Chlordécone et Antilles françaises, à quand la fin de l’histoire ?

Alors que le Président Macron visitait les Antilles il y a peu, l’épineux scandale de la pollution massive au chlordécone a refait surface durant sa visite… Il était temps !

Rédigé par Julien Hoffmann, le 13 Oct 2018, à 8 h 00 min
Chlordécone et Antilles françaises, à quand la fin de l’histoire ?
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Le chlordécone est un pesticide qui a été utilisé dans les Antilles françaises pendant des décennies et ce pour lutter contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus) alors même qu’il était de notoriété publique qu’il avait des effets désastreux sur l’environnement et la santé.

Retour sur le scandale du chlordécone en quelques points

  • Interdit en 1976 aux États-Unis, il faudra attendre 14 ans de plus pour que l’interdiction tombe en France et 3 ans supplémentaires pour que cette interdiction soit appliquée aux Antilles.
  • Autorisé en France en 1981.
  • Des sols pollués pour 600 ans au moins.
  • Des eaux polluées rendant régulièrement les produits de la pêche impropres à la consommation.
  • Une pollution qui passe de la terre aux légumes cultivés (patates, carotte, etc.) ;
  • 90 % de la population contaminée par le pesticide.
  • Conséquences sur le développement des enfants entre perte de QI, troubles du comportement et perte de motricité.
  • Forte augmentation du risque de cancer de la prostate.

Plusieurs études sur l’impact du chlordécone sur les populations sont encore en cours. Nous allons certainement découvrir d’autres problématiques liées à ce pesticide qui infecte désormais des centaines de milliers de personnes, certains résultats préliminaires faisant aussi état d’une chute du nombre de spermatozoïdes.

Un plan de lutte contre le chlordécone

L’actuel plan d’action n’est autre que le Plan chlordécone troisième du nom. La préfecture de la Martinique le présente comme suit : «Ce troisième plan vise à passer d’une logique de gestion de court terme des effets collatéraux (économiques, sociaux, culturels) de la pollution à une véritable logique de long terme de développement durable des territoires, intégrant la problématique de la chlordécone.»

chlordécone Antilles

Des produits aspergés dans un champ de bananes © Pix One

On entend donc que les plans 1 et 2 qui ont duré 6 ans au total (de 2008 à 2014) participaient du court terme dans l’urgence et que le plan 3 qui court sur 6 ans lui aussi (de 2014 à 2020) est considéré comme étant du long terme… Difficile d’imaginer que, sur la même durée, la donne changera réellement quand on sait que les effets négatifs du chlordécone sont connus depuis bientôt 40 ans et qu’il a été difficile de les faire reconnaître par l’État.

Quoi qu’il en soit, ce plan se découpe en quatre axes : modification des comportements, réduction de l’exposition des populations, recherche et compensation le tout pour un budget global de 94 millions d’euros.

Un manque de bon sens ?

À l’heure où les plans se succèdent et où on peut légitimement s’interroger sur les responsabilités de chacun, regarder un peu en arrière permet de mieux saisir combien la commercialisation et l’utilisation du chlordécone relèvent du scandale.

Le pesticide a été produit de 1958 à 1975 dans des usines de Virginie aux États-Unis. La production s’arrêta brutalement en juillet 1975 lors d’un incident de production durant lequel une importante pollution aux abords de l’usine avait été constatée. Cette pollution massive au chlordécone avait alors eu pour conséquence des intoxications aiguës des ouvriers et des riverains. Un an après, en 1976, la production et la vente de chlordécone sont interdites aux États-Unis.

Déjà utilisée avant 1981, c’est pourtant à cette date que la France autorise légalement son utilisation, 5 ans après l’interdiction américaine !

Parlant du chlordécone, Emmanuel Macron mettait en avant la « responsabilité collective » en précisant : « Je serai clair pour dire que nous continuerons le travail avec lucidité et détermination car on ne peut accepter les situations dans lesquelles nous sommes ». Certaines mauvaises langues se demandent si Emmanuel Macron parle là du chlordécone ou du glyphosate…

Illustration bannière : Bananier – © Cat Act Art
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