Réforme des retraites : ce que change la suspension annoncée par Lecornu

La suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu bouleverse un équilibre déjà fragile.

Rédigé par , le 15 Oct 2025, à 11 h 10 min
Réforme des retraites : ce que change la suspension annoncée par Lecornu
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Le 14 octobre 2025, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Sébastien Lecornu a officiellement annoncé la suspension de la réforme des retraites adoptée en 2023. En suspendant ses effets jusqu’à la présidentielle de 2027, le chef du gouvernement entend offrir un apaisement politique, au prix d’un coût budgétaire relativement élevé.

Réforme des retraites : une suspension politique assumée mais limitée

L’annonce est tombée lors de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu : « Je proposerai au Parlement que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle. Aucun relèvement de l’âge n’interviendra jusqu’à janvier 2028 », a déclaré le Premier ministre. Autrement dit, le calendrier de montée progressive de l’âge légal est gelé. Concrètement, les assurés ne verront pas l’âge de départ reculer à 63 ans en 2026, comme cela était prévu.

Ce moratoire politique a d’abord une portée parlementaire : il a permis au gouvernement d’éviter une motion de censure immédiate, le Parti socialiste ayant conditionné son abstention à une suspension complète de la réforme, ce qui n’a toutefois pas été acté. L’exécutif gagne ainsi du temps, en misant sur un dialogue social relancé. Une conférence sur les retraites et le travail est annoncée dans les prochains jours, associant partenaires sociaux et patronat, détaille TF1 Info.

Pourtant, cette pause ne signifie pas un retour en arrière complet. Selon la CFDT, la suspension « ne doit pas se transformer en simple décalage technique » ; le syndicat réclame un gel réel de l’âge légal sans nouvelle accélération de la durée de cotisation. Du côté du Medef, le ton est plus critique : l’organisation patronale estime que cette décision « aggravera la dérive des comptes sociaux ».

Conséquences économiques : une facture qui s’alourdit

Suspendre la réforme des retraites, c’est aussi interrompre un calendrier de financement progressif. Selon le Huffington Post, le coût immédiat de la mesure atteindra 400 millions d’euros en 2026 puis 1,8 milliard en 2027, soit plus de 2 milliards avant l’élection présidentielle. Ces montants, relativement modestes à court terme, s’ajoutent toutefois à un déficit prévu de 6,6 milliards d’euros pour les régimes de retraites en 2025.

La Cour des comptes avait déjà mis en garde : figer l’âge légal à 63 ans au lieu de le porter à 64 ans pèserait 13 milliards d’euros à l’horizon 2035, dont 5,8 milliards de dégradation directe du solde des retraites et 7,2 milliards de pertes de recettes publiques, rappelle Cnews.

Le système reste pourtant inchangé pour l’heure : depuis le 1ᵉʳ septembre 2025, l’âge légal de départ est fixé à 62 ans et 9 mois pour les assurés nés en 1963, avec 170 trimestres requis pour une retraite à taux plein. La suspension empêche seulement la prochaine étape de relèvement automatique. En pratique, les bénéficiaires proches du départ pourront continuer à liquider leurs droits plus tôt que prévu.

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