Crèmes solaires : les leaders du marché rattrapés par leurs formules

Entre marketing et science, le soleil met les crèmes anti-UV à l’épreuve. Mais faut-il encore croire tout ce qu’on lit sur les tubes ?

Rédigé par , le 30 Jun 2025, à 11 h 00 min
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Le magazine 60 millions de consommateurs a publié une enquête détonante : huit références de crème solaire parmi les plus vendues ont été soumises à des tests rigoureux. Objectif affiché : mesurer leur efficacité réelle contre les rayons UVB et UVA, leur innocuité environnementale et leur qualité d’usage. Et les résultats, bien loin des promesses affichées, donnent de sérieux coups de soleil à certaines marques.

Crème solaire : un bouclier UV plus fragile qu’annoncé

Le test réalisé par 60 millions de consommateurs(1) révèle un paradoxe glaçant : la quasi-totalité des produits affichant un SPF 50+ ne tiennent pas toujours leurs engagements. Certes, « tous les produits solaires testés respectent une condition minimale recommandée : 90 % des rayons UV absorbés par les crèmes sont inférieurs à 370 nanomètres », peut-on lire dans l’article de 60 millions de consommateurs. Mais seuls quelques-uns dépassent réellement un SPF 60, seuil pourtant requis pour revendiquer le fameux « 50+ ».

Quant à la protection contre les UVA, les résultats sont carrément décevants. 60 millions de consommateurs pointe le fait que seuls trois produits dépassent un indice UVA-PF de 20, c’est-à-dire le tiers du SPF – seuil jugé nécessaire par les normes européennes pour une efficacité minimale. Un spray revendiquant un PA++++ (notation japonaise) « indique un UVA-PF supérieur à 16 – ce qu’il n’atteint pas », souligne encore le test. Cette performance est d’autant plus préoccupante que les UVA représentent 95 % du rayonnement UV et sont fortement impliqués dans les cancers cutanés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le cas de la crème solaire Avène, formulée uniquement avec du dioxyde de titane, est emblématique. Si elle surprend positivement par son efficacité anti-UVB, elle est jugée médiocre sur les UVA. En cause : une méthode de test différente utilisée par le magazine, la HDRS (Hybrid Diffuse Reflectance Spectroscopy), alors que le fabricant assure que son produit « présente une protection efficace dans les UVA avec une méthode reconnue et validée : UVA in vivo ISO 24442 ».

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Crème solaire et environnement : des formules loin d’être propres

La crème solaire ne protège pas que la peau : elle est aussi censée respecter la planète. Du moins sur le papier. En réalité, les résultats du Cosméto’Score, qui évaluent l’impact des ingrédients sur la santé et l’environnement, révèlent une note médiocre pour la majorité des produits testés. Un seul produit – celui de La Rosée – échappe à cette critique.

La crème Avène, par exemple, affiche en toute transparence l’utilisation d’une substance extrêmement préoccupante (SVHC) pour l’environnement. D’autres produits, comme ceux de Garnier ou Mixa, sont notés « E » pour leur impact aquatique, malgré un score environnemental « A » auto-attribué par L’Oréal. Cette notation interne, savamment présentée, englobe la recyclabilité de l’emballage, la dimension sociale… mais pas uniquement l’écotoxicité des ingrédients.

Crème solaire de la marque Avène

Le dioxyde de titane, notamment sous forme nanométrique, soulève aussi des interrogations. Même s’il est autorisé, ce filtre minéral n’est pas sans ambiguïté scientifique. Une étude publiée par l’EWG (Environmental Working Group) en 2021 a révélé que de nombreuses crèmes solaires testées offraient une protection UVA réelle bien inférieure au SPF revendiqué, ce qui alimente les doutes sur les formulations actuelles.

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Crème solaire et confort : quand la texture trahit la promesse

Mais au-delà des chiffres, la crème solaire doit aussi convaincre par sa texture, son odeur, sa facilité d’application. Sur ce terrain, les produits testés montrent des performances très variables. « La crème SVR nous est apparue un peu collante, comme le fluide La Roche-Posay », note 60 millions de consommateurs. À l’inverse, Garnier, Mixa et Nivea sont jugés agréables à étaler, mais affublés d’une « même odeur de plastique peu agréable ». Les traces blanches, souvent pointées du doigt par les utilisateurs, sont plus marquées avec les filtres minéraux – comme chez Avène, suivi par Bioderma et Garnier. Le test souligne néanmoins que cette particularité peut être perçue positivement, car elle « permet de visualiser les parties couvertes ».

Enfin, les recommandations générales des fabricants restent floues. « La majorité des marques se contentent de conseiller d’appliquer leur produit ‘généreusement’, de manière uniforme ou homogène, en le renouvelant ‘fréquemment’ », déplore l’article. Un QR code explicatif sur le bon dosage serait pourtant utile pour lutter contre le sous-dosage, facteur majeur de perte d’efficacité.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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