Gratuité des transports : une bonne ou une mauvaise idée ?

Certaines villes de France ont choisi de rendre les transports en commun gratuits dans leur commune. Mais est-ce une bonne idée ? La gratuité dans les transports est-elle applicable à toutes les villes de France ?

Rédigé par Marine Tertrais, le 10 Sep 2017, à 10 h 40 min
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Une trentaine de villes en France ont choisi de généraliser la gratuité dans les transports. C’est le cas à Compiègne, Châteauroux ou encore Aubagne. La communauté urbaine de Dunkerque, qui compte pas moins de 200.000 habitants, appliquera également cette gratuité en 2018. Mais qu’est-ce qui poussent les maires à renoncer à cette source de revenus ?

La gratuité des transports : un dispositif applicable dans toutes les villes ?

Certaines communes y trouvent leur compte. « C’est parti d’un constat : les transports collectifs ne sont pas pleins et les recettes de billetterie ne représentent que 10 % du coût du réseau« , a par exemple expliqué le maire de Niort, Jérôme Baloge, à nos confrères de Libération. La part restante était supportée par les entreprises de la ville, via une taxe calculée en fonction de la masse salariale. En instaurant la gratuité, le maire n’envisage pas d’augmenter cette taxe mais les entreprises y trouvent aussi leur compte, car elles n’ont plus à payer la moitié du coût des transports de leurs salariés. La mairie s’engagera à trouver les 4,5 millions d’euros restants.

Mais que se passe-t-il quand les billetteries des transports en commun apportent une véritable manne financière aux communes ? Dans ces cas-là, le dispositif est plus difficile à mettre en place. « Cela se justifie, comme dans une vingtaine d’agglomérations en France, telles que Chateauroux, qui ont de petits réseaux« , explique Yves Crozet, spécialiste de l’économie des transports à nos confrères de La Tribune.

« Mais quand il y a de gros investissements à faire (du type tramway), la recette commerciale est indispensable. Sinon il n’est pas possible de développer son réseau. Rendre les transports gratuits à Paris, reviendrait ainsi à trouver plusieurs milliards par an, qui seraient payés par les impôts« . En Île-de-France, les billets et abonnements représentent en effet 50 % du financement du réseau de transports.

Les raisons d’une telle décision

On comprend bien qu’une telle mesure a pour objectif de donner plus de pouvoir d’achat aux habitants de ces agglomérations. Mais est-ce l’unique raison ? Les maires y voient de nombreux avantages : un respect de l’environnement, un centre-ville moins encombré par les voitures, mais aussi une baisse des incivilités.

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Bus à Strasbourg- © HadrianShutterstock

On pourrait croire en effet que le service des transports finirait par se dégrader avec la gratuité. « Ce qui est gratuit n’a pas de valeur » pour certains, comme le souligne la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) et l’Union des transports publics (UTP) dans un rapport. Pourtant il semblerait, au contraire, que la gratuité ait entraîné une baisse réelle des incivilités. La mixité sociale qu’elle a permise aurait eu un impact très positif sur le comportement des usagers.

Les arguments des opposants

Mais tous ne l’entendent pas de cette oreille. Certes, la gratuité permet aux personnes isolées et modestes de se rendre plus facilement chez des amis ou chez le médecin, mais cette gratuité ne va-t-elle pas nuire à la qualité du réseau ? Les communes investiront-elles dans des projets qui ne leur rapporteront pas un euro ? « La gratuité des transports publics limite la progression de l’offre du point de vue qualitatif et quantitatif » expliquait l’UTP en 2014. « Elle n’est pas une demande des utilisateurs. En outre, une fois mise en place, il est extrêmement difficile de revenir sur cette mesure« .

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Tram à Bordeaux © Fabien Monteil

Mais comment faire alors pour concilier les avantages qu’apportent la gratuité et permettre à la commune de tirer profit de ses transports afin d’assurer un service de qualité ? Selon l’UTP et la Fnaut, il faudrait mettre en place un système qui permette à chaque usager de payer en fonction de ses moyens, selon son quotient familial par exemple. Cette tarification sociale ou solidaire a déjà été installée dans des villes comme Strasbourg. Elle permet à la commune d’améliorer l’offre sans pénaliser les plus modestes.

Illustration bannière : Dans les transports en commun – © Little Perfect Stock
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Journaliste web depuis 2010

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