Biocarburants : une fausse solution verte qui aggrave les émissions de CO₂

Tandis que les biocarburants sont souvent promus comme une panacée verte pour le transport, une nouvelle analyse révèle qu’ils émettent en réalité plus de CO₂ que les carburants fossiles qu’ils remplacent, notamment à cause des effets indirects.

Rédigé par , le 13 Oct 2025, à 11 h 00 min
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La légitimité écologique des biocarburants est ainsi remise en cause dans une stratégie climatique réaliste.

Les biocarburants, une illusion d’émissions « neutres »

Les défenseurs des biocarburants mettent souvent en avant leur « neutralité carbone » : le CO₂ absorbé pendant la croissance des plantes compenserait celui émis lors de la combustion. Pourtant, cette hypothèse néglige les effets indirects des changements d’usage des sols et la déforestation qu’ils induisent. Tout compte fait, la production mondiale de biocarburants émet 16 % de CO₂ de plus que les combustibles fossiles remplacés, en raison justement de ces effets indirects, apprend-on d’une étude de l’ONG Transport & Environment.

La différence s’explique aussi par le « coût initial » du changement de vocation des terres : la conversion de forêts ou de prairies vers des cultures à vocation énergétique génère des émissions massives qu’il faudrait des décennies, voire plus d’un siècle, pour compenser. Des analystes soulignent ainsi que l’hypothèse d’une « neutralité carbone rapide » est invalide à court terme.

Les biocarburants sont très consommateurs de maïs et de cultures sucrières

Aujourd’hui, les cultures destinées aux biocarburants occupent environ 32 millions d’hectares à l’échelle mondiale, pour répondre à seulement 4 % de la demande énergétique consommée par le transport. Cette surface pourrait croître de 60 % pour atteindre 52 millions d’hectares d’ici 2030, soit une superficie comparable à celle de la France. En parallèle, les auteurs de l’étude estiment que d’ici 2030, les biocarburants émettront 70 millions de tonnes d’équivalent CO₂ de plus que les carburants fossiles qu’ils remplacent, soit l’équivalent des émissions annuelles d’environ 30 millions de voitures diesel.

La ressource en eau est également mise à l’épreuve : une voiture parcourant 100 km avec un biocarburant de première génération requiert en moyenne 3.000 litres d’eau, contre environ 20 litres lorsqu’elle est alimentée en électricité d’origine solaire (pour les véhicules électriques).

La culture de biocarburants consomme par ailleurs massivement des cultures alimentaires : en 2023, elle a consommé 150 millions de tonnes de maïs et 120 millions de tonnes de canne à sucre ou betterave à sucre. À noter également que 90 % de la production mondiale de biocarburants dépend encore de matières premières alimentaires, ce qui alimente un profond conflit avec la sécurité alimentaire.

Enfin, les auteurs de l’étude mettent en avant une comparaison frappante : rien que 3 % des terres actuellement utilisées pour la production de biocarburants de première génération pourraient produire la même quantité d’énergie à l’aide de panneaux solaires.

En dépit de leurs faiblesses inhérentes, les décideurs politiques continuent de promouvoir les biocarburants

Malgré ces bilans défavorables, les biocarburants continuent de bénéficier du soutien des gouvernements à travers l’Europe . D’une part, ils sont intégrés à des réglementations nationales et européennes cherchant à diversifier les carburants. Par exemple, dans le cadre du « FuelEU Maritime » ou du « ReFuelEU Aviation », les secteurs maritime et aérien sont incités à adopter des carburants renouvelables.

D’autre part, les industriels et certains représentants politiques soutiennent l’idée de « neutralité technologique » : accepter toutes les technologies — électriques, hydrogène, biocarburants — comme complémentaires pour atteindre la décarbonation. De plus, le recours aux biocarburants est promu comme une stratégie de souveraineté énergétique — notamment en Europe — pour produire localement des carburants liquides. Cependant, en France, les deux tiers de la demande en bioéthanol et biodiesel sont importés, de quoi affaiblir l’argument de l’autonomie.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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