Ces animaux sont-ils vraiment nuisibles ?

Rats et pigeons qui infestent le quotidien urbain font couler beaucoup d’encre. Mais peut-on pour autant les qualifier d’espèces « nuisibles » ?

Rédigé par Paul Malo, le 14 Aug 2022, à 16 h 10 min
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Faut-il éradiquer pigeons et rats du paysage urbain ? C’est une question de santé publique comme de ressenti.

Ne dites plus rats, mais surmulots

Certaines espèces de plus en plus présentes en ville en viennent à être considérées comme nuisibles. C’est notamment le cas des rats, au coeur de l’actualité à Paris, notamment depuis qu’une élue a demandé à ce que l’on parle de « surmulots ». L’image véhiculée récemment à travers le monde de ce reporter étranger voyant passer des rats n’aura guère arrangé la réputation de saleté de l’ex Ville Lumière.

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La mauvaise réputation des rats, elle, ne remonte pas à hier. Depuis l’épidémie de peste importée en France par cet animal, entre autres maladies dont il peut être le vecteur, on est bien loin de l’imaginaire propre et émouvant du dessin animé Ratatouille de Disney. À l’approche des Jeux Olympiques, leur éradication ou au moins le contrôle de leur prolifération est devenue tout autant une question politique que de santé publique. Pour autant, le rat est-il bel et bien nuisible ?

Le rat d’égout, la plus nuisible des espèces

Pour l’Académie nationale de médecine(1), la réponse est claire : dans un communiqué publié mi juillet, elle considère le « rat d’égout » comme « la plus nuisible des espèces commensales de l’Homme ». « Entre le bien-être du rat d’égout et la santé publique, faut-il choisir ?, interroge-t-elle. Le rat d’égout prolifère de façon inquiétante dans les grandes villes, en particulier dans la capitale. Les rats d’égout prolifèrent en milieu urbain dans les zones où ils trouvent des ressources alimentaires, de l’eau et des endroits pour nicher. Avec un ratio de 1,5 à 1,75 rats par habitant, Paris et Marseille feraient partie des 10 villes les plus infestées au monde. À un tel niveau de densité de population, ces rongeurs à vie nocturne sortent des caves et des égouts et deviennent visibles le jour dans les rues, les parcs et les jardins ».

Le rat d’égout prolifère de façon inquiétante dans les grandes villes – © Florian Bott

À l’inverse, Douchka Markovic déléguée auprès du Maire du 18e arrondissement de Paris, chargée de la condition animale, a récemment demandé de « légitimer la place des rats dans la ville », de reconnaître leur utilité comme « auxiliaires dans la gestion des déchets en ville », de les nommer « surmulots pour éviter de les stigmatiser », et de renoncer à les éliminer au nom du « bien-être animal ».
L’Académie de médecine réagit vertement : oui, la surpopulation de rats d’égout dans les grandes villes, comme Paris et Marseille, est un véritable danger pour la santé publique. « Face à l’ingénuité de ces propos, qui bénéficient parfois d’une écoute favorable, il importe de rappeler que le rat reste une menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou ses griffures ».

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Moins de pigeons qu’on ne l’imagine

Des pigeons près du centre Pompidou – © John Fogarty

Les pigeons, pour leur part, sont surtout pointés du doigt pour leur saleté, entre fientes, bruits et bâtiments et équipements endommagés. En effet, le volume d’excréments de pigeons, les fientes, peut atteindre jusqu’à 12 kg par an par animal. Leur acidité attaque les pierres des bâtiments. Les fientes, les cadavres, les nids ou encore les plumes peuvent obstruer les conduits d’eau, les gouttières. Si eux aussi peuvent transmettre des zoonoses, des maladies à l’être humain, faut-il pour autant les éradiquer ? Le symbole l’emportant parfois sur la réalité, il n’y aurait pourtant pas autant de pigeons que l’on ne pourrait le penser.

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Ainsi, dans une étude réalisée il y a cinq ans de cela, et notamment partagée par la mairie de Paris, il n’y aurait pas 100.000 pigeons dans la capitale, mais plutôt quatre fois moins. Seules trois espèces de pigeons fréquentent la capitale : le pigeon biset de ville, également nommé pigeon domestique ou pigeon voyageur (Columba livia), le pigeon colombin (Columba oenas), et le classique pigeon ramier, également appelé palombe (Columba palumbus). Pour réguler leur population, des pigeonniers contraceptifs rendant leurs oeufs stériles sont parfois implantés en ville.

 

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2 commentaires Donnez votre avis
  1. Toute contraception de pigeons ramier ou colombin (en ville???) s’assimile à un acte de braconnage et devrait être condamné par nos lois

    • Je me fais vraiment du souci pour votre santé. Déjà le cerveau est bien entamé mais si vous bouffer du pigeon, attention, ils sont plein de virus et bactéries.

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