La pollution due aux particules fines affecte la qualité du sperme

De plus en plus d’études se penchent sur le lien entre la pollution et la qualité du sperme. La dernière en date tend à montrer que les particules fines pourraient bien affecter leur motilité… Peut-être une explication supplémentaire à l’infertilité en hausse à travers le monde ?

Rédigé par MEWJ79, le 23 Feb 2022, à 8 h 28 min
La pollution due aux particules fines affecte la qualité du sperme
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Déjà en 2017, un vaste étude menée en Chine avait démontré un lien entre l’exposition aux particules fines et une dégradation de la qualité du sperme. La pollution de l’air serait donc une cause de l’infertilité. Une autre étude récente confirme les résultats obtenus : l’exposition aux particules fines entraînerait une dégradation de la qualité du sperme et donc, expliquerait l’infertilité de nombreux hommes.

La pollution a un effet sur la morphologie des spermatozoïdes et donc sur la fertilité

L’étude chinoise publiée le 21 novembre 2017 dans la revue spécialisée Occupational & Environmental Medecine (1) avait révélé que la pollution a de nouveaux effets néfastes sur la santé. Elle suggérait ainsi que la pollution de l’air, due aux particules fines, pourrait expliquer l’infertilité d’un « nombre significatif de couples » en Chine. Menée à Taïwan entre 2001 et 2014 auprès de 6.500 hommes âgés de 15 à 49 ans, cette vaste étude a évalué la qualité de leur sperme (nombre total de spermatozoïdes, forme/taille, mouvement).

Un nouvelle étude publiée jeudi 17 février dernier dans la revue Journal of the American Medical Association (JAMA) par des chercheurs de l’école de médecine de l’université de Tongji à Shanghaï, démontre que l’exposition à de fines particules de pollution affecte la mobilité des spermatozoïdes et leur capacité à se mouvoir dans la bonne direction(2).

Les résultats de ces études démontrent un « lien fort » entre l’exposition aux particules fines (de diamètre inférieur à 2,5 µm) et une dégradation de la qualité du sperme  : plus la taille des particules polluantes présentes dans l’air est petite, plus le lien avec la mauvaise qualité du sperme est important.

On estime aujourd’hui à 48,5 millions le nombre de couples infertiles dans le monde et, dans la majorité des cas, le problème vient de l’homme.

pollution qualité du sperme

pour les chercheurs, la tendance mondiale à la baisse de la qualité du sperme est probablement liée à des facteurs environnementaux – © chayanuphol

Lire aussi :La pollution baisse la qualité du sperme… et réduit la taille des pénis

Minimiser l’impact de la pollution de l’air sur la santé reproductive à l’avenir

Pour mener à bien leur rapport, les scientifiques ont étudié les suivis de plus de 33.876 chinois âgés de 34 ans en moyenne, venant de zones plus ou moins exposées à la pollution atmosphérique, et ayant eu recours à des méthodes de procréation médicalement assistée (PMA) entre 2013 et 2019.
Pour déterminer la qualité du sperme, les chercheurs se sont  appuyés sur 3 critères : la numération, la concentration et la mobilité des spermatozoïdes.

Les chercheurs ont établi que les patients exposés à des particules d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, la motilité des spermatozoïdes diminuait de 3,6 %. Chez les patients exposés à des particules de plus de 10 micromètres de diamètre, cette baisse était de 2,44 %.
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L’exposition à de fines particules de pollution pourrait donc causer de l’asthénozoospermie (aussi appelée asthénospermie ou « syndrome du spermatozoïde paresseux ») : une affection du sperme due à une mauvaise mobilité des spermatozoïdes, qui se retrouvent potentiellement incapables d’atteindre et de féconder l’ovule.
Selon l’étude, être exposé à des particules de 2,5 à 10 µm augmente les chances de développer cette pathologie respectivement de 14 et 9 %.

Il existe un lien entre mauvaise qualité de l’air et infertilité, mais difficile d’établir un lien direct de cause à effet 3

Les conclusions globales de la première étude ont été critiquées par d’autres scientifiques. Ainsi, le professeur Allan Pacey, spécialiste britannique d’andrologie, estimait alors que l’évaluation de la taille et de la forme des spermatozoïdes est « l’un des tests les plus difficiles à réaliser ».

Lire aussi : Une naissance prématurée sur cinq liée à la pollution de l’air

En outre, il expliquait dans le Science Media Centre de Londres que ce critère ne serait pas aussi cliniquement pertinent qu’on le pensait. Les critiques sont entendues par les chercheurs, qui suggèrent que d’autres études soient menées sur ce thème, pour mieux cerner la façon selon laquelle la pollution de l’air peut interférer sur le développement des spermatozoïdes. Enfin, les auteurs souhaitent mettre en place une « stratégie globale » pour minimiser l’impact de la pollution de l’air sur la santé reproductive.

Mais, concernant la dernière étude, Allan Pacey, professeur d’andrologie à l’Université de Sheffield qui n’y a pas participé, interrogé par le Guardian, avance : « La possibilité d’un lien entre la pollution atmosphérique et la qualité du sperme a été suggérée dans un certain nombre d’études au fil des ans, bien que toutes n’aient pas abouti à cette conclusion. […] Cet article s’ajoute à la base de preuves suggérant que le lien est réel, et il est impressionnant car il utilise des données sur la qualité du sperme de plus de 30 000 hommes».

Les préconisations des chercheurs chinois sont de mettre en place des mesures pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et la pollution, ainsi que de poursuivre les recherches sur le lien qu’il existe entre pollution et infertilité car, encore aujourd’hui, celui-ci lien n’est pas complètement avéré.

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L’infertilité touche environ 10 % des couples en âge de procréer dans le monde – © Yurchanka Siarhei

Retrouvez le nombre de décès dus aux particules fines sur le Planetoscope

L’Organisation mondiale de la santé, pour sa part, préconise de limiter l’exposition aux particules fines PM2,5 à 5 µg/m3 en moyenne annuelle (et 15 sur 24h) ; et aux particules fines PM10 à 15 µg/m3(et 45 sur 24h)(3).
Mais ces recommandations ne sont pas suivies au niveau de l’Union européenne, qui fixe depuis 2015 une limite de 40 µg/m3 pour les PM10 (et 50 µg/m³ sur 24h à ne pas dépasser plus de 35 jours par an) et 25 µg/m3 pour les PM2,5(4).

Article mis à jour et republié

Illustration bannière : La pollution, un danger pour les générations futures – © Soloviova Liudmyla
Références :
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

1 commentaire Donnez votre avis
  1. bonjour, Et pourquoi ne porterait-on pas des masques lorsqu’on sort dans les rues, avant que de grands changements améliorent la qualité de l’air ?

    Même des masques légers nous préserveraient d’une bonne partie des particules.

    Et pourquoi dans les grandes villes n’installerait-on pas des appareils qui aspirent l’air, le filtrent, le fasse passer dans de l’eau (comme ça existe sur certains systèmes d’aspirateurs) pour l’assainir et ressortir plus propre. ça coûterait cher, mais ne fait-on pas des dépenses pharaoniques qui coûtent bien plus cher.

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