Comment on vous fait acheter plus en vous vendant moins !

Rédigé par Jean-Marie, le 21 Aug 2014, à 14 h 38 min
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Comment vous faire acheter plus ?

Jouer avec le poids

On peut aussi ajouter du poids au produit avec des ingrédients sans marketing prédictifintérêt : on met plus d’eau, plus de gluten et ainsi on peut donner la sensation d’un produit plus gonflé, plus lourd, … plus attractif.

Les exemples abondent et vous pourrez nous en proposer d’autres :  lorsque Nestlé a racheté la marque de glace Mövenpick, la « modernisation » du pot de 1 kg l’a fait passer à 900 g sans que son prix ne maigrisse. Évidemment. La nouvelle recette de la fameuse barre chocolatée Mars appelée Coeur fondant, commercialisée en 2007 officiellement « afin de s’adapter aux nouvelles demandes des consommateurs »  a permis de faire passer un allégement  16 % de son poids, tout en maintenant son prix.

Pour masquer la perte de poids du produit, on va appeler l’emballage en renfort : ainsi, en ajoutant plus de carton ou de plastique, on masque la perte du poids net. Autre exemple, on va mettre moins de produit dans un flacon ou une bouteille avec l’impression visuelle d’en avoir autant grâce à un culot en goutte d’eau et plus épais.

 

Jouer avec les lots et la taille

lots-de-produitsAh, les offres promotionnelles ! Les lots de 18 yaourts pour le prix de 16 ! Les offres « 20 % de quantité offerte » ! Qui n’a jamais succombé à ces « bonnes affaires » souvent placées en tête de gondole ou au centre des rayons ?

Mais attention, la prochaine fois vérifiez :

  • si on vous propose un paquet de 12 produits en lot avec 2 gratuits, le produit à l’unité n’est pas passé (par exemple) de 250 à 230 grammes. Cette technique du poids variable en fonction du conditionnement est appréciée par Danone qui va proposer des crèmes dessert de 125 grammes en lot de 4 mais les mêmes en lot de 16 qui ne pèsent plus que 115 grammes.
  •  que les 4 pots de 100 g ne pèsent pas 90 grammes. Autrement dit, vérifier que le poids au kilo n’a pas varié ou que les 20 % offerts ne sont pas accompagnés d’un prix au kilo qui aurait lui aussi gagné 20 %.

 Attention aux monodoses !

euroDu café, de la confiture, du dentifrice, des conserves, … tout aujourd’hui se vend en conditionnement « de voyage », « pour célibataire », c’est à dire en mono-doses ; mais attention, la note est salé avec du café en monodoses 2 fois plus cher qu’en 1 kilo,  des dosettes d’adoucissant 7 fois plus chères que le grand flacon, etc sans parler d’une quantité d’emballage inutile.

Jouer avec le nombre de produits

courses-supermarche surconsommationAutre technique, diminuer le nombre d’unités dans les lots ou les paquets sans le signaler ou changer l’emballage : ne mettre que 20 dosettes de café au lieu de 24 (il semble que Carte Noire est ainsi passé de 18 à 16 sans changer le prix du paquet d’Or Intense). Là encore, cela revient à augmenter le prix au kilo.

Cette technique a été largement exploitée par les vendeurs d’eau en bouteille qui, quand ils sont passés de bouteille de 1,5 litre à 1,25 litre, se sont bien gardé de baisser le prix en proportion mais ont plutôt communiqué sur l’allègement de l’emballage ou le nouveau bouchon.

Et quand le prix doit changer, on va bien veiller à le faire rester sous la barre du prix rond : vous achèterez plus facilement la promotion à 4,99 € que celle à 5,09 €. C’est ainsi, un biais cognitif bien connu qui aide à masquer les changements de taille / poids.

Sur ce sujet, les magasins ne manquent pas d’idées : Les manipulations du merchandising en magasin

Avancer par petits pas imperceptibles

Si vous touchez à la recette et aux qualités organoleptiques d’un produit vedette, comme les biscuits Prince, par exemple, il faut y aller mollo et par toutes petites touches, sinon le consommateur va s’en apercevoir et protester. En revanche si vous cumulez dans le temps des petits changements imperceptibles, vous engrangez des économies substantielles sans bouleverser vos acheteurs.

acheter plus

Les fameux biscuits Prince sont un bon exemple de cette approche « kaizen » puisque, si on regarde comme ils ont évolué depuis 30 ans, on s’aperçoit d’une évolution régulière vers moins de poids (les biscuits sont moins lourds, plus friables). Les Prince nouvelle génération ne sont plus tout à fait les mêmes que jadis, beaucoup plus sucrés, ne sont plus « au chocolat ». mais au « goût chocolat » ; nuance de taille.

etoileLes produits vedette à avoir connu une telle évolution (dégradation ?) sont fort nombreux et il suffit d’interroger les internautes ou de lire les courriers consommateurs pour s’apercevoir que ces changements finissent par agacer : la fameuse Danette a bien évolué par rapport à sa recette initiale, idem pour les biscuits Lu Petit Déjeuner, Kangoo, Pepito, Paille d’Or, le chocolat Galak, les barres Lion, etc. .

Consommateur averti contre inflation cachée

Au final, ces modifications permanente des produits de grande consommation vont équivaloir à une inflation masquée, peu perceptible au premier abord ou par le consommateur pressé.Pour débusquer cette inflation masquée, il n’y a qu’une recette, toujours la même : lire les étiquettes et se rapporter systématiquement au prix au kilo dont la mention est obligatoire.

Plus largement, mais c’est un choix de consommation et de vie, il suffit de revenir vers des produits plus simples, plus naturels, moins emballés, moins industriels, voire fait maison, pour retrouver la « qualité vraie et nue » , une attitude qui suppose d’être moins séduit par le marketing sophistiqué des marques et par les (pseudo) innovations qui animent les rayons de nos magasins.

supermarché sans emballage

Lors de notre prochaine étape dans le monde du nouveau marketing nous découvrions les subtilités invisibles du marketing comportemental. En attendant, faites nous part de vos expériences en matière d’achat de produits …

*

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absolu-marketing-techniques

Les techniques secrètes pour faire craquer le consommateur

 

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(1) En 2008, le paquet de Prince LU pesait 330 g. À la rentrée, suivante, il ne pesait plus que 300 g. pour le même prix.
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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

14 commentaires Donnez votre avis
  1. Moi c’en est fini des supermarchés, quasiment, le but est de se rapprocher d’une consommation de plus en plus autonome. Et nos filles ados suivent leurs parents sur ce point car c’est un sujet qui nous préoccupe et dont nous discutons. Cela veut dire aussi plus de temps à cuisiner et à chercher de bons produits. Le changement viendra de nous, Ne comptons pas sur les gouvernements qui sont à la botte des industriels.
    La fin de cette société est en marche, même si cela prendra du temps (bcp?. C’est par notre comportement engagé et non soumis que d’autres nous suivront.

  2. Ce sujet m’agace profondément depuis bien longtemps. Et les changements ne passent inaperçus qu’auprès des consommateurs gloutons ou sans palais. Parce que sincèrement « l’évolution » des chocolats devenant des plaquettes de beurre dans le meilleur des cas, les yaourts toujours plus enrichis, écœurent et saturent les papilles.

    Peut être ai-je un palais « sur développé » ..? Mais je ne le crois pas. Juste attentive et curieuse. Peut-être aussi mon répertoire alimentaire est-il plus étendus. Par exemple, il y a 10 ans, j’ai constaté le changement de nourriture qu’ont connus les ruminants laitiers grâce à mon sens gustatif.

    En effet, le goût de l’ensilage dans le lait, les yaourts et fromages est désormais très présent en arrière bouche. Mais bien sur pour le sentir encore faut-il prendre le temps de garder la bouche vide un moment. Et accepter de le ressentir.
    Ne serait-ce pas pour l’éviter que certains se resservent systématiquement ?
    Quant aux étiquettes et listes d’ingrédients obligatoires, avez-vous constaté la réduction de taille ? Faut-il se promener avec une loupe désormais pour savoir ce que l’on achète ?

    Ces dernières années, excédée, et n’ayant plus envie de vivre cette impression « d’être prise pour une imbécile », j’ai cessé d’acheter de nombreuses « marques » simplement lorsque que l’emballage annonçait un changement qualitatif soit disant supérieur.
    Que néni…. soit-il sot celui qui y croit désormais!

    L’évitement tranquille, des produits de l’industrie agro-alimentaire m’a permise de revenir à une qualité qui réjouit mes papilles, fait chanter mes repas et pétiller mes cellules. 🙂

    Pas de preuve, mais je dirais que ma santé et donc mon portefeuille s’en portent mieux également … Quel meilleur placement retraite que de revenir à une nourriture et une vie simple.

    Merci pour cet article !
    Je me sentais un peu seule 🙂
    Au plaisir de se nourrir pour vivre !
    Danielle

  3. c’est bien joli tous ces conseils (je partage pleinenemt ces démarches), mais ceux qui les lisent sont déjà convaincus. il faut les faire lire autour de nous à ceux qui remplissent leurs caddy avec des produits cuisinés industriels…. et après ils se plaignent d’être malades, allergiques et bien d’autres choses encore.
    alors militez pour que ces personnes changent pour eux, pour leurs générations futures et pour la planète.

  4. Dans la même logique, cette vidéo, qui tourne pas mal en ce moment sur les réseaux sociaux, explique très bien comment tous ces changements sont possibles : youtube.com/watch?v=NwMVVaygH7U

    … ça fonctionne parce qu’on le veut bien, et plus nous en aurons conscience, plus faible sera la force de ces méthodes.

  5. Quelque part un jour j’ai lu que la télé n’avait que pour seul but d’apporter la pub chez vous. J’ai vécu quelques années sans télé; c’est fou ce qu’on a comme temps en plus ! Je sais ce sont des choix ! Ensuite faire ses courses cela prends du temps, et de plus en plus j’achète en vrac et pour le reste je jette tout les emballages que je peux au moment de charger la voiture. Cela veut dire avoir quelques sacs de course dans le coffre, mais au moins ma poubelle ne déborde pas. Je cuisine aussi ( j’ai le temps, je regarde pas la télé…) et la aussi, quand je goute de l’industriel, bof, de l’air, du vent et des scandales à répétition. Il suffit d’un peu de volonté de tout le monde et le changement arrivera. Pour terminer en achetant directement chez les producteurs, cela aussi va faire bouger, courage allons y continuons !

  6. ha! oui l’école de la République et maintenant les émissions a la télè comme bourrage de crane et autre lavage de cerveau nos trés chers gouvernements rivalisent de crapulerie a travers les siècles et des siècles AMEN !!!!!

  7. Ces pratiques ont lieues surtout sur les produits de grandes marques qui passent leur temps à nous truander.
    Ce genre de pratiques a lieu moins souvent avec les produits de marques distributeurs et les premiers qui changent rarement leurs recettes et ont des prix plus stables que les grandes marques.
    Et même si on se rend compte de cette pratique en rayon, le supermarché ne nous donne pas le choix d’acheter un produit équivalent:
    astuce-conso.over-blog.com/2014/08/ces-supermarches-qui-ne-nous-donnent-pas-le-choix.html

  8. mes enfants ont 30 ans,j’m toujours les dessins animés et sur la chaine Disney je suis étonnée de voir tant de pub en direction des enfants qui restent souvent seuls et s’imbibent.on les déforme pour un avenir de consommateur hystérique.Bien sur il ya qq parents qui ont plus de temps et mettent de belles vidéo ,discutent des spots et aiguisent l’esprit critique de leur progéniture , ce ne sont pas ces enfants là qui m’inquiètent.

  9. Votre démonstration est tout à fait édifiante , mais vrai .J’en veux pour preuve « l’indétronable » NUTELLA qui ne correspond plus vraiment à la mémoire du goût que mon cerveau avait mémorisé il y a 40 ans , alors vue de l’esprit ou réalité?
    Et que dire de la diminution de taille des éponges ménagères et de la longueur des rouleaux de papier WC , etc,etc….

  10. c connu faut acheter en connaissances de causes

  11. Ces manipulations scandaleuses n’existent ce que parce que chaque consommateur permet à cette industrie de mentir sans être sanctionnée. Boycottons ces produits et revenons à des pratiques seines, simples, et responsables. Consommons local. Consommons vrac. Faisons la cuisine… Et en prime diminuons nos dépenses, diminuons les déchets, et diminuons le temps passé à gober les campagnes marketing à la Tv. Une autre vie est possible.

  12. Au niveau dégradation des produits, ce sont les ravioli Buitoni qui me viennent à l’esprit; je suis resté quelques années sans en manger, et quand j’en ai mangé récemment, je me suis demandé ce qu’on avait mis comme viande à l’intérieur. Alors, j’ai repensé à ces méthodes pour racler les os et je me suis dit que ce devait être ces sous-produit qu’on avait mis dedans. Depuis lors, je n’en achète plus.

  13. Passionnant
    bravo

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