Compost : comment savoir s’il est prêt à être utilisé ?
Depuis le 1er janvier 2024, tous les foyers français doivent trier leurs biodéchets à la source. Cette mesure s’applique aux particuliers, aux collectivités comme aux professionnels. Objectif affiché, réduire la part des déchets fermentescibles dans les ordures ménagères et encourager la valorisation naturelle de ces matières organiques, notamment via le compostage.
Cette transformation, appelée décomposition aérobie, repose sur l’action conjointe de micro-organismes (bactéries, champignons) et de microfaune (vers, acariens, cloportes…), qui transforment progressivement les résidus en un amendement organique stable et fertile. Encore faut-il savoir quand ce précieux substrat est prêt à l’usage.
Un compost mûr a une odeur de forêt et une couleur sombre
Premier signal de maturité, l’aspect et l’odeur. Un compost prêt à l’emploi affiche une teinte brun foncé presque noire. Sa texture évoque celle de la terre de sous-bois. Quant à son parfum, il doit être agréable, neutre, légèrement terreux, comme celui de la mousse après la pluie. Si votre tas exhale plutôt des relents d’ammoniac ou de vase, c’est que quelque chose cloche.
« Si une odeur de vase se dégage, votre compost manque d’air, il doit être brassé. S’il exhale une odeur d’ammoniac, l’équilibre C/N est mauvais, il penche trop en faveur de l’azote », souligne Nathalie Guellier dans Binette & Jardin. Aérer et équilibrer les apports bruns (carbone) et verts (azote) est alors indispensable. Rappelons que l’équilibre C/N reste l’un des piliers d’un compost sain, en plus de l’humidité et de l’oxygénation.
L’absence de vers et la température, des indices redoutables
Contrairement à une idée reçue, la disparition des vers rouges n’est pas un signe négatif. Bien au contraire. Lorsqu’un compost est en phase active, les décomposeurs s’y pressent, la température grimpe jusqu’à 60 ou 70 °C. Mais une fois le processus terminé, la température redescend et se stabilise à celle de l’air ambiant. Et les vers, n’ayant plus rien à digérer, remontent vers les couches supérieures encore fraîches. Autrement dit, l’absence de vers dans la couche inférieure est un bon signe : cela signifie que la digestion microbienne est achevée, et que le produit peut être utilisé au jardin.
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Oubliez les trognons de pomme ou les coquilles d’oeuf visibles, un compost mûr ne laisse que très peu de traces de ses origines. Selon Binette & Jardin, sa texture devient grumeleuse, friable, légèrement compacte si encore humide, mais agréable à travailler lorsqu’il sèche. Si vous y découvrez encore des noyaux, des coquilles ou des tiges ligneuses, mieux vaut extraire ces résidus et les renvoyer en cycle pour une seconde décomposition. L’homogénéité est ici synonyme d’efficacité.
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Le test du cresson : simple et infaillible
Parmi les méthodes les plus fiables, le test de germination s’impose. Il consiste à comparer la capacité de graines sensibles, comme celles de cresson alénois, à germer dans deux pots : l’un contenant du compost mélangé à de la terre, l’autre uniquement de la terre. « Si autant de graines ont germé dans les deux pots, votre compost est mûr », rappelle Nathalie Guellier dans Binette & Jardin. À l’inverse, une inhibition de la germination témoigne de la présence de substances encore phytotoxiques. Un compost trop jeune peut en effet contenir des acides organiques ou ammoniacaux nocifs pour les jeunes plantules.
Dernier critère, l’analyse du pH. Un compost bien mûr affiche une valeur comprise entre 7,5 et 8,5, ce qui indique un environnement basique ou faiblement alcalin. Cette neutralité est le résultat d’un processus de maturation qui a permis de dissiper l’acidité initiale. L’utilisation de bandelettes pH ou de kits d’analyse du sol, disponibles en jardinerie, permet de confirmer cette stabilité. Attention toutefois à ne pas se baser uniquement sur ce critère, qui doit être croisé avec les autres observations visuelles, olfactives et biologiques.
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