Les grandes figures de la transition écologique : Wangari Maathai

Dans la famille des grandes figures de la transition écologique, on vous présente Wangari Maathai, une Kényane surnommée la femme qui plantait des arbres.

Rédigé par Pauline Petit, le 1 May 2022, à 11 h 32 min
Les grandes figures de la transition écologique : Wangari Maathai
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Vous connaissez Wangari Maathai ? Cette Kényane au parcours exemplaire est l’une des plus grandes femmes engagées dans l’écologie, et principalement dans le reboisement de son continent.

Wangari Maathai, la femme qui plantait des arbres

Wangari Maathai est née en 1940, dans un Kenya encore colonisé par la Grande-Bretagne. C’est l’aînée d’une famille de six enfants et semble alors prédestinée à s’occuper du foyer et de ses frères et soeurs.

Pourtant, alors que très peu de filles ont accès à l’éducation, elle rentre à l’école en 1948. Elle obtient son baccalauréat, puis une bourse d’études dans une université américaine. Elle devient biologiste et vétérinaire en rentrant à Nairobi en 1970 ; c’est la première femme d’Afrique de l’Est à obtenir un doctorat et la première femme noire professeure d’université !

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Wangari Maathai, une femme engagée pour l’écologie © Joseph Sohm / Shutterstock

En 1977, elle crée le Green Belt Movement (Mouvement pour la Ceinture Verte), et incite des milliers de Kényanes à planter des arbres dans l’ensemble du pays. Son raisonnement est simple : ce sont les femmes qui doivent s’occuper du repas et trouver du bois pour le feu. Si les arbres sont gérés durablement, le bois reste plus proche des villages et la tâche est alors moins difficile pour les femmes. Pour elle, « une personne pauvre abattra forcément le dernier arbre pour préparer son dernier repas. Mais plus vous dégradez l’environnement, plus vous vous enfoncez dans la pauvreté. »

Son mouvement est ainsi à l’origine de la plantation de 30 millions d’arbres au Kenya. Les femmes sont rémunérées pour la plantation d’arbres, en fonction de ceux qui survivent au bout de quelques années. Cette action permet de rémunérer 900.000 Kényanes, principalement issues des milieux ruraux et populaires ! Au départ elles plantent des arbres à croissance rapide, comme les eucalyptus, mais se rabattent rapidement vers des espèces locales. L’ONU a repris son initiative au niveau mondial, ce qui a permis de planter 11 milliards d’arbres.

Wangari Maathai, une femme engagée

Dans les années 1990, elle devient de plus en plus célèbre dans son pays, ce qui l’amène à s’engager en politique. En effet, le président au pouvoir, Daniel arap Moi, clientéliste, distribue les terres de l’État à ses amis, dont des forêts. Elle s’oppose à la construction d’un nouveau palais présidentiel qui aurait rasé de précieux arbres de la capitale. Elle devient secrétaire d’État à l’Environnement en 2002 et fonde le parti Vert kényan en 2003. En 2004, c’est la première femme africaine à obtenir le Prix Nobel de la Paix.

wangari maathai ecologie

Wangari Maathai est la prmeière femme africaine prix Nobel © spatuletail / shutterstock

Sa vie mouvementée l’amène à être qualifiée d’« incontrôlable » par certains médias(1). Son mari engage une procédure de divorce, estimant qu’elle avait « un caractère trop fort pour une femme ». C’est elle qui perd son procès, traite le juge d’incompétent, ce qui lui vaut d’être brièvement incarcérée. Ses prises de position sur le SIDA, l’excision ou certaines décisions populistes en faveur de son ethnie, les Kikuyus, causent la polémique.

Wangari Maathai est pourtant une figure pionnière de la transition écologique pour plusieurs raisons : au-delà de son parcours personnel, c’est l’une des premières à avoir pensé à la fois la défense de l’environnement, des femmes et des classes sociales les plus pauvres. À son décès, Ban-Ki Moon, à l’époque premier secrétaire de l’ONU, salue « une pionnière dans l’articulation du lien entre droits de l’homme, pauvreté, protection de l’environnement et sécurité »

Elle meurt des suites d’un cancer à l’âge de 71 ans le 25 septembre 2011. Son cercueil est fait de bambou et de fibres de jacinthe, afin de respecter ses dernières volontés de ne pas couper d’arbre pour son cercueil.  Elle laisse un héritage riche, de nombreux Kényans et Kényanes qui s’inspirent de son action et des millions d’arbres plantés !

Illustration bannière : Wangari Maathai – © 360b / Shutterstock

 

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1 commentaire Donnez votre avis
  1. Une femme formidable, et pourtant, qui la connait puisqu’on n’en parle pas ?
    J’ai lu son livre « La femme qui plantait des arbres » dans lequel elle raconte son parcours, ses engagements et ses combats qui lui ont valu pas mal de problèmes d’autant plus qu’elle était …une femme !!!
    A lire absolument !

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