Toujours trop de traces de pesticides dans l’eau du robinet

Parmi les dix molécules que l’on retrouve le plus aujourd’hui dans l’eau du robinet, sept sont en fait interdites depuis les années 2000.

Rédigé par Paul Malo, le 18 Jun 2020, à 10 h 04 min
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On retrouvait encore en 2019 des pesticides perturbateurs endocriniens, cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques dans l’eau du robinet de l’Hexagone.

Des disparités d’un département à l’autre

L’association Générations futures a étudié en détail les analyses effectuées par les Agences régionales de santé (ARS), qui contrôlent la qualité de l’eau du robinet. Son but : savoir quelle était la proportion des résidus de pesticides quantifiés lors de ces analyses d’eau du robinet ayant des propriétés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR) ou perturbatrices endocriniennes (PE). Un travail qui « a permis de constater de grandes disparités sur la façon dont les analyses sont conduites d’un département à l’autre ».


Ainsi, dans l’Aisne, il a été analysé en moyenne une dizaine de pesticides par prélèvement les ciblant, alors que dans les Bouches-du-Rhône, ce sont plus de 550 pesticides différents qui ont été recherchés dans chaque prélèvement ciblant les pesticides. « Cette différence de traitement entre les départements nous paraît inacceptable, car moins on recherche de pesticides moins on en trouve, bien évidemment », estime l’association.

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Sept molécules interdites depuis les années 2000

En matière de pesticides, la norme veut que l’on ne dépasse pas 0,1 microgramme par litre et par molécule et 0,5 microgramme toute substance confondue. Selon l’État, en 2018, « 90,6 % de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité réglementaires pour les pesticides ».
Pourtant, sur 273.500 prélèvements au total, Générations futures signale 8.835 analyses « ayant révélé la présence d’au moins un résidu de pesticide au-delà des limites de quantifications ». Il en ressort « 15.990 quantifications individuelles de pesticides », alerte Générations Futures. Les résidus de pesticides retrouvés au robinet sont
majoritairement des perturbateurs endocriniens suspectés : 56.8 % des quantifications de résidus de pesticides (et 49,2 % des molécules). Les CMR sont aussi très présents : 38,5 % des quantifications de résidus de pesticides (et 25.4 % des molécules).

Par ailleurs, parmi les dix molécules les plus quantifiées, sept sont interdites depuis les années 2000. Des résultats qui prouvent que nous payons durant de longues années les erreurs du passé. « Étant donné le potentiel d’action à faible dose sur le long terme des perturbateurs endocriniens, Générations Futures considère ces données comme inquiétantes, car elles attestent d’une exposition continue à des faibles doses de ces perturbateurs endocriniens par l’eau de consommation, estime François Veillerette président de l’association. Nous interpellons donc le gouvernement afin qu’une politique efficace de suppression rapides des plus nocifs et de réduction de l’usage des pesticides soit enfin appliquée après les échecs des premiers plans Ecophyto. Elle est d’autant plus indispensable que la Commission européenne vient à son tour d’appeler à une réduction de 50 % de l’usage et des risques liés aux pesticides ».

Illustration bannière :La présence de molécules interdites dans l’eau du robinet est préoccupante © Mark Halding
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