Episode de pollution aux particules fines : doit-on aérer ou bien se calfeutrer ?

Un épisode de pollution aux particules fines frappe actuellement la France. Une dizaine de régions sont concernées. Alors que chaque année, 40 000 décès sont imputés à ce type pollution urbaine, que faut-il faire pour s’en protéger ?

Rédigé par Cecile, le 15 Feb 2023, à 11 h 18 min
Episode de pollution aux particules fines : doit-on aérer ou bien se calfeutrer ?
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Une majeure partie de l’Hexagone se trouve confronté à un important épisode de pollution aux particules fines depuis ce dimanche 12 février, apprend-on de la fédération des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Atmo). Dans l’ensemble de la France, l’indice Atmo de qualité de l’air est donc actuellement mauvais, indique le site atmo-france.org. Dix régions sont particulièrement concernées :

  • Île-de-France,
  • Normandie,
  • Centre-Val de Loire,
  • Hauts-de-France,
  • Grand Est,
  • Nouvelle-Aquitaine,
  • Occitanie,
  • Bourgogne-Franche-Comté,
  • Auvergne-Rhône-Alpes
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Toujours selon l’indice Atmo, plus de la moitié des 45 villes « témoins » souffrent actuellement d’une qualité de l’air « mauvaise » ou « dégradée ». Une vingtaine de villes sont ainsi classées « rouge », à l’instar de Lyon, Grenoble, Nancy, Strasbourg, Lille, Paris, Chartres, Rouen, Marseille, etc.

La conduite à tenir en cas de pic de pollution atmosphérique

Ce mardi 14 février, la vallée du Rhône était toujours placée en vigilance rouge. La préfecture de l’Ardèche rappelle sur son compte Twitter la conduite à tenir en pareil cas : ne pas utiliser du bois comme chauffage individuel d’appoint, abaisser sa vitesse de 20 km/h sur les routes limitées à 90 km/h ou plus, ou encore baisser son chauffage en le limitant à 18 degrés. Des mesures qui comprennent également l’arrêt temporaire des chantiers générateurs de poussières et des activités polluantes industrielles.

A Lyon, ville classée « rouge écarlate » jusqu’hier et aujourd’hui « rouge », les automobilistes doivent posséder une vignette Crit’Air 0, 1 ou 2 pour pouvoir rouler dans la zone à faible émission (ZFE) de la métropole. L’abaissement temporaire de la vitesse (- 20 km/h) est également préconisé sur l’ensemble des axes routiers du département du Rhône, là où la vitesse autorisée est habituellement supérieure ou égale à 90 km/h.

La ville de Strasbourg conseille à ses habitants de privilégier les sorties les plus brèves possibles et de réduire la pratique d’activités sportives. La Gironde, le Haut-Rhin, la Loire, les Pyrénées-Atlantiques préconisent également de cesser durant cet épisode de pollution aux particules fines l’utilisation du bois comme chauffage d’appoint. Il est également interdit de brûler des déchets à l’air libre. Dans les Bouches-du-Rhône, la vitesse en mer doit aussi être réduite.

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Comment se protéger des particules fines ?

De son côté, Atmo France rappelle les gestes à adopter pour se protéger durant un épisode de pollution aux particules fines :

  • Privilégier les activités modérées qui n’occasionnent pas d’essoufflement (marche, jeux au parc, vélo).
  • Reporter les activités physiques intenses (course à pied, football, etc.)
  • Éviter la fréquentation des zones à fort trafic routier pendant les heures de pointe.
  • Continuer à aérer les locaux au moins 10 minutes par jour, été comme hiver. 
  • Faire attention aux personnes vulnérables (personnes âgées, femmes enceintes, nouveau-nés…). Si une gêne respiratoire est constatée, de même qu’une gêne cardiaque, prendre immédiatement conseil auprès d’un professionnel de santé.

Pollution aux particules fines

Pour se protéger des particules fines provenant notamment du trafic automobile, il ne suffit donc pas de se calfeutrer chez soi, « car ces particules fines sont aussi introduites à l’intérieur via les personnes et les objets », explique au Point Mélina Macouin, géophysicienne spécialiste des particules magnétiques au CNRS et coautrice de l’étude ‘Pour relever le défi de la pollution de l’air urbain’ dans Interdisciplinarité.

Les particules fines, qui se déposent en extérieur sur nos cheveux, nos vêtements et autres affaires personnelles, s’introduisent donc très facilement dans nos logements, les écoles, les bureaux, etc. Cloisonner ses fenêtres n’est donc d’aucune aide, d’autant plus que chaque mouvement (se lever du canapé, marcher…) contribue à remuer ces particules et les remettre en suspension dans l’air. Mieux vaut donc aérer les bâtiments, l’air intérieur étant déjà impacté par d’autres polluants (moisissures, matériaux de construction, meubles, acariens, produits d’entretien, peintures…).

Quelles sont les causes des épisodes de pollution aux particules fines ?

Ce type de pollution atmosphérique trouve notamment son origine dans le chauffage domestique, en particulier celui au bois. Le secteur résidentiel est ainsi responsable de la moitié des émissions de particules fines, souligne l’Airparif, organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France. Les émissions de particules fines sont ainsi deux à trois fois plus élevées en hiver qu’en été. Autre principal émetteur de particules fines : la circulation automobile, qui représente un quart des émissions, poursuit l’organisme. En milieu urbain, la part du trafic routier dans le dégagement de particules fines grimpe fortement, en étant responsable de près de la moitié des émissions, d’après l’Institut national du Cancer. Un phénomène dans lequel les chantiers, l’industrie et le secteur de l’agriculture contribuent également. Sans oublier la météo, qui joue un rôle dans la saturation de l’atmosphère en particules fines, notamment lorsque les conditions météorologiques sont particulièrement stables, créant alors « une chape de plomb qui va empêcher les polluants de se disperser en altitude », explique à TF1 Didier Chapuis, directeur des actions au sein de l’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

Pollution aux particules fines à Lyon

« On connaît les sources d’émissions, mais maintenant il faut qu’on applique les mesures pour réduire ces sources d’émission. C’est difficile socialement, mais il faut qu’on prenne notre courage à deux mains, sinon on continuera à avoir des conséquences sanitaires graves », insiste pour sa part Tony Renucci, directeur de l’association Respire interrogé par FranceInfo. L’association déplore également sur Twitter le caractère non obligatoire des mesures préconisées en cas de pic de pollution aux particules fines (PM 2,5), alors que ces dernières sont « les plus dangereuses pour la santé ».

Pour l’heure, la réglementation impose uniquement la surveillance des particules PM10, qui « ne sont pas des particules fines », explique Tony Renucci. Pour le directeur de Respire, il est urgent de faire évoluer la loi, afin de « vraiment observer les pics à partir des particules fines PM 2,5 », d’autant plus que selon lui, les conséquences sanitaires en découlant sont immédiates. Une étude menée en 2022 par Jean-Baptiste Renard du CNRS démontre un accroissement de la mortalité après les pics de pollution, de même que « de gros pics de grippe, de bronchiolite, de Covid », souligne Tony Renucci.

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