Les parkings des hôpitaux publics se privatisent au détriment des patients : des tarifs exorbitants

Les parkings des hôpitaux publics sont de plus en plus gérés par des opérateurs extérieurs, ce qui conduit à des tarifs parfois exorbitants pour les patients qui n’ont souvent d’autres choix que de payer, d’autant plus lorsqu’ils se rendent aux urgences. François Braun, le ministre de la Santé, semble se décharger de toute responsabilité à cet égard.

Rédigé par Cecile, le 25 Apr 2023, à 10 h 07 min
Les parkings des hôpitaux publics se privatisent au détriment des patients : des tarifs exorbitants
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Se garer à proximité de l’hôpital public de Nancy semble être un luxe presque inaccessible, et pour cause, les tarifs atteignent les 30 euros pour 24 heures de stationnement. Auparavant gratuit, le parking du Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) de Nancy est désormais payant et géré par une entreprise tierce. Résultat : les visiteurs sont nombreux à se plaindre de coûts élevés de stationnement, avec des tarifs pouvant aller jusqu’à 21 euros pour deux heures.

Les parkings des hôpitaux privatisés : une activité lucrative pour les prestataires privés

Certains usagers excédés par ces tarifs ont partagé leur ticket de stationnement sur les réseaux sociaux. Face à la grogne, la direction de l’hôpital a depuis suspendu les tarifs les plus onéreux. Reste qu’un patient devant stationner plusieurs heures, voire plusieurs jours sur ce parking, se voit adresser une facture salée. Une facture d’autant plus difficile à éviter que les places autour de l’hôpital public de Nancy manquent, poussant la plupart des usagers à s’acquitter d’une place désormais payante, notamment s’ils doivent gagner les urgences au plus vite. Une visite à l’hôpital étant rarement une expérience agréable, ces frais de stationnement ne devraient pas être une source supplémentaire d’inquiétude, estiment à juste titre de nombreux usagers sur les réseaux sociaux.

« Ce sont des recettes supplémentaires qui sont prises directement dans la poche des patients et de leur famille », dénonce auprès de TF1 le Dr Christophe Prud’Home, médecin urgentiste au Samu 93 et représentant CGT des médecins.

La direction du CHRU de Nancy justifie sa décision de confier la gestion de ses parkings à un prestataire privé en invoquant l’amélioration de son entretien, mais aussi de la fluidité des stationnements. Pour les opposants, qui admettent des abus de stationnement injustifiés de la part de certains automobilistes, les frais de stationnement ne devraient toutefois pas être imposés à ceux qui viennent pour des urgences médicales. À noter que le parking sera bientôt payant aux abords des autres services du CHU de Nancy, qui compte plusieurs sites.

La direction de l’hôpital de Nancy affirme également que les revenus provenant des parkings sont destinés à financer de nouveaux investissements… Lesquels concernent notamment les parkings eux-mêmes. S’il n’est pas possible de savoir comment les bénéfices sont répartis entre l’hôpital et les opérateurs privés, il apparaît toutefois certain que l’activité est lucrative. Indigo, par exemple, entreprise qui gère 15 000 places de stationnement dans 22 hôpitaux en France, se félicitait l’année dernière d’un « secteur hospitalier (…) en pleine croissance ».

Les parkings des hôpitaux privatisés

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Des hôpitaux déficitaires, qui chercheraient une nouvelle source de rentrée d’argent

Une privatisation des parkings qui ne concerne pas que l’hôpital public de Nancy. En France, de plus en plus de parkings d’hôpitaux publics sont ainsi gérés par des entreprises privées qui reversent une partie de leurs bénéfices aux établissements médicaux. Le premier à avoir opté pour cette privatisation est l’hôpital de Bordeaux en 2012, et depuis deux ans, la tendance se généralise. De nombreuses villes telles que Caen, Lorient, Épinal, Cambrai, Le Mans, Amiens, Toulouse, Le Havre, Lyon, Avignon et Nancy ont également opté pour la privatisation de leurs parkings. La-Roche-sur-Yon devrait bientôt leur emboîter le pas.

Pour le Dr Christophe Prud’Home, ces accords sont en effet de plus en plus fréquents. La raison ? De nombreux hôpitaux déficitaires chercheraient ainsi une nouvelle source de rémunération, explique-t-il. Des recettes supplémentaires qui ne devraient pourtant pas être prises directement dans les poches des patients et de leur famille. « Vous allez en simple consultation, le médecin a un peu de retard, ça va donc vous coûter plus cher. Si quelqu’un vous accompagne, quand il ressort, il va payer. On parle de service public, mais c’est faux », dénonce également un usager retraité, faisant part de son désarroi au micro de RMC. « Je n’ai pas une grosse retraite donc si je vais à l’hôpital, soit le médecin me fait un bon de transport donc ça va coûter plus cher à la Sécu, ou alors je prends mon véhicule et mon compteur temps va être facturé », déplore ce patient diabétique.

La privatisation des parking des hôpitaux publics

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Le ministre de la Santé se dit impuissant

Contacté par les journalistes de RMC, le ministère de la Santé confirme qu’aucune réglementation concernant la gestion des parkings n’interdit aux hôpitaux français d’opter pour une privatisation de ces derniers. Chaque établissement a donc la liberté de rendre le stationnement payant, ou de le maintenir gratuit. Notons qu’à Mulhouse, le stationnement est payant pour les visiteurs, mais demeure gratuit pour les patients depuis 2019. L’hôpital de Nancy pourrait donc adopter une telle politique, bien que rien ne l’y oblige.

Invité d’Apolline Matin sur RMC et RMC Story la semaine dernière, le ministre de la Santé, François Braun, s’est exprimé sur ce sujet. Déclinant toute responsabilité, il invoque son incapacité à légiférer sur les prix des parkings des hôpitaux, chaque établissement étant autonome. Le ministre de la Santé a par ailleurs souligné que dans l’immédiat, sa priorité était de résoudre les problèmes d’accès aux soins pour les personnes éloignées, plutôt que de régler le coût des parkings des hôpitaux publics.

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2 commentaires Donnez votre avis
  1. Mais ces parkings sont la propriété de qui ?
    L’hôpital est public, il me semble ?
    Bâti sur terrain public ?!
    Donc le ministre de la santé est soit un incapable, soit un vendu !

  2. Ne nous berçons plus d’illusions ! Avec le gouvernement actuellement en place, ce n’est plus que marche forcée vers l’argent, les résutats, les bénéfices, les profits… le Fric en un mot ! Et pour cela, ils n’hésitent pas à étrangler davantage les plus faibles, les plus fragiles, ceux qui sont sans défense et qu’ils peuvent tondre à souhait…C’est honteux ! mais cela leur importe peu : la honte ne rapporte pas. Surtout celle de l’autre.

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