Écopâturage  : Leroy Merlin lâche les moutons sur votre gazon

Leroy Merlin vient d’annoncer le lancement d’un service insolite : l’entretien de pelouse assuré non plus par des moteurs thermiques, mais par des moutons.

Rédigé par , le 7 Jul 2025, à 11 h 25 min
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L’offre, baptisée « Plan Bêêê », repose sur une alliance avec la société GreenSheep et s’inscrit dans un contexte réglementaire précis : depuis le 4 juin, un arrêté préfectoral interdit la tonte mécanique entre midi et 16 heures dans 23 départements français. La manoeuvre marketing n’est pas qu’un gadget bucolique – elle s’ancre dans une mutation profonde de notre rapport à la nature.

Des moutons pour tondre la pelouse, vraiment ?

Oubliez le vrombissement dominical des tondeuses. Place à un silence feutré, ponctué de quelques bêlements nonchalants. Sur son site internet, Leroy Merlin propose désormais à ses clients une solution de tonte écologique, opérée par des ruminants issus d’élevages locaux. Ce n’est pas un gadget rural. C’est une offre structurée, encadrée, et pensée pour s’adapter à un territoire réglementaire de plus en plus contraint.

Derrière cette idée, une entreprise pionnière : GreenSheep. Créée en 2016, elle gère aujourd’hui plus de 2.000.000 m² d’espaces verts répartis sur 200 sites en France, grâce à un réseau de 150 bergers et 2.000 moutons. « Un berger local assure le suivi régulier : adaptation du nombre d’animaux, vérification des installations, soins et démarches administratives, avec le soutien d’un vétérinaire dédié », précise Leroy Merlin dans un communiqué.

 

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Une alternative crédible et écologiquement musclée

Pourquoi inviter un troupeau dans son jardin ? Parce que les arguments sont aussi nombreux que les sabots. D’abord, le silence. Contrairement aux moteurs à combustion, les moutons ne dérangent ni la sieste ni les oiseaux. Ensuite, l’entretien permanent : pas de pics de pousse, la pelouse est broutée en continu.

Mais surtout, l’écologie. « L’éco-pâturage dégage moins de carbone en comparaison à une tondeuse mécanique », peut-on lire sur la page Avantages du site GreenSheep. Les bêtes remplacent les désherbants interdits par la loi Zéro Phyto depuis 2017. Leurs déjections, inodores, nourrissent le sol, favorisent les insectes coprophages, et, par ricochet, la chaîne alimentaire naturelle des oiseaux insectivores. Ce cercle vertueux, érigé en modèle, est validé par les labels environnementaux comme HQE (Haute Qualité Environnementale), ISO 14001 et BREEAM.

Ici, pas question de poser deux chèvres sur une pelouse et de les oublier jusqu’à l’automne. L’offre GreenSheep est ultra-cadrée : chaque site bénéficie d’un suivi rapproché par un berger dédié, assisté d’un vétérinaire. Les animaux sont transportés dans des conditions sécurisées à l’aide d’une « moutonnière », identifiés, contrôlés, et tondus entre mars et juillet par des professionnels. Chaque berger dispose des agréments d’élevage obligatoires avec un registre d’identification des animaux. Ce modèle va jusqu’à l’expérience utilisateur : arrivée des moutons en fanfare, animations avec chiens de troupeau, démonstrations pastorales… Un show écolo à domicile.

Et le portefeuille dans tout ça ?

230 euros par mois. C’est le tarif annoncé par Leroy Merlin pour une parcelle domestique, soit environ 25 % de moins qu’un contrat d’entretien mécanique standard, selon GreenSheep. D’après les calculs présentés par RMC Conso, une location de tondeuse coûterait environ 78 euros mensuels, sans compter la sueur et le temps à y consacrer. Un jardinier ? Entre 40 et 96 euros pour deux passages mensuels. Sur un terrain de taille moyenne, le mouton devient vite compétitif.

Mieux encore, la société promet des économies annuelles de 2.100 euros pour un terrain de 9.000 m² et sept tontes par an. Mais au-delà du coût, c’est la simplicité du forfait fixe et l’accompagnement qui séduisent.

Un jardin vivant, mais pas sans compromis

Évidemment, tout n’est pas parfait. Cette méthode n’est pas sans contraintes : bien évidemment, la coupe ne sera pas forcément uniforme, et le rythme de tonte est nécessairement plus lent. Mais les partisans y verront une revanche de la biodiversité sur la ligne droite du gazon anglais. Paul Letheux, fondateur de GreenSheep, le rappelle avec conviction : « Le bien-être des animaux est une priorité. Pour le suivi des animaux, la proximité est essentielle, c’est pourquoi chaque berger s’occupe de sites dans un périmètre restreint ».

L’écopâturage n’est pas une mode, c’est une mue. En remettant des bêtes au coeur des villes et des jardins, Leroy Merlin et GreenSheep ouvrent une brèche dans la normalisation de l’entretien paysager. Une herbe plus libre, moins bruyante, moins toxique, et des moutons à la place des machines. L’avenir dira si cette initiative tient de la révolution durable ou du coup de pub malin, mais une chose est sûre : elle fait parler, et bêêêêler.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. C’est intéressant, certes. Que deviennent les moutons en hiver? Où vont-ils en cas de maladie, de blessure? Y a-t-il des infirmeries dans toutes les régions « broutées »?

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