Soyez fiers d’être créatifs culturels : Ariane Vitalis nous explique pourquoi

Saviez-vous, lecteurs de consoGlobe.com, que vous faisiez partie de cette tranche de la population que certains nomment les ‘créatifs culturels’ ? 16 ans après la publication du livre de référence aux États-Unis les concernant, une jeune Française publie une enquête personnelle, convaincue qu’hier comme aujourd’hui, les créatifs culturels changent le monde. Nous aimerions la croire.

Rédigé par Stephen Boucher, le 2 Jun 2016, à 18 h 00 min
Soyez fiers d’être créatifs culturels : Ariane Vitalis nous explique pourquoi
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Ils sont très attentifs à la protection de l’environnement, à l’alimentation biologique, aux médecines douces, à la consommation éthique et responsable. Ils sont ouverts aux valeurs féminines, à l’écoute, à l’empathie, questionnent aussi la place des femmes dans la société.

Ils sont à la recherche de formes de spiritualité, de développement de soi et d’introspection. Ils veulent agir en société, et mettre en place des initiatives solidaires, participatives et citoyennes.

Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ? C’est certainement que, vous aussi, faites partie de ces « créatifs culturels » mis en valeur par le livre de Paul Ray et Sherry Anderson parus aux États-Unis en 2000, et en 2001 en France sous le titre L’émergence des Créatifs Culturels, enquête sur les acteurs d’un changement de société(3).

Au fil de la vidéo suivante, écoutons l’économiste Vincent Commene nous en dire plus sur les créatifs culturels dans la société actuelle.

À 23 ans, Ariane Vitalis veut renouveler le succès des Créatifs Culturels : mythe ou mouvement de fond ?

Aujourd’hui, Ariane Vitalis, jeune auteure de 23 ans, a l’ambition de remettre le thème sur le métier, afin d’explorer et de rendre compte où en est cette communauté des créatifs culturels qui n’en est pas vraiment une, puisque discrète et non structurée. Car, « dans ce ‘nouveau monde’ en émergence, fleurissant timidement – mais fermement ! – aux quatre coins du globe », veut-elle croire, « il y a là une réponse adéquate aux crises de la modernité. »

Pour elle, les choses ne se sont pas particulièrement améliorées depuis 2000. Aux utopies initiales, rappelle Ariane Vitalis, se sont ajoutés le sentiment d’urgence, et l’idée que chacun doit « faire sa part », selon les préceptes avancés par Pierre Rabhi, « sans attendre les actions des gouvernements pour panser les maux du monde ».

Or, les créatifs culturels sont porteurs d’espoir. « Parce qu’on peut être écolo et moderne en même temps, ou juste écolo, mais ce ne sont pas des Créatifs Culturels. Créatif Culturel, c’est encore autre chose, il y a cette dimension spirituelle » selon Satyavir, « chercheur indépendant en philosophie et sociologie », que cite Ariane Vitalis.

Créatifs culturels : une masse critique majoritaire ?

Synthèse claire d’ouvrages récents sur le thème et s’appuyant sur des entretiens réalisés auprès d’une trentaine d’individus de son entourage, l’ouvrage se veut un hymne à l’espoir porté par une classe largement invisible : « Il manque aux Créatifs Culturels une conscience d’eux-mêmes, un sentiment d’identité collective », selon Ariane Vitalis.

« Les Créatifs Culturels, au bout du compte, seraient-ils en phase de devenir une masse critique majoritaire ? », telle est la question essentielle que pose Ariane Vitalis dès son introduction. Mais à cette interrogation centrale, pas de conclusion claire.

Représentent-ils vraiment « plus de 17 % de la population française », comme elle le reprend en introduction et en présentation du livre ? Mais selon quelle source et suivant quelle méthode de calcul ? Et, quand bien même ce chiffre serait avéré, il faut craindre que l’on soit ici bien loin d’une masse critique. D’autant que, comme le souligne l’auteure, les créatifs culturels auraient pour caractéristique de s’ignorer et de ne pas être organisés. L’expression même de « créatifs culturels » est très peu connue du grand public, un peu aux États-Unis et en Belgique, beaucoup moins en France, rappelle-t-elle.

Citant Pascale Hébel, directrice du département Consommation du Crédoc, Ariane Vitalis note encore « l’augmentation des votes envers les partis écologistes (« la coalition Europe Écologie représentait 16,3 % des votes aux élections européennes de 2009 ») ; ainsi que la multiplication de mouvements décroissants ou altermondialistes tels que ATTAC, les Indignés, Occupy Wall Street, Mouvement pour une Transition Citoyenne, Colibris, etc. » Au-delà de l’effondrement actuel des partis « verts » (les sondages suggèrent plutôt 2 % des voix aujourd’hui, que près de 20 %) contredisant la vision optimiste de l’auteure, ces mouvements citoyens forment-ils vraiment une masse critique ? Ou plutôt l’aspiration de l’auteure à ce qu’ils le deviennent ?

Créatifs, jusqu’au bout de leur manifestations

Leur activisme, rappelle le chapitre sur le militantisme des créatifs culturels, est quant à lui, tout aussi novateur : avec les « Zones à Défendre », les « Zones d’Autonomie Temporaire » (TAZ, de leur acronyme anglais), ou encore l’« hacktivisme », ainsi que toutes formes de débat enrichies, comme l’intérêt médiatique pour les militants de #NuitDebout l’a montré récemment, « la simple manifestation se transforme en zone d’occupation créative, à l’instar des Diggers ou des étudiants de Berkeley des sixties qui plantaient des fleurs et des légumes dans les parcs pour exprimer leur voix », raconte Ariane Vitalis.

créatifs culturels Ariane Vitalis

Créatifs culturels, ne prenons pas nos désirs de mouvement social pour des réalités © arindambanerjee Shutterstock

Néanmoins, l’ouvrage mérite amplement d’être lu, car présentant un miroir détaillé et valorisant de ces consom’acteurs et autres citoyens conscients : ceux, nous voulons croire, qui lisent consoGlobe.com ou regardent le film Demain, avides de solutions positives.

Sans pour autant prouver, pour l’instant, le changement de paradigme qu’Ariane Vitalis appelle de ses voeux, nous, à consoGlobe.com, croyons comme elle, en un avenir meilleur dont chacun d’entre nous porte les germes d’espoir. Veillons toutefois à ce que la vision à long terme et la progression dans nos cercles immédiats ne masquent pas l’ampleur de la tâche à accomplir. Un million de personnes ayant vu – et, on présume, apprécié – le documentaire Demain ne font pas une révolution, pas plus que deux millions de lecteurs mensuels de consoGlobe.com !

Illustration bannière : Créatifs culturels : une communauté qui s’ignore encore – © lipik Shutterstock
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. tant mieux si il y a qu’ils le font je n’aurais pas besoin de le faire Bonne continuation et merci pur tous

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