Vélos en libre-service, pour le meilleur et pour le pire

Les sociétés de location de vélos sans borne ont essaimé partout dans le monde depuis quelques années. Cependant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous, du point de vue commercial mais aussi pour leur intégration dans le tissu urbain.

Rédigé par Anton Kunin, le 29 Dec 2017, à 7 h 35 min
Vélos en libre-service, pour le meilleur et pour le pire
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Posséder le moins possible, louer au lieu d’acheter, payer ses objets à l’usage… En ce début de XXIe siècle, la consommation raisonnée est une tendance forte. Les vélos sans borne en libre-service en sont un reflet, mais dans notre monde qui est loin d’être idéal, tout ne se passe pas forcément comme prévu.

Toutes les villes ne sont pas faites pour le vélo, et encore moins sans borne

Les vélos sans borne (free-floating en anglais) enthousiasment les entrepreneurs. Ils y voient un service demandé et qui peut rapporter gros. Le Chinois Ofo est ainsi présent sur tous les continents (15 pays, dont les États-Unis, l’Australie, la Malaisie, la Thaïlande, l’Autriche, l’Italie, la France et bien sûr la Chine). Son concurrent, Mobike, propose ses vélos au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas, en France et à Singapour, sans oublier la Chine. Le Singapourien oBike est quant à lui présent dans 22 pays (Corée du Sud, Indonésie, Allemagne, Suisse, Portugal, France…).

Lire aussi : Chine : la popularité des vélos en libre-service explose

Mais toutes les villes et tous les pays ne sont pas adaptés pour accueillir le vélo, et encore moins un nombre si élevé de vélos. Beaucoup de villes ont été conçues sans prendre en compte la potentielle circulation des vélos, d’autres imposent via la législation des conditions qui ne rendent pas le vélo attractif (comme le port obligatoire d’un casque), d’autres encore n’ont pas de pistes cyclables et ne sensibilisent pas les automobilistes à la présence potentielle de cyclistes sur les routes.

Les vélos en « free-floating » à l’épreuve de l’hyper-concurrence

L’autre problème réside dans l’hyper-concurrence. Les sociétés offrant des vélos en « free-floating » sont nombreuses, il arrive même qu’elles soient plusieurs à desservir une même ville. Tous les opérateurs facturent leurs services très peu cher à l’utilisateur, alors même que les coûts d’un tel service sont élevés  : déplacement des vélos pour répartir le parc de manière homogène ou lorsqu’ils sont abandonnés dans un endroit non prévu, réparations, vols…

vélo sans borne

Vélo libre service Mobike © Antonello Marangi – Shutterstock

En Chine, le pays natal de la plupart de ces sociétés, la coexistence de plusieurs exploitants dans une même ville est même la règle. Ainsi, Bluegogo, anciennement le troisième plus grand opérateur de vélos sans borne dans l’Empire du milieu, et qui affichait 20 millions d’utilisateurs lorsqu’il était au sommet de sa gloire, a dû déposer le bilan.

Vélos sans borne : Paris n’est pas prête à vivre un « envahissement des trottoirs »

Depuis octobre 2017, ces sociétés s’invitent en France. Le chinois Gobee.bike est présent à Paris, Lille, Lyon et Reims. oBike et Ofo ont respectivement investi Paris en novembre et décembre 2017. L’arrivée de ces vélos sans borne intéresse la mairie de Paris car ils constituent une solution de mobilité durable et ne nécessitent pas d’investissements lourds (création de bornes d’attache) et ne demandent pas de subventions (du moins pour le moment).

Cependant, lors d’une réunion avec ces sociétés en novembre dernier, Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, du développement économique et de l’attractivité, s’est dit préoccupé par l’« envahissement des trottoirs » et a fait savoir que leur développement ne pouvait se faire « au détriment d’un partage de l’espace public harmonieux ».

Découvrez sur le Planetoscope le nombre de trajets parcourus par jour en Vélib’ à Paris

Pour Robin Puchaczewski, doctorant en urbanisme et aménagement travaillant sur le sujet des politiques cyclables, l’avenir des vélos en free-floating « dépend d’abord de leur capacité à trouver leur place dans un système vélo déjà bien investi par les acteurs publics et privés ». Selon le chercheur, certaines municipalités sont également inquiètes face à la concurrence qu’ils font aux acteurs historiques. Pour lui, « un système de complémentarité plutôt que de concurrence entre les deux systèmes serait intéressant ».

Illustration bannière : Vélo sans borne Ofo vandalisé © Toni Schmidt – Shutterstock
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Quelle est la finalité de cet article?
    On a l’impression qu’il n’est pas terminé!

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