Quand la conso collaborative restaure le lien social

Rédigé par Jean-Marie, le 13 Dec 2012, à 16 h 58 min
Quand la conso collaborative restaure le lien social
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Etre contributeur, plutôt que simple consommateur

Ce qui est intéressant à l’ère où les rapports marchands et les réseaux sociaux multiplient les contacts entre les gens tout en affadissant le lien social, c’est le statut de la transaction dans le mécanisme du don et du contre-don de la consommation collaborative. Sans faire de grande digression philosophique, ce qui est frappant c’est le plaisir pur que prennent les gens à simplement échanger, qui rappelle l’antique potlatch étudié par l’antropologue Marcel Mauss.

Avec tous ces sites, on est un consommateur actif qui propose ou qui accepte une proposition d’un autre. Cet acte d’accepter la proposition d’autrui, crée en soi du lien social grâce à l’évacuation fréquente des repères monétaires habituels. Christian Fauré, un technophilosophe décrypte en expliquant que ce type de consommation collaborative s’inscrit dans une économie dans laquelle nous ne sommes plus consommateurs passifs mais contributeurs actifs. On est dans une relation dans le cadre d’un échange qui est bien plus que commercial car en soi il crée une plus-value sociale.

Réparer, « upcycler » pour mettre fin à l’absurde gaspillage

Voici une autre rubrique où le contact avec les autres a un effet totalement vertueux : celui du recyclage et de la réparation de biens qui pourraient, sinon, finir aux déchets.

Mince ! mon grille-pains ne fonctionne plus. Ma machine à laver toussote ? Je ne vais quand même pas le jeter !

Pour cela, je vais sur commentreparer.com, lesecomatismes.com, (ou fixerscollective.org si je suis aux Etats-Unis, le café des réparations, si je suis aux Pays-Bas) et je déguste le sentiment de faire de bonnes affaires tout en économisant des ressources pour la planète ; bref je fais ma petite part de la lutte contre l’obsolescence programmée. Et en la matière, il faut voir que les sites de recyclage d’objets usagés transformés et remis dans le circuit, se multiplient.

Jeremy Edwards a une manière  bien à lui de transformer les vieux meubles destinés à la poubelle en objets d’art ! Il sillonne les rues à la recherche de ces matières premières sorties des caves et des greniers ; puis il démonte, remonte et assemble ces matériaux pour en faire des objets de déco très design !

Si vous voulez achetez de la déco ailleurs que chez Ikéa, vous aurez le choix : ainsi par exemple, le site Wiithaa.com,  qui valorise des vieux meubles ou des déchets d’entreprise avec des designers pour créer de nouvelles opportunités de revenus. Avec l’upcycling, rien ne se perd, tout se transforme et tous, particuliers, collectivités ou entreprises, peuvent donner une nouvelle vie aux lieux, matériaux et objets. Une pratique qui se répand puisque 1/3 des Français admet avoir déjà récupéré des objets dans la rue.

Les ateliers d’initiative populaire partagent la créativité

Mais certains vont plus loin que moi et participent à de vrais groupes de bidouilleurs-bricoleurs, ces hacker-spaces ou fablabs,  ces ateliers qui fabriquent des idées, qui ont fleuri un peu partout sur la planète après avoir éclos aux Etats-Unis. Dans une société où tout est fabriqué en série et à grande échelle, les fab labs se présentent comme une alternative à la standardisation. Ces FABrication LABoratories (ou laboratoires de fabrication) sont des ateliers mettant à disposition de qui le souhaite (architectes, designers, entrepreneurs de tout bord ou simples curieux) des machines capables de fabriquer toute sorte de biens. L’intérêt va bien au-delà de la fabrication en elle-même : l’atelier devient lieu d’échange et de partage des connaissances.

Je cherche un atelier près de chez moi sur fablab.fr. Près de Paris, à Nanterre, un fablab spécialisé en électronique et mécanique réunit des passionnés de voiture électrique. Je vais sans doute y faire un tour car, comme l’explique son site electrolab.fr :  Il n’y a aucun pré-requis pour venir à l’électrolab… Il suffit d’avoir envie d’apprendre / de comprendre / d’expérimenter pour être le/la bienvenu(e) ! Quelque soit votre background, quelque soit votre niveau technique ». Valentin  explique la philosophie des fablabs : « Le recyclage est un cache-misère. Nous pouvons faire mieux : réparer, récupérer, améliorer ! » Yannick de renchérir . « Nous sommes un laboratoire d’initiative populaire ».

Il n’y a pas que les produits qui se fabriquent à plusieurs ; les idées aussi

Quirky.com est un site collaboratif américain qui propose à tout un chacun d’inventer des nouveaux produits. : « Rendre l’invention accessible à tous » reflète son ambition de faire de vous et moi un inventeur grâce au levier communautaire. Chaque internaute  peut déposer une idée (avec 10 $de frais d’enregistrement). Tous les jeudis, la « communauté Quirky », soit 300.000 personnes, retient 50 idées parmi les 3.000 proposées chaque semaine. En moyenne, deux produits sont lancés chaque semaine et mis en production 100 jours après avoir été déposé sur le site. Les inventions sont mises en vente dans les 20.000 points de vente partenaires de Quirky aux Etats-Unis (dont Amazon, les supermarchés Target, le distributeur Bed Bath & Beyond », …). Les bénéfices sont partagés :  40 % pour Quirky, 30 % pour l’inventeur, 10 % pour les autres participants. Si vous avez trouvé le nom du produit, cela vous rapporte 1 %..

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. Tout cela pose quand même la question du travail au noir !
    On se donne « des coups de mains » qui échappent aux cotisations chômage, retraite, etc… attention aux dérives !

  2. Bonjour,
    Ce sont des principes que je retrouve en amap.
    Association où tout le monde participe à son niveau, et où on apprend aux autre et par les autres les valeurs humaines.
    Nous avons fédéré 26 amaps dans notre vallée de l’ Isère et producteurs comme consom’acteurs s’y retrouvent chaque semaine avec plaisir pour échanger recettes, proposer services, et découvrir un autre milieu.
    Nous venons tous de parents ou d’arrières parents qui vivaient en symbiose avec la nature. Depuis que j’ y ai adhéré je déteste les supermarchés, et autres centres commerciaux.
    Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se retrouve.

    • Jean-Marie

      Bravo !!

      est-ce que vos 26 amap se retrouvent bien dans l’annuaire des amap ? https://www.consoglobe.com/guide/amap/

      chaque amap peut avoir une fiche de présentation complète et la réactualiser aussi souvent qu’elle veut pour présenter ses horaires, fournisseurs, paniers, … c’est gratuit bien sûr 🙂

  3. J’aime ce concept de nouveaux partage.La Consommation collaborative est un nouveau principe qui permet il est vrai un contact beaucoup plus humain. Le web permet une évasion et un entretien beaucoup plus vaste, espérons que cela continue dans ce sens. 🙂

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