance et en productivité.

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