Dans la famille biodiversité ordinaire, protégeons le phoque commun

La France possède la deuxième plus grande surface maritime mondiale après les États-Unis. Cela vaut bien que nous nous intéressions aux animaux qui y évoluent, même s’ils sont communs, et surtout quand ils fréquentent les côtes de l’Hexagone. Découvrons ici le phoque, un mammifère marin qui mérite notre attention.

Rédigé par Julien Hoffmann, le 4 Feb 2022, à 18 h 00 min
Dans la famille biodiversité ordinaire, protégeons le phoque commun
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Le phoque commun, aussi appelé « veau de mer » (Phoca vitulina) se retrouve sur toute la façade Atlantique à l’exception des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Une colonie de plus 400 individus a même trouvée place en Baie de Somme ! Découvrons ensemble une espèce que l’on imagine souvent se trouver à l’autre bout du monde mais qui fait bien partie de notre biodiversité ordinaire.

Généralités sur le phoque

Le phoque commun n’est pas un petit mammifère marin. Le mâle peut mesurer jusqu’à 2 m de long et peser jusqu’à 120 kg alors que la femelle mesure 1,5 m et pèse dans les 100 kg.

Pouvant plonger à 200 m de profondeur et y rester pendant 15 minutes pour chasser, le phoque se nourrit essentiellement de poissons même s’il peut se mettre crevettes et calmars sous la dent selon l’opportunité.

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Position classique du phoque une fois sur la terre ferme : tête et queue relevées – © tony mills

Lire aussi : Phoques sur les plages : ne les dérangez pas !

C’est de la fin du mois de mai jusqu’à la mi-juillet que les femelles mettent bas leur unique petit après 7 mois de gestation. Le petit sera ensuite allaité pendant environ 1 mois avant de commencer à chercher sa nourriture tout seul. Il ne sera mature sexuellement que 4 à 7 ans plus tard !

Particularités du phoque commun

Le phoque est un animal solitaire qui change de comportement une fois arrivé à terre : il se regroupe alors en colonies plus ou moins importantes. Ces regroupements ont lieu après la reproduction qui survient en mer et vont perdurer pendant toute la durée de l’élevage des jeunes. Les phoques se regroupent également sur terre durant leurs périodes de mues entre les saisons.

En mer, le phoque est un animal particulièrement curieux qui s’approche facilement des humains par curiosité, mais arrivé à terre où il est bien plus difficile pour lui de se déplacer, il devient très craintif.

Approcher des colonies de phoques n’est pas toujours ni évident, ni conseillé car ils sont tellement sur le qui-vive qu’ils se précipitent pour se jeter à l’eau ce qui peut blesser des jeunes.

Statut actuel de l’espèce

En France le phoque commun est considéré comme étant en « en danger » par l’IUCN (Union Internationale de la Conservation de la Nature) et est protégée au titre de l’arrêté du 9 juillet 1999 car considérée comme espèce menacée d’extinction.
Le phoque est également protégé au titre de la Convention de Berne Annexe 3 sachant que cela est applicable sur l’intégralité des eaux françaises.

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Tous ensemble sur la terre ferme ! – © Eugene Kalenkovich

Les menaces qui planent sur le phoque

La population mondiale de phoques communs est estimée actuellement à 3.150.000 individus ce qui ne classe pas l’espèce dans la catégorie de celles qui se portent le mieux, même si son statut est en « préoccupation mineure » à l’échelle internationale. Certaines sous-espèces ne chiffrent que quelques centaines d’individus notamment au Québec.

Les polluants

Les phoques venant donc sur terre pour y passer une partie importante de leur vie, ils se retrouvent de fait face aux dérives de notre société. Se nourrissant près de nous et subissant les mêmes polluants comme les PCB ou la dioxine, leur taux de reproduction en est directement impacté.

Les activités gazières et pétrolières, mais aussi les nombreuses industries en bord de mer ainsi que les polluants agricoles sont autant de sources de nuisances qui peuvent porter préjudice à l’espèce entière et sur le long terme.

Les dérangements

Il est difficile de comprendre et connaître l’impact exact des perturbations de la faune sauvage par nos activités et cela est d’autant plus vrai pour des espèces marines qu’il est difficile de suivre et d’observer.

Déranger des phoques lors de leurs passage sur la terre ferme reste cependant clairement énergivores pour eux et donc très préjudiciable à l’espèce : il est d’ailleurs interdit d’approcher ces animaux à moins de 300 m.

Les activités maritimes et les bruits qui les accompagnent, ainsi que le développement de parcs éoliens offshores semblent avoir une influence néfaste sur l’espèce et sa capacité à communiquer et chasser.

Le dérèglement des écosystèmes

Les écosystèmes côtiers sont de plus en plus modifiés voire bouleversés, autant du fait des activités humaines à proprement parler que des conséquences plus lointaines de ces mêmes activités, comme par exemple le réchauffement climatique.

Les phoques étant des animaux de grande taille, leur besoin en nourriture est important. La compétition inter-espèces – avec d’autres espèces de phoques ou avec des cétacés – peut nuire à terme aux phoques communs qui n’ont plus accès à suffisamment de ressources en nourriture.

Les virus

Certains virus peuvent faire des ravages incroyables dans les population de phoques notamment un virus proche de la rougeole qui a déjà tué plus de 20.000 spécimens de notre côté de l’Atlantique en 1988 et 30.000 en 2002.

Ce même virus a tendance à se disséminer dans le reste du monde notamment par l’ouverture de nouvelles voies maritimes et de courants océaniques dus au réchauffement climatique.

La pêche

Les captures accidentelles sont rares et ne sont pas sanctionnées par la loi, mais il est plus difficile de saisir pour quelle part les « filets fantômes » (ces filets abandonnés ou perdus lors de pêches) sont mortels pour cette espèce.

Hormis cette menace tout ce qu’il y a de plus physique, la surexploitation des ressources halieutiques a un effet bien plus conséquent sur les populations de phoques qui peinent à trouver suffisamment de poissons pour se nourrir.

Comment aider le phoque

Comme pour toute la biodiversité, ordinaire ou non, participer à son observation, transmettre vos connaissances notamment aux jeunes publics et soutenir les associations de protection de la faune sauvage et tous les organismes qui oeuvrent à la préservation des écosystèmes sont des gestes essentiels.

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Avec le sourire ça va encore mieux ! © Janne Hamalainen

Le phoque commun a en tout cas surtout et avant tout besoin de calme et de tranquillité pour les moments qu’il passe à terre. Si vous souhaitez observer cet animal il vous faudra donc le respecter aussi – et surtout – en ne l’approchant pas à moins de 300 m. Les jumelles sont alors toutes indiquées pour en profiter !

Si jamais vous avez la chance d’en observer un comme par exemple sur les côtes normandes où certains individus soignés en centre de sauvegarde de la faune sauvage puis relâchés sont devenus bien moins farouches, n’hésitez tout de même pas à le faire savoir aux associations qui se battent pour la protection de la vie marine comme Picardie Nature par exemple dans le cas de la colonie de la Baie de Somme.

Le phoque commun a des effectifs qui ont tendance à grossir en France, agissons tous ensemble pour que cela se confirme et pour nous assurer de la présence d’un si gros mammifère marin sur nos côtes pour longtemps encore !

Article republié

Illustration bannière : Deux jeunes phoques communs sur la plage © Lillian Tveit
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