Le trafic international de déchets plastiques, une tendance en forte hausse

Depuis que la Chine a interdit l’importation de la quasi-totalité des déchets plastiques en janvier 2018, les acteurs du monde des déchets ont redoublé d’efforts pour trouver d’autres solutions… souvent illégales, révèle une étude d’Interpol.

Rédigé par Anton Kunin, le 1 Sep 2020, à 11 h 48 min
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La Chine étant disparue des radars des exportateurs de déchets plastiques, d’autres destinations d’importation sont en train d’émerger.

Déchets plastiques – Les déclarations d’importation incorrectes, principale arme dans l’arsenal des groupes criminels

L’exportation-importation de déchets plastiques a longtemps été une activité bien rodée. Mais depuis que l’Inde a interdit l’importation de la majorité des types de déchets plastiques en avril 2016 et que la Chine a imposé une interdiction quasi-totale en janvier 2018, les exportateurs se sont retrouvés face à un problème : comment continuer à écouler leurs stocks ?
Alors ils se sont mis à explorer d’autres destinations : aujourd’hui ils visent essentiellement le Cambodge, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Pakistan, le Vietnam, la Thaïlande et la Turquie. Dans ces pays, ils arrivent parfois à passer outre la réglementation et faire importer illégalement leurs chargements, dans d’autres cas les conteneurs litigieux sont bloqués au port d’entrée, et les douanes tentent (souvent sans succès) d’organiser leur retour au pays d’origine aux frais de la société exportatrice ou des douanes du pays exportateur.

En Thaïlande, les déchets plastiques ont explosé avec la pandémie, sans compter le trafic illégal… © boyphare / Shutterstock

En soi, le commerce international de déchets plastiques n’est pas illégal. Mais il est strictement réglementé, tant du point de vue des quotas annuels d’importation que du point de vue des types de plastiques autorisés.

Mais selon un rapport de l’organisme international de coopération policière Interpol, les groupes criminels organisés, quant à eux, essaient de passer outre ces obstacles en déclarant incorrectement la nature du chargement ou l’utilisation qu’il est prévu d’en faire.
Résultat : les pays importateurs se retrouvent souvent avec des plastiques qu’il n’est pas possible de recycler (car le plastique est contaminé au-delà du seuil autorisé par exemple, ou que le recyclage du type de plastique en question n’est pas autorisé dans le pays). De ce fait, les déchets finissent souvent dans des décharges, avant d’être enterrés où brûlés, le plus souvent à l’air libre.

Lire aussi : Trafic de déchets : 1,5 million de tonnes de déchets illégaux saisis en juin

Même en cas d’importation en bonne et due forme, la gestion correcte de ces déchets n’est pas assurée

Et même lorsque le plastique est importé correctement et que son recyclage est en théorie possible dans le pays d’importation, il arrive qu’il n’aille pas jusque-là. Il faut savoir que les industriels du plastique sont prêts à payer beaucoup moins pour de la matière recyclée que pour de la matière vierge. De ce fait, le recyclage de ce plastique peut aussi bien ne présenter aucun intérêt économique. Dans ce cas aussi, ces déchets plastiques font finir par être enterrés ou brûlés.

Lire aussi : Un trafic de déchets belges déversés illégalement en France

Pour les principaux pays d’importation, l’arrivée sur le territoire de ces déchets plastiques supplémentaires exacerbe les problèmes de gestion du plastique qui existent déjà. Il faut savoir  que 88 % des déchets plastiques sont gérés incorrectement au Vietnam, 87 % en Inde, 83 % en Indonésie et 57 % en Malaisie.

Illustration bannière : Des montagnes de plastique en attente d’un traitement © frank60
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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