Apnée du sommeil  : une menace que le climat fait exploser

L’élévation des températures nocturnes accentue de manière significative le risque d’apnée obstructive du sommeil (SAOS).

Rédigé par , le 18 Jun 2025, à 10 h 15 min
Apnée du sommeil  : une menace que le climat fait exploser
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Le 17 juin 2025, les chercheurs australiens de l’université Flinders tirent la sonnette d’alarme : le réchauffement climatique n’épargne pas nos nuits. Plus précisément, il aggrave un trouble aussi répandu que méconnu : l’apnée du sommeil. Ce lien, désormais confirmé par les données, fait redouter une crise sanitaire mondiale aux conséquences sanitaires, sociales et économiques majeures.

Apnée du sommeil : Le réchauffement climatique détraque nos nuits

Les faits sont là, implacables. Une étude publiée dans Nature Communications(1) et présentée à la conférence internationale de l’American Thoracic Society 2025 démontre que l’élévation des températures nocturnes accentue de manière significative le risque d’apnée obstructive du sommeil (SAOS). Ce syndrome, causé par un blocage temporaire des voies respiratoires pendant le sommeil, provoque des micro-réveils répétés, un déficit chronique d’oxygène et, à terme, de graves pathologies cardiovasculaires.

L’enquête menée par l’équipe australienne s’appuie sur une base de 116 620 dormeurs suivis via des capteurs placés sous leur matelas. Les résultats sont sans appel : « Des températures plus élevées sont associées à une augmentation de 45 % de la probabilité qu’une personne souffre d’apnées du sommeil au cours d’une nuit donnée », selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace(2).

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Un milliard de personnes concernées, l’Europe en première ligne

Déjà, un milliard de personnes seraient atteintes d’apnée du sommeil dans le monde. Un chiffre que la plupart des experts jugent en deçà de la réalité, tant le diagnostic reste peu posé, notamment dans les pays à faible revenu ou faiblement climatisés. Le continent européen figure parmi les zones les plus exposées aux effets aggravants des températures nocturnes élevées, selon les modélisations climatiques utilisées dans l’étude.

Ce trouble du sommeil, longtemps banalisé, pourrait devenir un marqueur du mal-être climatique. À l’horizon 2100, une augmentation globale des températures de 2 °C suffirait à doubler le fardeau sociétal du SAOS. D’après Reporterre, les auteurs estiment que « le réchauffement climatique a déjà augmenté cette pression de 50 % à 100 % depuis l’an 2000 ».

Une bombe sanitaire et économique ignorée

Le coût de l’inaction est vertigineux. En 2023, les chercheurs estiment que 800.000 années de vie en bonne santé ont été perdues à cause de l’apnée du sommeil dans les 29 pays étudiés. Le coût global annuel s’élèverait à environ 98 milliards de dollars, répartis entre les pertes de bien-être (près de 68 milliards) et la baisse de productivité (plus de 30 milliards), comme l’indique l’étude relayée par Les Numériques. Mais ce n’est qu’un début. Si aucun virage climatique n’est pris, le coût total lié à ce trouble pourrait atteindre 2,8 trillions de dollars d’ici 2100. Une somme colossale pour une pathologie encore trop souvent assimilée à un simple désagrément nocturne.

Face à ce scénario, les solutions existent mais nécessitent une réponse urgente et structurée. Le Dr Bastien Lechat, co-auteur de l’étude, appelle à un double levier : une réduction ambitieuse des émissions de gaz à effet de serre, et une amélioration massive du dépistage de l’apnée du sommeil. « Nos résultats montrent que sans action forte pour ralentir le réchauffement, le fardeau de l’AOS pourrait doubler d’ici 2100 », insiste le Pr Danny Eckert, chercheur principal.

En parallèle, les chercheurs appellent à démocratiser l’accès aux équipements de diagnostic (capteurs nocturnes, consultations spécialisées), particulièrement dans les régions chaudes et défavorisées. Car plus le thermomètre grimpe, plus le souffle se fait court.

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