Eco-sol, un centre commercial solidaire aux prix variables

Rédigé par Nolwen, le 27 Nov 2013, à 15 h 10 min
Eco-sol, un centre commercial solidaire aux prix variables
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Poursuivons notre revue des bonnes nouvelles avec la découverte d’un centre commercial tout à fait original qui a ouvert en février 2013. Pour la première fois en France, un supermarché propose à ses clients de payer « ce qu’ils peuvent » en fonction de leurs moyens.  Une manière originale d’appliquer le principe du « reste pour vivre ».

Un supermarché solidaire aux prix variables

Dans cette cité du Val-de-Marne de 200 000 habitants, Limeil-Brévannes, la vie est relativement paisible mais la ville est confrontée à de grosses difficultés économiques.

Dans ce quartier, où le chômage touche 20 % des ménages, la place des Tilleuls était à l’abandon depuis plusieurs années. La régie de quartier Limeil Brévannes Services +, en charge de créer du lien social et de favoriser l’insertion avec des emplois aidés, a décidé de redonner vie à la galerie marchande : celle-ci, située en Zone Urbaine Sensible, avait perdu ses commerces traditionnels. C’est donc au coeur du centre commercial des Tilleuls dans le quartier de Saint-Martin, (« Seima » comme l’appellent les jeunes) qu’est né « Panier plus », épicerie sociale et solidaire d’un nouveau genre.

L’esplanade avait commencé à retrouver un semblant d’activité en 2009 avec la création du centre commercial à ciel ouvert « Eco-sol ». Une première commerce a ouvert : une friperie pour adultes, puis une autre pour enfants. L’activité des friperies concerne surtout les collectivités locales telles que la Ville de Limeil Brévannes, les communes environnantes (Palaiseau, Villeneuve-le-Roi’). Les bâtiments ont été mis gratuitement à disposition par Batigère-IDF, le bailleur social.

A aussi ouvert, une une laverie à bas coût dans l’arrière-boutique. Le magasin, qui fait aussi office de relais colis inaugurait la politique de reconversion du centre commercial menée par la régie de quartier. Le prix très abordable des services proposés (2 € le kilo de linge lavé et repassé) permet aux des habitants du quartier d’y avoir recours.

eco-sol-stephane-bayetStéphane Bayet, de la régie de quartier, à l’initiative du projet

Carte + ; chacun paye en fonction de ses moyens

Une épicerie a ouvert ses porte en 20123,  sur la place des Tilleuls. A priori pas de quoi faire la Une de consoGlobe. Pourtant ce commerce a une ambition et une originalité remarquables en proposant des prix « solidaires » à la tête du client, ou plutôt, adaptés au porte-monnaie du client.

 eco-sol-solidaire-limeilLes 3 axes du projet

L’axe Economique et solidaire : les personnes les plus pauvres ou les plus fragiles se voient décernées un carte spéciale, la « Carte plus », par un comité d’éthique des services sociaux de la ville.

Grâce à cette carte +, le magasin suit une politique de tarifs sociaux. Les clients les moins aisés peuvent bénéficier de réductions allant jusqu’à 75 % du prix affiché.  Le financement de la Carte + repose sur le principe de solidarité entre consommateurs. Pour faire simple, pour 3 consommateurs qui paient le prix « normal » chez Panier +, une Carte + est débloquée.permettant d’acheter les mêmes produits à des prix adaptés.

Les tarifs pratiqués seront modulés en fonction du « reste à vivre » de chaque ménage, c’est-à-dire le solde entre les ressources et les charges fixes du foyer. Le paiement est discret et seul le client est informé du prix. «Les paiements s’effectueront à l’aide de cartes électroniques, le caissier lui-même ne verra pas qui paye quoi. C’est une bonne manière d’éviter les stigmatisations» explique un promoteur du projet.

L’axe  Environnemental :  un commerce approvisionné en circuit court :

Le supermarché « Panier + », propose surtout des produits frais et bio (ou raisonnés), fournis par des producteurs d’Ile-de-France, en privilégiant les circuit courts, l’élevage raisonné et l’agriculture biologique, ouvrira ses portes en novembre 2012. D’ailleurs, un jardin solidaire de 2  hectares, situé tout près, doit alimenter en partie le magasin. «On nous fait de grands discours sur le besoin de manger plus sainement, mais ce n’est pas à la portée de tout le monde, estime Stéphane Bayet, directeur de la régie de quartier Services plus. Là, nous allons offrir aux gens cette possibilité.»

L’axe Social : parce que bénéficiant du statut ACI (Atelier- Chantier d’Insertion), favorisant l’inclusion sociale de ses employés qui auront chacun un contrat de travail de 2 ans maximum, avec formation et accompagnement personnalisé, dans le but de trouver par la suite un emploi durable sur le marché du travail classique. D’autres commerces sont annoncés entre 2013 et 2014. Les 2 friperies (enfants et adultes) sont des chantiers d’insertion.  L’ensemble du centre commercial devrait faire travailler de 30 à 60 personnes en contrat unique d’insertion.

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16 commentaires Donnez votre avis
  1. L’on ne peut qu’applaudir des 2 mains de telles initiatives car elles remettent au coeur du combat l’essentiel de l’homme:sa dignité.Bravo et merci.Vous encouragez l’émulation…….

  2. on ne peut qu’applaudir des 2 MAINS à ces initiatives remettant la dignité de l’homme au centre des combats.Bravo,je suis sûre que vous ferez des émules.C’est SUPER

  3. où se trouve-t-il? j’en ai vraiment besoin, je n’ai plus rien à manger merci

  4. Fantastique.
    Paiement discret, magnifique. Allez, les porteurs de projets, venez à Toulouse !
    La vie à la portée de tous. Manger sainement et bien, c’est déjà se sentir mieux et plus fort pour affronter la vie que l’on doit tous mener 🙂
    Bravissimo

  5. Je trouve cette réalisation très innovante, elle tient compte de l’humain et permet aux gens dans la difficulté de regagner un peu de dignité, et ça c’est peu courant à notre époque.

    J’aimerais qu’un tel projet voit le jour dans ma commune de résidence (94350 Villiers sur Marne). Beaucoup d’habitants seraient réconfortés pour vivre mieux leur quotidien.

    Avec tout mon espoir, je vous remercie de cette initiative

  6. Dommage que des enseignes comme la votre ne fleurissent pas dans le nord pas de calais

  7. Si, étant commerçant, je ne fais pas au moins 50% de marge, avec les pertes, les non-payés et les taxes, dans les deux ans je ferme boutique..

  8. Merci pour cette information réjouissnte et qui servira d’inspiration à beaucoup et dans bien des endroits, j’espère!

  9. J’aimerais bien connaître le moyen de faire parvenir des vêtements et jouets à la friperie au lieu de les mettre dans les bennes à vêtements.
    Pourriez-vous S.V.P. m’indiquer un n° de téléphone pour prendre contact

  10. Franchement, un seul mot: bravo !
    Je vis dans le sud de la France où il y a bien plus de pauvres » qu’on le croit, et où ce genre d’initiative parait impossible…..vu le prix du mètre carré, qu’il s’agisse de loyer ou de gens qui sont propriétaires ou veulent le devenir.
    Bravo, bravo et re-bravo !

  11. Voilà ce qui s’appelle vraiment du développement durable, terme par ailleurs assez galvaudé !
    Ce sont bien les « 3 piliers » qui interagissent, économie, environnement et social, sans obligatoirement donner plus d’importance à l’un des trois.
    Bravo pour le paiement « discret », à elle toute seule cette mesure valide le concept, s’il en était besoin !

  12. Bonjour,
    Une carte plus débloquée à partir de 3 clients payant le prix normal : est-ce à dire que le prix normal est 30% plus cher qu’ailleurs ?

    • je crois que nous serions tous abasourdis des marges que les grandes surfaces « classiques » se font sur notre dos… Je préfère savoir que je paye 30%plus cher si cet argent sert à fiancer le panier d’une famille démunie plutôt que de ne même pas savoir quelle marge le patron de la chaine cas.car.auch. peut se faire tout en payant à coup de lance pierre ses salarié(e)s qui sont même parfois les premiers à avoir des difficultés à joindre les deux bouts en fin de mois !!

    • Pour compléter la très bonne réponse de Toelay, il y a eu un article récemment sur ConsoGlobe au sujet du lait avec des graphiques sur les marges des enseignes de grande distribution. On est pas loin du 100%.

      A compléter avec le très bon article de BastaMag (bastamag.net/article3400.html) montrant l’écart de rémunération entre le salaire moyen par employé (même pas le plus bas) et le salaire des patrons des entreprises du CAC40. Pour Carrefour, le patron (M. Plassat) gagne en 1 mois 10 ans de salaire moyen d’un employé de ses supermarché, pour Casino, c’est 11 ans de salaire moyen que le patron (M. Naouri) gagne en un an.

      Donc, à priori, les prix n’ont pas besoin d’être plus cher, il suffit d’avoir des grilles de rémunération honnêtes pour redistribuer des bénéfices aux plus démunis sous forme de cette carte+.

      Une des premières fois où je vois une initiative qui va dans le bon sens, c’est-à-dire plaçant le consommateur devant ses responsabilités et non une série de lois contournables des politiques qui ne vivent plus dans le même univers que le peuple depuis très longtemps, quelle que soit leur couleur politique. Une idée anarchiste enfin réalisée !! J’applaudis haut et fort.

    • (Désolé pour le double post)

      L’article d’Annabelle sur le lait :
      https://www.consoglobe.com/lait-equitable-fairefrance-fairecoop-cg/2

      Lait de marque :
      Prix de vente coopérative agricole : 35cts
      Bénéf de la marque : 25cts
      Bénéf de l’enseigne de grande distribution : 55cts (dont 5cts pour le magasin particulier)

  13. tres belle initiative dommage qu’ il n en a pas dans d autre ville je suis dans le 25

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