Néonicotinoïdes : la plupart des miels serait contaminés par des pesticides persistants

Selon une étude, les trois quarts des miels provenant des quatre coins du monde seraient contaminés par des néonicotinoïdes. Et ces résidus peuvent persister jusqu’à 40 mois !

Rédigé par Séverine Bascot, le 20 Feb 2019, à 8 h 25 min
Néonicotinoïdes : la plupart des miels serait contaminés par des pesticides persistants
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Publiée en octobre 2017, une analyse chimique réalisée sur près de 200 échantillons de miels issus d’Europe, d’Asie et des Amériques montrait que les trois quarts contiennent des résidus d’au moins un pesticide, 45 % des échantillons contenant des résidus de deux voire trois pesticides différents. Aujourd’hui, les chercheurs de l’Université de Neuchâtel auteurs de cette première étude s’inquiètent de la longue stabilité de ces molécules qui pourraient être nocives à la santé des abeilles et des humains.

La concentration de pesticides dans le miel dépasserait parfois les niveaux autorisés

En octobre 2017, la révélation « alarmante » selon leurs propres mots, qu’ont fait Edward Mitchell, de l’Université de Neuchâtel (Suisse), et ses collègues a fait grand bruit : la majorité des miels à travers le monde seraient contaminés par des pesticides(1).

miel contaminé

Du miel aux pesticides © Ryzhkov Photography

C’était le cas de 57 % des miels analysés provenant d’Amérique du Sud, 79 % des miels d’Europe, 80 % des miels asiatiques et 86 % des miels nord-américains.

Dans l’immense majorité des cas, il s’agit de faibles concentrations,  la consommation de ces miels serait ainsi sans danger pour l’homme.

Pour rappel : Les taux maximaux autorisés pour la consommation humaine sont de l’ordre de 50’000 pg/g, alors que la santé des abeilles est affectée à partir de 100 pg/g.

Mais selon Edward Mitchell, dans certains pays comme la Pologne et l’Allemagne, la concentration de néonicotinoïdes dans les miels dépasserait les niveaux autorisés. Dans les miels japonais, la concentration de ces substances approcherait dangereusement de la moitié du niveau maximal autorisé.

Les pesticides sont devenus omniprésents, les abeilles sont en danger

Si les humains ont peu de risques de percevoir les effets de ces pesticides directement, ces derniers ont en revanche un effet dévastateur sur les abeilles. Une fois contaminées, les abeilles commencent à souffrir de troubles de mémoire, ainsi elles ne sont plus capables de retrouver leur ruche et meurent. D’autres souffrent d’une baisse de l’immunité, d’une vulnérabilité accrue à certains pathogènes ou encore de troubles de reproduction. Les scientifiques ont également enregistré des cas de mort subite.

miel contaminé

Abeilles mortes © ZhdanHenn

La présence de néonicotinoïdes (mais aussi d’autres pesticides) a atteint aujourd’hui des niveaux alarmants. Une fois épandus sur les sols, les pesticides y demeurent durant plusieurs années. Et comme les plantes puisent les ressources du sol pour s’alimenter, les pesticides pénètrent dans l’ensemble de la plante, y compris sur ses fleurs et ses feuilles, rendant le contact des abeilles avec les pesticides inévitable. Des substances chimiques sont également transportées par les eaux, un facteur qui amplifie la contamination des terres environnantes.

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Certains néonicotinoïdes persistent jusqu’à 40 mois dans le miel

Aujourd’hui, c’est la longue stabilité de ces molécules qui inquiète les chercheurs et le personnel du Jardin botanique de la Ville de Neuchâtel, qui ont eux-aussi participé à ce travail(2). « Si ces substances sont rapportées à la ruche avec le nectar, cela signifie que l’ensemble de la colonie (y compris la reine) est exposée durant toute une vie à des neurotoxiques », explique Blaise Mulhauser, directeur du Jardin botanique.

Des pesticides non autorisés

Pour cette étude, les chercheurs ont également voulu tester la présence de 4 autres molécules qu’ils n’avaient pas prises en compte en 2017 : dinotéfurane, nitenpyrame, sulfoxaflor et flupyradifurone ont été retrouvés dans 36 échantillons analysés. Si ce ne sont pas des substances nouvelles, Gaétan Glauser, responsable du NPAC (Plateforme neuchâteloise de chimie analytique) et auteur principal de l’étude prévient : « Elles sont juste moins utilisées et donc moins souvent mesurées, mais pour avoir une vision globale, nous avons voulu les inclure. Le dinotéfurane n’est pas autorisé en Suisse, mais il est utilisé aux États-Unis et au Japon. Le nitenpyrame est peu utilisé en agriculture, plutôt en usage vétérinaire ».

miel contaminé

L’épandage de pesticides dans les champs contamine le miel © kosolovskyy

Quant aux deux autres, « les premières études scientifiques ont démontré que ces molécules ont les mêmes effets que les autres néonicotinoïdes et partagent un mode d’action similaire ciblant les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine dans le système nerveux », explique Gaétan Glauser.

Pour les scientifiques, en terme de santé humaine, le principe de précaution devrait être appliqué également pour sulfoxaflor et flupyradifurone, que  l’on peut considérer comme des néonicotinoïdes.

Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Ruche et miel – © ch_ch
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3 commentaires Donnez votre avis
  1. Gloire à Jeanine !!!!!

  2. Merci qui? merci MONSANTO et BAYER, et l’Union Européenne qui veut reconduire les produits insecticides et autres engrais, pesticides pour pouvoir tuer encore plus de monde, et surtout éliminer les abeilles qui font trop bien leur boulot… Voilà où nous en sommes dans ce monde pourri ou seul compte l’appât du gain, et tout un tas de choses, qu’avec la liberté d’expression perdue, nous n’avons plus le droit de dire les vérités. J’ai mal pour mes enfants et petits enfants, car dans un monde pareil, il n’y aura plus de place pour l’être humain!

    • tout à fait d’accord avec Jeanine, bien dit !

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