Dans la Somme, les renards peuvent enfin ‘dormir sur leurs deux oreilles’

Deux arrêtés autorisant la chasse nocturne des renards ont été annulés par la justice qui a donné tort à la Préfecture.

Rédigé par Paolo Garoscio, le 3 Jun 2021, à 10 h 10 min
Dans la Somme, les renards peuvent enfin ‘dormir sur leurs deux oreilles’
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Les associations de défense des animaux, et plus particulièrement des renards, se sont félicitées, le 27 mai 2021, de la décision de justice concernant deux arrêtés autorisant la chasse nocturne du renard dans la Somme. Le tribunal administratif d’Amiens les a en effet annulés, allant de fait à l’encontre de la préfecture.

Chasse nocturne du renard : deux arrêtés annulés, après une première suspension

La préfecture de la Somme avait autorisé l’abattage massif de renards, de nuit, dans deux arrêtés distincts mais similaires : le premier datant du 15 juillet 2019 et le deuxième du 13 août 2020. Ce dernier, notamment, prévoyait l’autorisation d’abattre jusqu’à 1.600 renards entre le 13 août 2020 et le 31 mars 2021. En cause, selon l’arrêté et donc la préfecture, la menace que le renard représenterait pour les perdrix grises… un gibier très apprécié des chasseurs. Ce qui conduit parfois à des massacres !

L’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) et l’AVES (Agir pour le Vivant et les Espèces Sauvages) ont attaqué les deux arrêtés, avec une première victoire en septembre 2020 : la suspension de l’arrêté du 13 août 2020, ce qui a de fait interdit la chasse du renard dès le mois de septembre 2020. Mais le combat n’était pas terminé : les arrêtés n’étaient que suspendus mais pas annulés.

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Lorsque le renard est classé sur la liste départementale des espèces ‘susceptibles d’occasionner des dégâts’, les renards peuvent être tués sans limite de nombre © Jack Scrivener

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Les juges donnent tort à la Préfecture

Le 27 mai 2021, le tribunal administratif d’Amiens a mis un point final à l’affaire en annulant tout simplement les deux arrêtés. Dans leur décision de justice, les juges donnent tort à la Préfecture estimant même que la préfète de la Somme avait fait une application « inexacte » du Code de l’environnement, et notamment de son article L.426-6.

Selon les juges, à la suite de l’analyse des pièces du dossier, la baisse de la population des perdrix grises « résulte principalement des pratiques agricoles » et que les renards ne sont responsables que de « moins de 1 % des dommages subis par la faune sauvage ».

Les chasseurs déplorent l’annulation, avec à leur tête Yves Butel, président de la fédération de chasse de la Somme qui s’est confié à France-3 Hauts-de-France : « C’est une mauvaise nouvelle. Je ne sais pas comment on fera pour réguler le renard, qui fait des dégâts considérables à la petite faune ». Mais pour le Tribunal d’Amiens : « Si la population du renard est importante dans le département, les données statistiques versées au dossier […] font apparaître que cette population est stable ». en d’autres mots, la population de renards s’auto-régule !

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Le renards est un auxiliaire de cultures efficace et sa population s’auto-régule © Zdenek Machacek

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De l’autre côté, les associations de protection de la faune sauvage se réjouissent. Pour Richard Holding, responsable de la communication de l’ASPAS, le renard est un allié pour les paysans et l’acharnement des chasseurs sur cet animal vient du fait qu’ « ils voient dans le renard un concurrent, qu’ils accusent de voler leur gibier. Sauf que le renard chasse pour survivre. Les chasseurs, c’est pour le plaisir ».

Illustration bannière :  Le renard roux souffre toujours un peu d’une mauvaise image – © tim link
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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.

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