Plan de sauvegarde de la Tortue d’Hermann dans le Var : les nouvelles sont bonnes

Les questions que l’on se pose sur  le sort de la tortue d’Hermann

Julien, notre expert naturaliste, s’est penché de près sur le sort de cette tortue dans le sud de l’Hexagone. Nous lui avons posé quelques questions…

consoGlobe – La tortue d’Hermann est en danger d’extinction : pouvez-vous nous en donner les raisons ?

Sans entrer dans le détail des différentes menaces qui pèsent sur l’espèce, on peut cependant les classer dans trois grosses catégories désormais clairement définies.

La première est celle de la détérioration globale de son milieu de vie, la deuxième est celle de la destruction directe de spécimen (mécanisation agricole, attaque de chiens, feux de forêt, etc.) et la troisième la capture d’animaux dans la Nature à des fins commerciales et/ou d’ornement.

Vous l’aurez compris, c’est l’activité humaine qui, de diverses manières, par différents acteurs et à différentes hauteurs, mène la vie dure à notre Tortue d’Hermann.

consoGlobe – Quelle(s) action(s) sont mises en oeuvre pour préserver les tortues d’Hermann ?

La préservation d’une espèce n’est de loin pas aussi simple qu’il n’y parait de prime abord… Si les menaces qui pèsent sur l’espèce sont aussi bien identifiées que les mesures qui peuvent participer à sa sauvegarde, aucune ne peut se mettre en branle dans un claquement de doigt.

Dans le cadre du Plan National d’Action en faveur de la Tortue d’Hermann c’est tout de même 35 fiches actions qui ont été validées collectivement et qui vont faire intervenir un très grand nombre d’acteurs tels que le CEN PACA, le CEN Corse, la SOPTOM (Station d’Observation et de Protection des Tortues et de leurs Milieux), l’EPHE-CNRS, la DREAL PACA, la DREAL Corse, la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), les animateurs Natura 2000, l’ONF et d’autres !

Heureuse comme une tortue d’Hermann dans son milieu © Pedro Luna

Au final toutes les actions ont du sens sans quoi tous les acteurs ne les auraient certainement pas actées comme étant nécessaires au plan. Ce sont alors les objectifs qui comptent vraiment et ce d’autant plus que le plan n’empêche en rien que des actions soient modifiées par nécessité en cours de route.

Faire évoluer l’état de nos connaissances sur l’espèce est par exemple fondamental mais va être constitué de tout un tas d’actions différentes allant de retours d’expériences sur les relâchés d’animaux captifs (impact, efficacité, retombées, risques, etc.), de suivis de populations sur le terrain, de comparaison de dynamiques de populations selon les lieux, d’analyses de suivis de populations (taux de mortalité, de reproduction, accès à la nourriture, incidence des feux de forêt selon leur typologie,etc.).

Les actions menées dans le Plan National d’Action ne peuvent se résumer en un simple synopsis !

Lire aussi : Plan National d’Actions en faveur de la Loutre : les dessous de cette belle aventure

consoGlobe – Aujourd’hui, le Plan National d’Action en faveur de l’espèce entre dans une phase opérationnelle, pouvez-vous nous dire où en est ce PNA ?

Il faut tout d’abord dire qu’il y a déjà une masse énorme de travail fourni sur le sujet par les différents acteurs locaux avant même que le premier plan de sauvegarde LIFE+ ait débuté en 2009, sans quoi ce dernier n’aurait d’ailleurs jamais vu le jour.

Mais ce même programme avait alors permis d’aller bien plus loin autant sur la connaissance de l’espèce que sur les mesures qui peuvent la favoriser ou la défavoriser. En cela le programme LIFE+ a été un succès de l’aveu même de tous ses participants et a permis de lancer un Plan National d’Action sur un temps bien plus long.

À ce titre le travail ne fait effectivement que commencer dans la mesure où la tâche est d’ampleur, mais le programme part sur une très bonne base. De plus, se projeter sur un temps long permet de mettre beaucoup de choses en perspective notamment grâce à toutes les phases de suivis de terrain (radiotracking, suivis de milieux, etc.).

Peut-on, nous citoyens, apporter notre pierre à l’édifice ? Et si oui, comment ?

Bien sûr, tout un chacun à la capacité d’aider une espèce en difficulté ne serait-ce qu’en sensibilisant son entourage sur le sort de la tortue Hermann ! Car si elle est globalement connue du grand public, plus rares sont ceux qui savent qu’elle est en grande difficulté…

La reproduction de l’espèce n’est aisée et pourtant à favoriser © cynoclub

Pour les personnes qui habitent dans l’emprise de son aire de répartition, à savoir en Corse et dans le Var, là c’est encore plus simple : pensez tortue d’Hermann !

Pensez à elle quand vous êtes persuadé de faire une bonne action pour votre chien en le laissant gambader sans laisse alors qu’il peut tuer ces animaux non seulement d’un coup de dent, mais aussi tout simplement en les dérangeant durant leur hibernation ou alors lors de la reproduction ou de la ponte.
Pensez à elle quand vous allez faucher ou débroussailler en prenant un peu de temps pour parcourir les lieux et vous assurer qu’il n’y a pas de tortue d’Hermann dans les parages.
Pensez à elle quand vous vous baladez à la fois lors de vos trajets en voiture pour éviter de rentrer en collision avec l’une d’entre elle et quand vous manipulez quoi que ce soit qui puisse mettre le feu à la broussaille.

Oui, tout un chacun peut faire sa part.

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