Succès des triporteurs électriques : opération « Mon Coursier de Quartier » [Interview]

Rédigé par Charlie Trisse, le 11 May 2015, à 15 h 43 min
Succès des triporteurs électriques : opération « Mon Coursier de Quartier » [Interview]
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Ils circulent dans de nombreuses villes de France et d’Europe. Vous ne pouvez pas avoir raté ces bolides, mi-vélo, mi-voiture, qui sillonnent les rues : les triporteurs à assistance électrique, écologiques et économiques, qui peuvent transporter personnes et marchandises.

Cyclopolitain, un des premiers constructeurs européens de triporteurs à assistance électrique et leader français des compagnies de cyclotaxis, et l’ADIE, association reconnue d’utilité publique qui par le biais du micro-crédit aide les personnes exclues du marché du travail à créer leur entreprise, ont décidé de s’associer autour de ces drôles de véhicules pour proposer une offre originale, et lutter contre le chômage.

Catherine Barbaroux, Présidente de l’ADIE, et Sarah Dufour, Directrice générale de Cyclopolitain, expliquent à consoGlobe leur nouveau projet : « Mon Coursier de Quartier ».

Pouvez-vous nous expliquer l’originalité de « Mon Coursier de Quartier » ?

Mon Coursier de Quartier est un nouveau concept de microfranchise solidaire. C’est un réseau de plus de 500 coursiers en triporteur qui proposent trois offres principales à l’échelle de leur quartier.

La première est un service de transport de proximité. Pratique pour les distances courtes, les coursiers viennent chercher les personnes devant chez elles et les déposent devant le lieu souhaité. Ce mode de transport convient particulièrement aux personnes âgées, aux personnes à mobilité réduite, aux touristes mais aussi aux parents.

mon-coursier-de-quartier-emploi-triporteur-02Lionel Henry, premier microfranchisé du projet « Mon Coursier de Quartier », nous a confié : « Une mère m’a demandé un contrat annuel pour chercher ses enfants à l’école deux fois dans la semaine. Peu cher et pratique, les gens nous font confiance car contrairement aux taxis, on s’adresse à la même personne à chaque fois. Un lien direct et personnel se crée entre le coursier et ses clients. »

Egalement spécialisé dans les livraisons express et dans les trajets courts, « Mon Coursier de Quartier » offre ainsi un service de livraison à domicile écologique et économique et s’adapte particulièrement dans les villes où se développent les mini-markets et les enseignes de proximité. Ce sont des modèles de livraison plus économiques et plus légers.

Enfin, ce concept promeut une offre de communication locale. Les publicitaires tels que Monoprix, Subway, La Poste, etc. ou des marques locales peuvent utiliser les triporteurs comme régie publicitaire. Effectivement, il est difficile de ne pas voir ces drôles de véhicules.

Pourquoi appelez-vous ce projet une « microfranchise solidaire » ?

Créée par l’Adie en 2009, la microfranchise solidaire a pour but de proposer à des micro-entrepreneurs, à l’écart du marché de l’emploi et du système bancaire, des activités « clés en main » à développer au sein et avec l’appui d’un réseau professionnel. L’ADIE aide les personnes à se financer. En effet, le coût total allant du triporteur en passant par l’apprentissage de l’utilisation des outils de communication et de gestion à la formation en informatique de 3 jours est de 10 000 euros.

mon-coursier-de-quartier-emploi-triporteur-01Avec la microfranchise Mon Coursier de Quartier, l’ADIE vient apporter une nouvelle solution à la fois accessible, innovante et écologique aux personnes à l’écart du marché de l’emploi et ayant envie d’entreprendre.

La microfranchise solidaire a pour but de proposer à des micro-entrepreneurs, à l’écart du marché de l’emploi et du système bancaire, des activités « clés en main » à développer au sein et avec l’appui d’un réseau professionnel.

Tout le monde peut-il donc devenir coursier ?

Cette initiative est évidemment réservée aux personnes à la recherche d’un emploi. Il faut être motivé, avoir un bon relationnel, aimer le contact, apprécier rendre service, être prêt à devenir un acteur de la vie de quartier… et avoir une bonne condition physique ! Du côté de la technique, l’ADIE étudie les dossiers de chacun et une fois que le dossier est validé, l’activité peut démarrer directement, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de créations d’entreprises.

Vous avez lancé ce projet en février 2015 à Lyon, quel bilan pouvez-vous en tirer aujourd’hui et quels sont vos projets futurs ?

Nous avons lancé les recrutements en février 2015 à Lyon. Il y a eu de très bons retours. Aujourd’hui, nous avons reçu plus de 500 candidatures. Les gens adhèrent à cette nouvelle idée, que ce soient les élus, car cela permet de désengorger les villes sans que ça leur coûte quoique ce soit, les coursiers, puisqu’ils peuvent enfin exercer une activité, ou encore les passagers car le coût est très bas : 2 euros le kilomètre en moyenne et 5 euros la livraison.

« Mon Coursier de Quartier » développe une vision douce de la ville. Aujourd’hui, le monde a besoin de se « réhumaniser » et ces petites initiatives locales y tendent. Nous espérons pouvoir créer 500 emplois d’ici à 10 ans et nous travaillons sur une application permettant de développer notre service à la manière des taxis.

Le triporteur « Mon Coursier de Quartier » est emblématique d’autres services similaires de transport et livraison urbains se développant actuellement. Exemples :

Partant de l’idée « Imaginez un véhicule sans moteur pouvant emmener deux enfants en toute sécurité ainsi qu’un pack de bière ! », la société Nihola (Niels Home Larsen) a commencé par la fabrication de vélos triporteurs à destination du Danemark, de l’Allemagne et de la Hollande avant de se développer en France. L’entreprise propose des triporteurs pour les particuliers, les professionnels et les collectivités. L’Europe compte plus de 10 000 adeptes de ces vélos nouvelle génération.

Sur le plan local, des entreprises se sont aussi appropriées ce secteur. Arcade Cycles, par exemple, est une PMI vendéenne créant des vélos pour une clientèle professionnelle, mais aussi pour des particuliers. La petite société revendique une fabrication « Made in France ». Depuis ses débuts, elle a pris de l’ampleur, réalisant plus de 20 % de son chiffre d’affaires sur l’export, principalement en Europe.

Selon une démarche également écologique et économique, Eco-Triporteur propose des triporteurs pour le transport de personnes, la livraison de marchandises, la communication mobile, l’évènementiel, la collecte de déchets ou encore la vente ambulante.

Les exemples donnés ne sont qu’un faible échantillon du nombre d’entreprises proposant ces mêmes services et prônant une mobilité durable. Alors est-ce que dans 50 ans, nous nous déplacerons tous en vélos dans les villes ? Est-ce le modèle du futur ?

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Titulaire d'un master 2 en "Journalisme et communication à l'international" de Sciences Po Aix et disposant d'un bachelor en "Relations Internationales" de...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. Merci pour votre article !
    Le retour du vélo-taxi c’est très bien, mais est-ce réellement un métier qui peut faire vivre le coursier ?
    Ce serait bien d’avoir quelques chiffres à ce sujet …
    merci d’avance

  2. Mais bon ces gens là sortent des statistiques du chômage….

  3. Micro-job à 20 euros par jour pour dix heures de dispo, et aucun respect de la convention collective ! le transport publique de marchandises et de personnes est un secteur réglementé ! Vous développez des faux entrepreneurs qui cassent le boulot des sociétés qui respectent les lois et payent des charges en conséquence….. Le seul qui en vit bien est celui qui vend son  »concept » en profitant de la misére des autres. A Paris plein de microsociété de coursiers se sont montées avec des autoentrepreneurs cassant les prix, et les salaires… Vive le libéralisme et le retour à l’esclavage choisi….

    • Bien dit. C’est tout a fait cela. Les gens qui rentrent dans ce système se font exploiter par des gens sans scrupule et prêt à tout pour vendre une franchise qui n’apporte rien !!!

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