Coronavirus : les couturières en ont ras le masque d’être bénévoles

Alors qu’elles ont fabriqué des masques des semaines durant, les couturières protestent d’être mises sur la touche à l’approche du confinement.

Rédigé par Paul Malo, le 4 May 2020, à 9 h 28 min
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« Bas les masques, » disent désormais celles qui, des semaines durant, ont donné de leur temps, et de leur argent, pour concevoir des masques.

95 % de couturières bénévoles

C’est dit : les couturières professionnelles ne veulent plus travailler gratuitement. Des centaines d’entre elles viennent de le faire savoir, alors que le confinement approche. Elles ont même lancé un collectif, baptisé « Bas les masques » et la pétition qu’elles viennent de lancer a déjà reçu plusieurs milliers de signatures. « Notre savoir-faire, notre temps, notre travail ne valent-ils plus rien ? », s’interrogent-elles.

Il faut dire qu’au coeur de la pandémie, elles ont consacré tout leur temps à fabriquer des masques alors que le pays et les personnels soignants manquaient de toute protection de base. Elles y ont aussi investi leur stock de tissu, en sus de leurs compétences. « Le mouvement solidaire et bénévole s’est répandu à une vitesse fulgurante dans une population animée par la bienveillance et soucieuse de pallier les manquements gouvernementaux, mais cet élan a pour conséquence désastreuse le dépouillement de toute une profession pourtant emblématique de l’identité et du savoir-faire français, profession à 95 % composée de femmes ».

Des normes taillées pour les grandes entreprises

coronavirus masque couturière

Faute de pouvoir continuer leur activité professionnelle bon nombre de couturières vont devoir cesser – © Julija Erofeeva

Selon elles, « le mouvement a dépassé, de loin, le cadre normal du bénévolat et en vient à concurrencer, voire remplacer une industrie existante qui devrait être plutôt soutenue par le gouvernement ». Maintenant, ces couturières demandent que l’État s’appuie sur l’industrie textile et les artisans. Elles souhaitent que l’État réquisitionne les ateliers de couture et passe des commandes, afin que les couturières, elles aussi, soient rémunérées pour leur travail. Comme le sont les livreurs, boulangers ou éboueurs.

Par ailleurs, les normes et le processus d’homologation instaurés le 29 avril dernier pour pouvoir vendre les masques favorisent clairement les grandes entreprises au détriment des petites entreprises et des indépendants. Faire homologuer sa production de masque coûte en effet la bagatelle de 1.100 euros. Comment des couturières ayant travaillé bénévolement durant tout le confinement pourraient-elles débourser cette somme ? Au lieu de, de nouveau, gagner leur vie en confectionnant des masques, nombre de couturières vont au contraire devoir cesser de le faire.

Illustration bannière : Coronavirus : les couturières estiment avoir largement dépassé les limites du bénévolat – © Sergey Chebakov
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