À votre avis, combien d’esclaves travaillent pour vous ?

Selon vous, quelle est l’empreinte humaine derrière chacun de nos achats ? Combien d’hommes, de femmes et d’enfants sont contraints de travailler dans des conditions indignes, pour que l’on puisse s’acheter le jean, la tablette ou la jolie bague qui nous font de l’oeil dans les vitrines ? Sur le modèle du calcul de l’empreinte écologique individuelle, ‘Slavery FootPrint’ est un indicateur qui évalue le nombre d’esclaves travaillant potentiellement pour chacun d’entre nous.

Rédigé par Séverine Bascot, le 14 Aug 2016, à 10 h 16 min
À votre avis, combien d’esclaves travaillent pour vous ?
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La question peut paraître abrupte mais elle renvoie à une bien triste réalité. Sans le vouloir bien entendu, même en faisant très attention, nous avons tous une empreinte-esclave. Qu’est-ce que c’est ? Et bien, au même titre que nous pouvons calculer notre impact sur l’environnement avec l’empreinte carbone ou encore notre consommation d’eau avec l’empreinte en eau de WaterFootPrint, la « Slavery FootPrint » est un indicateur qui d’après notre mode de vie, calcule le nombre d’esclaves travaillant potentiellement pour nous -et nos familles.

Slavery Footprint : un site pour prendre conscience de l’esclavage moderne

Le mouvement « Made in a free world » (Fabriqué dans un monde libre), à l’origine de l’opération Slavery FootPrint, estime que dans le monde, ce sont plus de 29 millions (contre 27 en 2012) de personnes qui travaillent sous la contrainte, sans être rémunérées ou très peu, et sous l’autorité d’un « maître » (1).

esclavage enfants Bangladesh

Tanneries d’Hazaribagh © Pascal Mannaerts

L’esclavage moderne, une réalité sous-estimée

Il semble toutefois que les chiffres du travail forcé (sous une contrainte physique ou morale) soient sous-estimés parce qu’il est moins visible que d’autres conditions comme celles résultant de l’exploitation sexuelle, mais qui pourtant, prend de l’ampleur. Ainsi, une récente analyse estime à 45,8 millions, le nombre de personnes soumises à une forme ou l’autre d’esclavage moderne, dans 167 pays(2).

L’objectif derrière Slavery FootPrint, et le calcul personnalisé de l’empreinte-esclave, n’est pas de culpabiliser ou de mortifier les personnes souhaitant s’informer sur le sujet, mais bien de divulguer les informations et de faire prendre conscience au plus grand nombre de cette infamie si bien caché, et surtout, de réclamer aux marques, toutes les marques, la transparence nécessaire.

« La fin de l’esclavage n’est pas la priorité des marchés » : à nous d’en venir à bout

Slavery FootPrint est une campagne initiée par un groupement d’organisations et d’individuels, dans le but d’oeuvrer à éradiquer le travail forcé des produits que nous consommons au quotidien. Bien que proposée en anglais, la navigation sur le site est aisée, et s’articule autour des deux entrées principales.

Pour calculer l’empreinte humaine de nos modes de vies respectifs : www.slaveryfootprint.org (en anglais)

Premièrement, un état des lieux

« What, slaves work for me ? » » (Comment ça, des esclaves travaillent pour moi ?) : il s’agit là en effet de montrer la réalité de ces hommes, ces femmes et ces enfants travaillant sous la contrainte.

Nous ne sommes pas forcément conscients du fait que l’esclavage, bien qu’aboli en France depuis 1848, existe toujours bel et bien. De plus, les marques faisant appel à cette odieuse pratique n’en sont, elles non plus, pas forcément toutes conscientes, les pratiques d’esclavage étant insidieusement cachées quelque part dans la chaîne.

Atelier surpeuplés © Jules Toulet

Atelier surpeuplés © Jules Toulet

Deuxièmement, le questionnaire

Slavery FootPrint nous soumet à une enquête comportant 11 questions sur notre style de vie : après les traditionnelles questions sur l’âge, le sexe, le nombre d’enfants, arrivent celles sur la manière dont nous vivons et surtout, sur les biens que nous possédons, nos habitudes alimentaires, l’éventail de nos produits cosmétiques ou encore, si notre profil correspond au parfait technophile ou bien au contraire.

À chaque nouvelle question, il est possible d’affiner le questionnaire cliquant sur l’onglet à gauche de la fenêtre : on peut y détailler assez précisément les portions alimentaires, l’inventaire des accessoires de mode, les activités sportives ou de loisirs, etc.

Chaque question est ponctuée d’une information supplémentaire comme le fait que les travailleurs de l’industrie de la crevette en Asie sont à pied d’oeuvre tôt chaque matin et restent à leur poste 20 heures d’affilée, ou encore que des dizaines de milliers d’enfants s’engouffrent dans des mines de mica pour que les jolies paillettes de nos fard à paupières…

À la fin du questionnaire, vous obtenez le nombre d’esclaves travaillant pour vous : 10, 30, 50 ?

Le questionnaire est un peu long mais en prenant le temps et faisant l’effort de remplir chaque champ, on prend conscience de l’impact de notre propre mode de consommation, de ce qui se passe à l’autre bout du monde (ou pas forcément) et on sera plus tenté à l’avenir de réaliser ses achats en toute connaissance de cause.

slaveryfootprint empreinte esclavage

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22 commentaires Donnez votre avis
  1. Les êtres humains sont des monstres ! Et l’argent en est le révélateur.

  2. On ne parle pas suffisamment de ce problème alors que dans nos pays soi-disant « civilisés » nous profitons de tous ces êtres humains réduits à zéro, car considérés comme quantité négligeable! il existe actuellement des esclavagistes partout: voir du côté des ateliers clandestins exploités pour fournir la Mode, mais à quel prix??? voir les enfants qui descendent dans les mines pour extraire les émeraudes…. voir plusieurs exemples en France de gens qui ont exploité des jeunes femmes pas encore adultes!!! on pourrait en écrire des pages entières! c’est révoltant et nous devons exiger des Nations Unies une plus grande vigila

  3. Nous sommes tous d’accord pour acheter français ou au moins européen mais ils me semblent que les gouvernements de nos chers pays devraient dans un premier temps interdire l’importation de ces pays qui ne respectent pas les droits de l’homme et de l’enfant, ensuite réduire les couts de l’emploi en France tout en réduisant les allocations au personnes qui ne veulent pas travailler. ainsi plus de produits français sur nos étals et plus de gens au travail! a bon entendeur bonsoir.

  4. c’est trop dur de mettre des hyperliens qui fonctionnent quand vous mettez l’adresse de sites externes ?
    c’est pas la premiere fois … copier-coller un lien ça faisait des années que j’avais pas à le faire.

  5. J’ai réussi à faire le questionnaire sur le site indiqué la première fois je n’avais pas vu l’onglet pour créer son acompte, merci Siobhan. J’ai 52 esclaves! j’ai du boulot si je veux réduire mon empreinte! Vraiment bien ce sujet! Je partage et j’espère m’améliorer et avoir des outils pour faire bouger les choses. C’est bien la demande qui crée l’offre, maintenant il faut savoir de quoi j’ai vraiment besoin et à quel coût en terme d’humanité!

  6. Maintenant que nous sommes conscients de l’esclavage, il faut lutter contre.
    Participez aux campagnes de protestations:
    peuples-solidaires

  7. donc il faut un i phone pour faire le questionnaire?

  8. Bonjour!
    Je trouve très intéressant votre article, mais sans android ou IPhone je ne peux pas avoir accès à ce questionnaire? Merci de me dire comment faire…

    • Comme indiqué dans cet article, le questionnaire est accessible sur le site SlaveryFootPRint.org. Il est également disponible depuis un smartphone, mais ce n’est pas obligatoire d’en avoir un pour s’informer sur les employés sous-payés qui les fabriquent.

    • j’aimerais bien connaitre l’empreinte écologique qu’on laisse pour avoir ce I phone ?

  9. Je suis sidérée par les commentaires mitigés voir tolérants, et ce non respect de la dignité des hommes des enfants,non respect de la vie, m’indigne. C’est pas celui qui consomme à tour de bras qui souffre, n’a pas d’existence. Alors je lis des réflexions …pas d’ingérence…mais l’amour, le respect des êtres humains devrai passer au dessus de toute autre considération. S’il y avait une monté de révolte des pétitions contre des esclavagistes……dans nos « pays riches » cela pourrait changer.

  10. Inutile d aller si loin. Il existe en France des ateliers cla destins tout à fait connus de nos responsables…

  11. Espérons que de tels outils permettront aux inconscients s’ouvrir les yeux…

  12. En fait c’est commme une empreinte économique, si je comprends bien, fort intéressant !

  13. l’ esclavage existe bien et n’est pas prêt à s’arrêter. Mais il ne faut pas rendre responsable ceux qui achètent les produits de l’esclavage dans l’ignorance la plus totale et qui envoient des devises. l’esclavage est couvert par les gouvernements des pays qui usent de ces pratiques et nous ne pouvons pas faire état d’ingérence. surtout en France premier pays avec l’ Angleterre à avoir abolie ces pratiques même si napoléon à réintroduit ces pratiques par la suite. Culpabiliser les innocents ne réglera jamais le problème.Le premier responsable c’est la mondialisation et ensuite l’homme qui est un loup pour l’homme. ces pratiques survivent dans les peuplades encore primitives et à majorité musulmane. mais existent aussi chez nous avec la prostitution organisé par des gens de l’est. derrière tout ça il y a le profit. mais cela existera toujours tant que la population mondiale continuera de s’accroître. maintenant c’est facile de rendre le consommateur responsable de faire vivre les pays en vois de développement.puis de l’accuser de laisser mourir de faim quant il boude les produits pour ne pas favoriser ces pratiques. ce n’est donc pas en accusant mais en s’attaquant aux problèmes qu’on peut les résoudre. En France on peut résoudre nos problèmes pas ceux de la terre. Travailler un mois pour vivre seulement 10 jours c’est aussi de l’esclavage et c’est chez nous. Quant aux peuplades de ces pays pourquoi faire des enfants alors que ce sont les principales victimes de ce trafic.ça commence là la responsabilité des parents. Ce n’est pas le tout d’envahir le monde avec ses progénitures mais il faut assumer derrière et ne pas utiliser le sexe comme usine à esclave et conflit armé. quant on voit un enfant la première question à poser est ou sont les parents. parce que tu n’as pas parler des parents qui vendent leurs enfants et ça c’est pire que l’esclavage. je sais c’est rassurant de se dire que le blanc est responsables de tous les malheurs de la terre. autant accuser le vol du papillon d’être responsable des catastrophes naturelles. l’homme descend de l’animal, certains sont restés des animaux d’autres sont devenus humain. elle est la la vrais question.

    • Je ne peux que citer Kundera :

      « Si l’on n’était responsable que des choses dont on a conscience, les imbéciles seraient d’avance absous de toute faute. »

      La mondialisation est le fait de l’homme, de tous ceux qui achètent régulièrement des produits venant des 4 coins du monde, fabriqués dans des pays lointain parce que « c’est moins cher ».

      Et inutile de dire, oui, mais la vie est dure et chère… Perdons l’habitude d’acheter parce que c’est mieux, mais revenons à l’achat utile. C’est bien de changer de téléphone tous les ans, de changer de voiture tous les 3 ans, de changer de téléviseur pour avoir un écran plat, etc… Mais ces achats frénétiques ont un coup.

      Il faut toujours se dire que le capitalisme et la mondialisation s’adapteront toujours à la demande, en l’orientant, mais n’impose rien. Nous sommes nos propres maîtres et nos propres chaînes.

      Donc quand je lis ce genre de commentaire, j’ai peur pour l’avenir.

      Et encore, je ne relèverai pas la fin aux relents nauséabonds…

    • Pour Anonyme.
      Je suis tout-à-fait d’accord avec votre première partie, sur la responsabilité.
      Mais moins sur la 2nd.
      Je ne pense pas que guillory voulait dire que nous ne sommes pas responsable, mais juste ne pas sombrer dans la démagogie du méchant blanc colonisateur qui exploite les populations opprimées.
      Que va-t-il se passer si demain, nous arrêtons tous d’acheter 1 téléphone / an, écran plat, Wii, ect … ? (enfin pas moi je n’en ai pas :))
      Les pays en voie de développement vont sombrer. C’est en gros le sens de sa phrase « ce n’est donc pas en accusant mais en s’attaquant aux problèmes qu’on peut les résoudre ».
      Enfin, il faut également arrêter de voir le mal partout, ce n’est pas nauséabond que de constater que la valeur de la vie, d’un enfant est loin, très loin d’être la même partout sur Terre !
      Cordialement

    • Anonyme vous raconter des bêtises comme beaucoup de personnes tout les produits fabriquer en asie ou autre pays ne sont pas que des produits discount les iphones qui sont vendu 900€ en France coutent 100§ sortis d’usine les responsable ce sont les grands partons et ces parasites d’actionnaires!Si tout les pays se développe selon le modèle de l’occident c’est la fin de l’humanité bientôt beaucoup de ressources seront épuisé et sans ces ressources finis la civilisation moderne et retour a l’age de pierre!L’obsolescence programmer et un gros problème et ce sont pas les consommateur qui ont inventer ce concept mais les industriels pour gagner plus d’argent!

  14. Faut pas prendre le mot esclaves au pied de la lettre : il s’agit d’un exercice intellectuel intéressant pour mesurer l’empreinte économique de notre consommation, un peu comme on mesure l’empreinte écologique. Ce n’est pas forcément triste !

    • Annabelle Kiéma

      Bonjour Galactix,
      Merci pour votre commentaire.
      Il s’agit tout de même de prendre conscience que le travail forcé existe bel et bien. Les « sweatshops » ou ateliers de misère comme on les appelle sont une réalité.

      Amicalement,
      Annabelle

    • Ce n’est peut-être pas forcément triste pour vous, évidemment nous vivons dans un monde de bisounours!
      Personnellement je ne trouve pas ça très gai !

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